vendredi 11 janvier 2013

Orange Bud - Losses

Orange Bud - Losses (11/2012)
Orange Bud est un jeune groupe français. Encore ?.. Ben oui, et alors ?.. Sauf qu'eux ne viennent pas de la capitale, mais de Rhône-Alpes, du côté de Chambéry, si j'ai bien suivi. Les bases sont posées en 2008 par Thomas (guitares) et Matt (batterie), rejoints dans un deuxième temps par Clémentine au chant et Bastien à la contrebasse. Leur répertoire et leurs influences sont issus du rock et de la soul, à la manière d'un John Butler ou de Ben Harper. Pas la peine de tendre l'oreille avec application ni de la tortiller dans tous les sens pour vérifier: ça s'entend dès les premières mesures.
Orange Bud propose un folk énergique, dynamique, coloré, au groove imparable. Le rythme ralentit de temps en temps, pour installer une ambiance plus douce et plus intime. Mais c'est pour mieux rebondir et repartir sur un rythme explosif et dansant. Techniquement, c'est impressionnant. Thomas ne souffre pas la comparaison face à Butler ou Harper, son jeu de guitare est d'une précision et d'une technique remarquables, à couper le souffle. Ajoutez-y une contrebasse diabolique et une batterie/percussions groovy, et vous avez musicalement du très haut niveau. Un savant dosage dans les morceaux entre les parties chantées et les parties purement instrumentales permet d'apprécier leur grande musicalité. A ce titre, Paperplane et le morceau éponyme Losses en sont de parfaits exemples (les 2 perles de l'album, à mon goût, peut-être pour leur côté "progressif", du moins dans l'approche).

Passons maintenant au chant. Clémentine possède une présence, un charisme incontestables. Loin des chanteuses transparentes, interchangeables et fades (je ne donne pas d'exemple, on va encore dire que je suis méchant!.. mais bon, je fais un effort sur moi-même, là)... euh, je disais quoi, déjà?.. ah oui: donc loin des chanteuses fades, il y a Clémentine... et sa voix. Je vais être honnête: chez moi, c'est là que ça coince. Mettons les choses au point: je chante comme un four micro-ondes, je suis fiché et interdit d'entrée dans tous les karaokes de la région, j'ai donc zéro légitimité pour donner des leçons de chant (et de musique aussi, d'ailleurs.. j'arrive à jouer faux du tambourin, c'est dire). Plus que la voix, c'est la façon de chanter qui me pose problème. Rien à dire sur Black Soul Woman, qui tourne en boucle (avec les 2 autres titres cités plus haut), ni sur On the Coconico Road, d'une tendresse émouvante. J'ai par contre du mal avec Sunny Path, Garden's Delirium ou Emeraldest Land: je trouve le chant limite monocorde, manquant de relief et d'amplitude, et un peu trop "envahissant", dans le sens où il aurait tendance à écraser la musique, ce qui dans le cas présent est bien dommage. Rien de bien méchant, somme toute.

Pour résumer: un bon album, et un groupe qui gagne à être connu. Ses nombreux concerts devraient rapidement lui apporter la renommée qu'il mérite. Des extraits sont en écoute sur le site: http://www.noomiz.com/OrangeBud.


Enfin, dernière question, qu'on peut aussi poser au groupe précédent, In the Canopy: pourquoi, en tant que français, s'évertuer à chanter en anglais ?.. attention, ne cherchez pas la moindre allusion patriotique là-dedans !!!  Reste que le français n'est pas un frein à la reconnaissance internationale: il suffit de voir comment Lazuli est plus populaire à l'étranger qu'en France...



3/5: *****






4 commentaires :

  1. Pour ne répondre qu'à la dernière question, j'ai quand même l'impression que Lazuli est plus une exception que la règle.

    La plupart des groupes que je connais et qui chantent en français, je les trouve souvent douloureux, avec un chant trop théâtral et/ou mal maîtrisé.

    L'anglais "pardonne" peut-être plus facilement? Ou, avec des mots et des formules plus courts, est-il plus facile à "manipuler"?

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    1. On est certainement plus exigeant face à un texte en français, c'est clair. On est beaucoup moins regardant quand c'est en anglais, d'autant plus qu'on ne comprend pas tout...
      Je suis d'accord: l'anglais est plus concis, il permet de dire les mêmes choses qu'en français en moins de mots, donc à écrire des textes de chansons plus compacts et plus faciles à "plaquer" sur de la musique.

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  2. Je me permets d'ajouter un petit mot là dessus. (la langue)
    Le choix de l'anglais n'est pas toujours un choix de facilité, même si effectivement se confronter à la langue française chantée (son passé et ses grands auteurs) n'est pas toujours évident, parfois ce choix peut être également pour la sonorité de la langue.
    Le folk, le rock, la soul, la funk, etc... toutes ses musiques ont pour racines des pays anglophones.
    Au même titre que la musique indienne ne serait peut être pas tout à fait la même si les onomatopées des langues indiennes étaient différentes.
    Je veux dire par là que du rock chanté en français sonne "rock français"... je n'ai aucun problème avec ça mais c'est encore une étiquette supplémentaire dans le monde de la musique qui aime tant mettre des étiquettes...
    Après je trouve que le Hip-Hop ou le Reggae par exemple se prêtent plutôt bien à notre langue sans modifier l'identité musicale, mais pour autant je trouve que cela donne une esthétique très typée aux styles dont je parlais plus haut.

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    1. Merci de ces précisions; effectivement, quand on y réfléchit bien, c'est logique...

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