vendredi 5 février 2016

D'Arsy - Boy Sentimental

D'Arsy - Boy Sentimental (02/2016)
J'ai l'habitude de commencer mes chroniques par une courte présentation du groupe ou de l'artiste concerné, histoire de situer le contexte. Allons-y: D'Arsy, est un ____ fondé en ____ dans la région de _____ (en ____). Après avoir enregistré ___ album(s) studio, il nous délivre ici son petit dernier, "Boy Sentimental", qui sort le 12 février prochain.
Comment ?.. il y a des blancs ?.. Eh bien disons qu'en règle générale, il est assez facile d'obtenir des infos (échange de mails, rapides recherches sur le net...). En général. Pour avoir des infos sur D'Arsy, il faut minimum bosser à la NSA ou avoir un pote détective privé. Donc pour moi, c'est mort. Tout ce que j'ai réussi à savoir, c'est que D'Arsy est le nom d'un projet né il y a 4 ans, derrière lequel se cache (et pas à moitié) Jérôme, et que l'album a été enregistré au fin fond d'une forêt du nord-est parisien. Trois infos, point. On a failli être Fanny, peuchère !..
Respectons ce choix, et concentrons-nous donc sur cet album, "Boy Sentimental", vu qu'on n'a que ça à faire. Et que pour écrire une chronique, ça peut aider.


Le premier titre, "Corcy", nous donne d'entrée 2 pistes: une confirmation sur le lieu d'inspiration / enregistrement de l'album (Corcy est un -tout petit- village au nord-est de Paris), et, plus important, l'univers musical dans lequel on va baigner tout au long des 8 morceaux suivants. Un univers sombre et mélancolique, à la fois intense et intériorisé. Et d'où ressort en permanence cette sensation de nuit. 
Un album noir. 
Pas le noir de la peur ou de la crainte, mais celui de l'absence et de la douleur. Renforcé par une mise en musique minimaliste, dans laquelle les "vrais" instruments sont absents: mis à part le piano, ce sont les boîtes à rythmes qui sont aux commandes. La froideur de l'electro renforce s'il en était besoin ce sentiment d’oppression qui ne nous lâche jamais. Tout au plus, D'Arsy nous laisse-t-il 3 minutes de répit pour reprendre notre souffle sur un très réussi et poignant "Lovely" (en duo avec Morgan Imbeaud) qu'on qualifiera "d'aérien" dans le contexte de l'album, mais qui plomberait l'ambiance de n'importe quel repas de famille !
En dehors de "La Foudre et le Tonnerre" et de "Boy Sentimental" (chanson-titre), le rythme est lent, lourd. La mise en musique et l'orchestration étant réduites, on se focalisera donc sur le chant et les textes. On l'aura facilement deviné: les paroles n'incitent pas à la joie et à la rigolade. "Boy Sentimental, dans nos coeurs toujours la dalle, pierre et sang mélangés. Vie en rose à dose léthale". On danse ?..
Les thèmes privilégiés sont l'amour et l'absence. Les mauvais coucheurs râleront que ce sont toujours les mêmes, rien d'original. Reste qu'il y a la manière de traiter ces deux thèmes, et qu'ici c'est plutôt réussi. Pas d'exagération, tout est fait dans la sincérité et l'émotion. C'est un des critères de qualité de cet album: une certaine poésie se dégage de ces textes précis et soignés.


L'autre critère de qualité est le chant. La voix est grave, posée et maîtrisée, sans jamais verser dans l'excès ou la démesure. Elle est à l'image de la musique: froide, sombre, parfois lancinante. Dès qu'on parle voix sombre et profonde, on pense souvent à Nick Cave ou Jean-Jacques Burnel (Stranglers). Il y a un peu de ça chez D'Arsy, c'est vrai. Mais il y a surtout une similitude avec Philippe Pascal (Marquis de Sade, Marc Seberg) assez troublante. A une époque j'écoutais en boucle "Lumières et Trahisons" (1987), et notamment sur "La Nef des Fous" la correspondance des voix est assez impressionnante... Un moment j'ai cru que c'était Philippe Pascal qui se cachait derrière D'Arsy, pour dire.
Je ne suis pas fan de l'electro-pop: je déteste la musique jouée par ces fichus ordis. Mais dans le cas présent, il suffit de faire abstraction des machines pour apprécier la finesse des mélodies. Les compositions sont solides, cohérentes et bien que le rythme général reste constant et varie peu, on ne s'ennuie pas pour autant. Ceci dit, ce n'est pas un album d'accès facile: la première écoute peut surprendre. L'ambiance lourde et pesante peut en rebuter plus d'un. Il est clair que si vous avez un ami qui traverse une profonde dépression et que des envies de suicide lui taraudent l'esprit, un conseil: abstenez-vous.
Plus sérieusement: qui dit album "intimiste" dit parfois album "narcissique". L'auteur-compositeur se regarde et s'écoute chanter, en fait des tonnes. Pas de ça ici, où se dégage l'impression d'avoir affaire à un artiste authentique et sincère.
Et il y a des tristesses qui sont belles. La preuve.



J-Yves


3/5: *****








D'Arsy: www.facebook.com/DARSYMUSIC

Boy Sentimental
1. Corcy (1:54)
2. 20000 Lieues (4:02)
3. Avant (4:40)
4. La Foudre et le Tonnerre (3:27)
5. Boy Sentimental (3:32)
6. Lovely (3:00)
7. Fut-il (3:00)
8. Pas Là (3:20)
9. Vision (4:16)



Photos: (c) Virginie Garnier










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