samedi 19 mars 2016

Amphetamin - A Flood of Strange Sensations

Amphetamin - A Flood of Strange Sensations (02/2016)
"L'amphétamine est une substance sympathomimétique aux effets anorexigènes et psychoanaleptiques. Dans la plupart des pays du monde, l'amphétamine est considérée comme un stupéfiant." (wikipedia).
Stupéfiant, voilà le mot que je cherchais !
Mais commençons par le début: Amphetamin est un projet musical de Post-Prog français (Reims), créé par Sebastian puis renforcé en 2008 par Morgan (basse) et l'homme mystère "?" (batterie). Le trio va d'abord sortir un EP, "Substitute" (2010) puis un album "At the dawn of twilight" (2013).
Pour ce "A Flood of Strange Sensations" sorti le 7 février dernier, Sebastian a tout réalisé de A à Z: écriture des compositions (textes, musique, orchestrations), prise en charge de l'enregistrement, du chant, de l'interprétation (il joue tous les instruments présents sur les morceaux), s'est occupé du mixage, du mastering et enfin a réalisé la pochette !
A ce stade, on se dit que fatalement il doit y avoir un ou plusieurs points faibles: difficile, quand on fait tout, d'être performant dans tous les domaines. Honnêtement, après un nombre important d'écoutes, je n'ai trouvé (techniquement parlant) aucun point faible à cet album. Alors ok, je n'ai aucune légitimité: je ne suis pas du métier, je ne suis qu'un simple auditeur attentif, mais à mon petit niveau je n'ai noté aucun défaut flagrant. Depuis les compos jusqu'à la production en passant par l'interprétation, tout est nickel et sans bavure. Chapeau bas.
Lorsqu'il présente son album (et là pour le coup, c'est vraiment le sien !), Sebastian parle d'un "opus épuré, dans le sens où il n’y aura pas de guitare et de synthé au même moment, pour un rendu plus brut et un live plus efficace. Cependant, l’album sera nuancé par une guitare dotée de différentes couleurs liée à une recherche de sons plus importante. L’album nécessitera, je pense, plusieurs écoutes avant de pouvoir se l’approprier. Lorsque vous l’écouterez, vous ressentirez diverses émotions, et notamment un flux de sensations étranges.".
Pour les amoureux de technique, Sebastian explique qu'il n'a utilisé qu'une seule guitare, une Rickenbacker 360, une Precision bass de chez Fender et un Micro Korg XL+ pour les lignes de synthé. A l'écoute de la chose, il est difficile de croire que seulement 3 instruments sont à l'oeuvre !
En tout cas je confirme: il faut réellement plusieurs écoutes pour bien s'imprégner de l'ambiance générale et découvrir en détail les multiples briques qui composent cet album polymorphe.
Il serait trop facile de résumer l'ambiance à un simple état mélancolique, sombre, voire déprimant. Il y a de ça, bien sûr, mais aussi tout un tas de sensations ambiguës, contradictoires et étranges. Cet album n'est pas un long fleuve tranquille, bien au contraire, et il faut une réelle volonté (du moins lors des premières écoutes) pour parvenir à la fin du voyage. J'avoue m'y être repris à plusieurs fois avant d'écouter le tout d'une traite (l'album dure 1 heure). Les riffs lourds, puissants, alternent avec des arpèges plus aériens (cf. l'excellent "Once Upon a Tree" ou le captivant "Endless Nights") pour une atmosphère en noir et blanc, toute en nuances de gris, assez proche en cela de ce que peut proposer Opeth. Le rythme des compositions est lent: exceptés "The Haunted One", "Favourite Doll" et "Ghostly Place", on est dans un tempo plutôt spécifique au doom ou au death. Et le chant, aux multiples facettes là encore, demande lui aussi une certaine adaptation. Plusieurs passages nous rappellent Matthew Bellamy (Muse), ce qui est assez flagrant sur "Ghostly Place". Mais pas que. Si les voix féminines haut perchées sont répandues dans le metal, il n'en est pas de même des voix de tête masculines. Imaginez un chanteur de groupe de disco des années '80 ou plutôt celui des Communards (le petit blondinet, me rappelle plus son nom... si vous voyez pas qui c'est, c'est pas grave, vous n'avez rien loupé...) qui se mettrait à chanter sur du My Dying Bride. Je parle de la tonalité de la voix, bien sûr. Bien évidemment que Sebastian ne sautille pas dans tous les sens en remuant les fesses et en chantant "yooooou make me feeeel...", m'enfin !
Redevenons sérieux, ça dérape sévère, là. 
Les compositions riches, aux formes et aux structures changeantes (aucun format classique couplet-refrain) se succèdent pour former un ensemble cohérent et fluide. Il n'en est pas fait état dans sa présentation, mais on peut légitimement considérer cette oeuvre comme un concept-album, elle en a en tout cas tous les ingrédients. Y compris ce qu'en général on a tendance à leur reprocher: quelques longueurs inutiles. C'est le seul bémol qu'on posera. 
J'ai mis du temps à écrire cette chronique, de par la difficulté à aborder cet ovni. Il faut s'accrocher au départ, outrepasser quelques à priori et réticences (le chant pour ma part), et si on y arrive on reste subjugué par la qualité et la profondeur du propos. Une très belle réussite.
Autant dire que cet Amphetamin est... stupéfiant.



J-Yves


4/5: *****








A Flood of Strange Sensations - amphetamin.bandcamp.com
1. Devotion (4:35)
2. The Threshold (4:20)
3. Once Upon a Tree (5:35)
4. Stranger on an Island (4:58)
5. Endless Nights (4:55)
6. The Haunted One (7:40)
7. Neverland (4:50)
8. Favourite Doll (4:55)
9. Thoughts in the Water (6:00)
10. Ghostly Place (4:42)
11. Different Colours of Tears (7:25)



Amphetamin www.facebook.com/Amphetamin
Sebastian: tout !.. Vocals, guitar, keyboards, production, lyrics, music, design 













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