vendredi 25 septembre 2015

Yvan Guillevic and Friends - Pink Floyd Acoustic

Yvan Guillevic & Friends - Pink Floyd Acoustic (10/2015)
Pour situer cette chronique dans son contexte, il faut prendre le temps de préciser 2 ou 3 petites choses qui ont leur importance.
D'abord le but du projet; comme son nom l'indique: reprendre du Pink Floyd.
Comme on dit ici dans le sud: "Méfi !". Méfiance, parce que le Floyd, pour certaines personnes (moi compris), c'est sacré !.. C'est tout en haut de la pyramide. Je pourrais expliquer pourquoi, en long en large et en travers, mais:
1. ça prendrait trop de temps
2. on s'en tape
alors pour la petite poignée que ça peut intéresser, il n'y a qu'à lire ma chronique de l'an dernier, pour la sortie de "The Endless River". Il y a quelques pistes...
Ensuite le groupe: Yvan Guillevic & Friends.
Guitariste breton aux multiples projets, Yvan ne reste jamais très longtemps inactif. Et comme il se trouve que ce qu'il fait est très intéressant, il a fait l'objet de plusieurs chroniques sur ce blog. Côté prog-metal, on a parlé de "We Live, We Die" avec PYG. Plus étonnant est l'EP sorti au printemps dernier, entre jazz et soul: "Eden Soul".
Mais Yvan est aussi aux commandes, depuis 2006, du tribute-band Empty Spaces, du nom d'un morceau de The Wall
A force de se frotter au répertoire du Floyd, l'idée d'en proposer une relecture en version acoustique a fait son chemin, et c'est donc après un long processus que ce "Pink Floyd Acoustic" voit enfin le jour.
Voilà donc le concept: une relecture de quelques titres emblématiques du Floyd en version acoustique (piano, guitare). Autre particularité: le chant est doublé (masculin / féminin).
Accompagné de quelques membres de PYG, Nelly Le Quilliec et Morgan Marlet (chant), et Jean-Noel Rozé (piano), Yvan tente ce pari somme toute audacieux. Audacieux vis-à-vis des inconditionnels du Floyd s'entend...
Parce qu'on a beau ne pas se considérer comme un intégriste, crier haut et fort qu'on a l'esprit large et les oreilles tolérantes (ou l'inverse), il n'empêche qu'on a, involontairement peut-être, cette petite réticence qui signifie "tu t'attaques à du sacré mon gars, fait gaffe !...".
Audacieux donc...
Et réussi.
Oui, réussi, car le fait de jouer en acoustique, sans artifices, permet de mettre en valeur la véritable musicalité et la grande sensibilité des morceaux du Floyd. Guitare et Piano. David Gilmour et Richard Wright. Avant que Roger Waters ne prenne en main la direction artistique du groupe, puis perde les pédales, l'influence de Richard a été énorme, pour ne pas dire essentielle, et pas seulement au niveau du son. Il est à la base de cette sensibilité, et on retrouve sa délicatesse en filigrane tout au long de l'oeuvre du groupe.
Beaucoup ne s'arrêtent qu'à l'instrumentation et à la production. Au "son". Et ne réussissent pas, de la sorte, à faire abstraction de la forme pour se concentrer sur le fond. C'est ainsi qu'ils trouvent The Wall pompeux, lourd et indigeste. Soyons honnête: ils n'ont pas foncièrement tort... La version de "In the Flesh", ôtée de sa brutalité et de son agressivité, est surprenante (dans le bon sens du terme). Celle de "Hey You" met en lumière toute sa finesse et son élégance. Ainsi que sa profonde tristesse. Peut-être la meilleure reprise de l'album, en tout cas pour moi. 
"Money" en mode allégé, avec son côté jazzy, prend une autre dimension, surprenante elle aussi. Alors que le morceau original baigne dans une clarté presque aveuglante, il se retrouve ici éclairé par une douce lumière tamisée et feutrée qui est loin de le dénaturer.
Difficile enfin de ne pas souligner l'excellent "Welcome to the Machine". Quand des tas de gens qui reprennent ce titre s'évertuent à le noyer sous des tonnes d'effets sonores et d'arrangements pesants, il suffit de l'interpréter comme ici en version "bio" pour souligner combien la structure de cette composition est riche et harmonieuse. Non, "Welcome to the Machine" ce n'est pas qu'un amas de sons électroniques empilés les uns sur les autres, à l'image de la version affligeante de Derek Sherinian sur le dernier "An All Star Tribute To Pink Floyd", parfaite illustration de la reprise étouffante et surchargée. Superficielle.
Voilà donc la grande réussite de cet album: mettre en valeur la qualité intrinsèque des compositions de ce groupe légendaire au moyen d'une instrumentation minimaliste, presque réduite à sa plus simple expression, mais réalisée avec une très grande virtuosité. Jean-Noel au piano et Yvan à la guitare acoustique sont techniquement irréprochables. Sur les titres aux longs passages instrumentaux (Money, Shine on You Crazy Diamond) on aurait pu craindre un manque de volume, une baisse d'intensité, mais il n'en est rien. Le chant doublé ou alterné permet lui aussi, à sa manière, de ne pas tomber dans la monotonie. On ne s'ennuie pas une seconde tout au long des 50 minutes d'écoute. Je me suis même surpris à le ré-écouter lorsque la dernière note s'était éteinte !
Cette simplicité dans l'interprétation fait ressortir l'essence même de l'oeuvre du Floyd. Sa substantifique moelle.
Un vrai régal.


J-Yves


4/5: *****







Pink Floyd Acoustic
1. Breathe (4:43)
2. The Great Gig in the Sky (4:48)
3. Money (5:11)
4. Shine on You Crazy Diamond (9:36)
5. Welcome to the Machine (6:17)
6. Wish You Were Here (5:19)
7. In the Flesh (2:58)
8. Hey You (4:04)
9. Confortably Numb (6:58)



Yvan Guillevic & Friends - www.yvan-guillevic.com
Morgan Marlet: Chant
Nelly Le Quilliec: Chant 
Jean-Noel Rozé: Piano, claviers
Yvan Guillevic: Guitare acoustique

Guest:
Bernard Clémence: Basse (2, 6, 9)



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