Lazuli - Nos Âmes Saoules (01/2016) |
La musique de Lazuli est une mécanique de précision. Toujours sous contrôle, elle ne part jamais en vrille ou dans le décor. Cette rigueur et cette intransigeance se retrouvent dans la périodicité de leurs sorties studio: en règle générale, il faut patienter 2 à 3 ans entre chaque album. On reste dans le timing, le précédent "Tant Que l'Herbe est Grasse" datant d'Avril 2014 (lire chronique).
A partir d'ici, je pourrais la jouer facile: en tant qu'inconditionnel du groupe (mes doigts - et un peu ma mémoire - ne suffisent pas à compter le nombre de fois où je les ai vus en concert) je pourrais écrire une chronique bateau, pleine d'éloges et de superlatifs, et conclure que nous avons dès janvier un des albums qui finira, c'est sûr, dans notre top3 de l'année 2016.
Mouais. Trop facile...
Une caractéristique du groupe est sa constance: aucun faux-pas discographique. Toujours de très haute tenue et de grande qualité, chaque album peut revendiquer la place de n°1. Si j'ai toujours eu une légère préférence pour "En Avant Doute", ça se joue à pas grand-chose... Inversement, on ne note aucun accident industriel, dérapage ou faute de goût. Et ceci en toute objectivité.
Ce 7ème opus, "Nos Âmes Saoules" ne dérogera pas à la règle.
Depuis sa création, Lazuli possède son propre style, reconnaissable entre mille, "quelque part entre rock, chanson, électro et world" comme ils le disent eux-même. Un style qu'ils ont su conserver tout en le faisant évoluer par petites touches successives, au fur et à mesure des albums et du renouvellement du line-up d'origine. On retrouve ici le style "historique", essentiellement sur "Vita Est Circus", "Le Mar du Passé" et dans le final de "Les Sutures": ces grandes envolées au son plein, riche et fourni, avec force percussions et sonorités orientales.
Un style qui se fera néanmoins plus discret qu'auparavant.
En ouverture, "Le Temps est à la Rage", qui s'étale sur près de 7 minutes, illustre bien le sentiment ambiant actuel, cette sensation d'impuissance et de tristesse, mais aussi de colère, face à ce don (et ce plaisir) si particulier que possède l'homme d'emmerder son prochain. "Le Lierre" qui suit confirme ce qui est flagrant depuis "4603 Battements" et qui faisait défaut à ses prédécesseurs: la capacité à retranscrire sur CD l'énergie et la puissance que dégage le groupe sur scène.
Les 2 dernières minutes du morceau nous donnent une furieuse envie d'écouter ça en live, de la même manière que la partie instrumentale de "Chaussures à nos Pieds" (avec un solo de Gédéric à tomber par terre !..) et le morceau-titre "Nos Âmes Saoules".
Ce sont 2 parenthèses mélancoliques qui ouvrent et ferment l'album, mais qu'on ne s'y trompe pas: il y a encore et toujours ces sursauts d'énergie et de violence qu'on adore prendre en pleine figure. Encore et toujours ces compositions millimétrées, affûtées, aux rythmes changeants bien que ne se départissant pas, ou rarement, de ce mid-tempo particulier et spécifique.
Lazuli fait partie de ces groupes qui savent faire l'unanimité en leur faveur parce que leur musique "parle". Elle est intelligente et ne prend pas l'auditeur pour un imbécile.
Le moindre morceau est riche aussi bien musicalement qu'intellectuellement, sans en faire des tonnes dans la démonstration, le tape-à-l’œil ou l'opacité de paroles pseudo-poétiques. Les 5 musiciens sont de ceux qui choisissent de mettre leur formidable technique au profit de l'oeuvre collective, et non l'inverse. Les textes de Dominique ne sont jamais prétentieux, mégalos ou ronflants, mais toujours justes, sensibles et cohérents avec la musique.
Avec ces Âmes Saoules, j'ai déjà pour ma part l'album qui finira dans mon top3 de l'année. Je l'avais dit au début de cette chronique: facile.
J-Yves
5/5: *****
Nos Âmes Saoules
1. Le Temps est à la Rage (7:01)
2. Le Lierre (5:54)
3. Vita Est Circus (5:17)
4. Fanfare Lente (1:02)
5. Chaussures à nos Pieds (5:56)
6. Le Mar du Passé (4:17)
7. Le Labour d'un Surin (1:20)
8. Les Sutures (6:08)
9. Nos Âmes Saoules
10. Un Oeil Jeté par la Fenêtre (2:04)
Lazuli (www.lazuli-music.com)
Dominique Leonetti: chant, guitare
Claude Leonetti: léode
Gédéric Byar: guitare
Romain Thorel: claviers, cor d'harmonie
Vincent Barnavol: batterie, percussions
photos: (c) J-Yves R.
Je ne peux qu'être d'accord avec tout ça :)
RépondreSupprimerJe valide ;)
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