vendredi 29 août 2014

Manic Street Preachers - Futurology

Manic Street Preachers - Futurology (07/2014)
Avec Futurology, les gallois de Manic Street Preachers nous livrent leur 12ème album studio en un peu plus de 20 ans de carrière. Et s'il y a bien une constante avec ce groupe, c'est qu'il n'a réalisé jusqu'ici aucun faux-pas. C'est assez rare pour être souligné. 
James Dean Bradfield, Nicky Wire et Sean Moore continuent de tracer leur route, inlassablement, en ne reniant ni leurs origines, ni leurs convictions, et en conservant ce qui fait leur spécificité: un rock énervé, énergique mais avec une très forte musicalité et un sens profond de la mélodie. Rarement les nappes de violons ne sont soutenues avec autant de riffs rageurs ailleurs que chez les Manic...
Si parfois le ton est descendu d'un cran (Everything Must Go, This Is My Truth Tell Me Yours), sur le fond le propos, lui, est resté inchangé. A fleur de peau, les textes à fortes connotations politiques ont toujours ce sens du raccourci pour aller à l'essentiel, dire peu pour en suggérer beaucoup. Sans entrer dans des explications de textes détaillées (et ennuyeuses, pour ne pas dire autre chose...) il suffit juste de jeter un œil sur les titres des morceaux pour penser qu'on ne va pas entendre parler de fleurs et de papillons: Let's Go to War, Sex-Power-Love and Money, Misguided Missile; Et ce n'est pas la situation actuelle qui va les calmer !..;
Musicalement, le ton est aussi très dur, le point culminant étant sans doute atteint avec le très industriel Europa Geht Durch Mich. Il faut attendre le dernier quart de l'album, à partir de Between the Clock and the Bed, pour retrouver un Manic apaisé, dans la veine de Everything Must Go. On aura eu droit, auparavant, à une belle séquence de morceaux tous plus incisifs et percutants les uns que les autres. Comme si le futur que nous promet le trio ne va pas franchement être une belle partie de rigolade...
Très cohérent, tout en restant varié et multiple, cet album est une pierre de plus à l'édifice déjà conséquent de ce groupe qui n'a jamais déçu ses inconditionnels.

On le disait au début de cette chronique: aucun faux-pas...



J-Yves


4/5: *****


James Dean Bradfield: lead vocals, lead and rhythm guitar, keyboards
Nicky Wire: bass
Sean Moore: drums


1. Futurology (3:05)
2. Walk Me to the Bridge (3:14)
3. Let's Go to War (2:58)
4. The Next Jet to Leave Moscow (3:22)
5. Europa Geht Durch Mich (3:24)
6. Divine Youth (3:22)
7. Sex, Power, Love and Money (3:13)
8. Dreaming a City (4:40)
9. Black Square (4:07)
10. Between the Clock and the Bed (3:35)
11. Misguided Missile (4:19)
12. The View from Stow Hill (4:08)
13. Mayakovsky (3:40)

dimanche 20 juillet 2014

Beth Hart & Joe Bonamassa - Live in Amsterdam [DVD]

Hart / Bonamassa - Live in Amsterdam [2014]

Il y a parfois un DVD, une bande son, un album live qui ne laissent pas indifférent, qu'on se passe et repasse régulièrement parce qu'ils sortent de l'ordinaire. En voici un parfait exemple.

Lui: Joe Bonamassa, guitariste, USA. Son univers: le rock et le blues. Dix albums solo au compteur, plus 3 albums très hard-rock 70s avec le Black Country Communion, où il jouait avec Glenn Hughes, Jason Bonham et Derek Sherinian, et dont la fin en mars 2013 ne s'est pas passée dans la joie et la bonne humeur (Joe a quitté le groupe et leur a interdit de garder le nom s'ils comptaient poursuivre sans lui... ambiance).
Joe n'est pas un guitar-heroe, un m'as-tu-vu , un excité du manche. Il ne se promène pas en bermuda avec un cartable sur le dos, pas de bandeau dans les cheveux, pas même un chapeau, pas de tignasse ni queue de cheval, non, rien de rien (je ne regrette... ok, je la laisse tomber, celle-là). Joe n'a pas de look particulier, pas de charisme, c'en est presque désespérant. Joe ne monopolise pas le devant de la scène, ne met pas de façon négligée un pied sur un retour de scène en regardant le plafond, ne montre pas du doigt régulièrement une hypothétique connaissance dans le public, ne passe pas plus de temps à jouer avec ses pédales qu'avec sa guitare, bref, Joe n'en fait pas des tonnes, même pas des kilos. Quelques postures, quand même, avec les grimaces qui vont avec, comme des figures imposées, en quelque sorte... Très propre sur lui, costume sombre, chemise blanche-boutons de manchettes, front (légèrement) dégarni et coupe courte, il délaisse ici ses habituelles lunettes noires pour un paire de vue plus classique. Joe fait plus penser à un comptable ou un employé de banque qu'à un bluesman ou une rock-star. N'empêche.. Joe possède un toucher de cordes, un son, une technique à nul autre pareils. A l'instar d'un Warren Hayes ou d'un Dereck Trucks aujourd'hui, d'un Gregg Allman ou d'un Stevie Ray Vaughan hier, Joe fait partie de ces guitaristes qui perpétuent la tradition d'un blues américain fortement teinté de rock, à la limite du hard-rock, et qui le rend si spécifique.

Joe, c'est la glace.

Elle: Beth Hart, chanteuse, USA. Son univers: le blues, le jazz, la soul. Sept albums solo au compteur. Beth, c'est avant tout une VOIX. Elle chante le blues et la soul comme les plus grandes: Etta (James), Ella (Fitzgerald), Billie (Holiday) ou Aretha (Franklin). Oui, je sais: les noms entre parenthèses ne servent à rien, tout le monde connaît ces grandes dames. Enfin, du moins j'espère... mais bon, on ne sait jamais. Beth, c'est aussi un look, une "gueule": bad girl. Tantôt cuir, tantôt jean, souvent en mini-jupe, presque toujours bras nus, laissant apparaître les tatouages sur son bras droit (alors qu'Anneke elle les porte à gauche.. hein ?.. on s'en tape ?.. oh, ça va..), elle n'a rien d'une enfant sage et bien élevée, au contraire. A la voir, Beth, on se dit même que ses parents n'ont pas dû rigoler tous les jours... Beth ne cherche pas la lumière: elle l'attire. Beth ne se déplace pas vers le devant de la scène: c'est la scène elle-même qui se rétrécit pour que Beth soit devant. Beth ne chante pas le blues ni la soul, elle les transpire, elle les vit. De toute son âme. Sa voix chaude, puissante et intense n'a d'égal que l'énergie et l'intensité qu'elle déploie tout au long du set. Son interprétation du "I'd Rather Go Blind" d'Etta James la hisse à des sommets rarement atteints par tous ceux et toutes celles qui se sont attaqués à ce monument de la musique soul. Beaucoup s'y sont fourvoyés ou noyés, Beth, elle, se l'approprie et le porte à un tel niveau d'intensité et d'émotion que ça en tutoie la perfection. 

Beth, c'est le feu.

La glace et le feu. 

Ces deux là étaient fait pour se rencontrer, indiscutablement. Un duo à l'unisson, en parfaite harmonie, en totale osmose. Pendant 1h40, on en prend plein les yeux, mais surtout plein les oreilles, ce qui reste quand même le plus important. L'image en HD machin, en full-truc, les prises de vues en 4K-bidule-chose et tout et tout, je ne vais pas en parler: j'y connais rien, et vous savez quoi ?.. ce DVD, quand je le mets, je le regarde... les yeux fermés !

Un DVD ?.. non, juste une bombe atomique.



J-Yves


5/5: **********
hein, quoi ?.. ça fait 10/5 ?.. et alors ?




1. Amsterdam, Amsterdam!
2. Them There Eyes
3. Sinner's Prayer
4. Can't Let Go
5. For My Friends
6. Close To My Fire
7. Rhymes
8. Something's Got A Hold On Me
9. Your Heart Is As Black As Night
10. Chocolate Jesus
11. Baddest Blues
12. Someday After Awhile (You'll Be Sorry)
13. Well, Well
14. If I Tell You I Love You
15. See Saw
16. Strange Fruit
17. Miss Lady
18. I Love You More Than You'll Ever Know
19. Nutbush City Limits
20. I'd Rather Go Blind
21. Antwerp Jam

dimanche 13 juillet 2014

Anathema - Distant Satellites

Anathema - Distant Satellites (2014)
On a tout dit, ou presque, sur ce Distant Satellites, 10ème album studio du groupe de Liverpool, qui suit de 2 ans le fantastique Weather Systems et d'un an le non moins magnifique DVD Universal.
Si tout a été dit, pourquoi en rajouter, alors ?
Et bien, disons que tout d'abord il s'agit d'Anathema, groupe faisant définitivement partie du haut du panier du prog actuel. La scène prog est bien vivante, énergique, mais rares sont (encore) ceux qui arrivent à posséder leurs propres univers, leurs propres caractéristiques, à se différencier les uns des autres, et à enchaîner des albums d'un niveau élevé, du moins respectable. Anathema possède cette particularité d'enfiler les albums de très haute volée comme les perles d'un collier: depuis Eternity (1996) jusqu'à Weather Systems (2012), les 7 albums délivrés ont fait l'unanimité aussi bien chez le public que chez les critiques, ce qui est assez rare pour le souligner (j'occulte volontairement les 2 premiers albums, trop marqués doom et d'accès plus difficile, et qui n'ont pas fait l'unanimité, eux...).
Plus de 20 ans de carrière, et aucun faux-pas, mis à part peut-être le Falling Deeper, mais ce n'est pas un "vrai" album (ré-interprétation avec orchestre symphonique de quelques morceaux; la plupart de ceux qui se sont amusés à ce genre d'exercice se sont gauffrés, Anathema aussi...). 
Ensuite le groupe a su évoluer, modifier sa trajectoire, du moins sur la forme. Sur le fond, le propos ne change pas: amour (perdu), tristesse, mort, mélancolie, chagrin, nostalgie... non, on ne fait pas la farandole en faisant tourner les serviettes sur du Anathema.
Reste que la mise en musique de ces sentiments a toujours été leur point fort. Les grincheux, ou simplement ceux qui n'aiment pas (ils ont le droit!) objecteront que la recette est simple: 2 accords maximum, étalés sur 5 minutes, avec une longue montée en puissance. Soyons honnête: c'est pas faux. Disons simplement que faire 2 accords, les étaler sur 5 ou 7 minutes en un long crescendo c'est une chose, mais rendre la chose BELLE, c'en est une autre. Et que ça reste beau que ce soit des violons, des nappes de synthé, des riffs de guitares, un piano ou une boîte à rythmes, c'en est une autre. Alors oui, Anathema c'est simple (du moins ça "paraît" simple), mais c'est BEAU. D'une beauté à donner la chair de poule ou des frissons. D'une beauté universelle. Et ce Distant Satellites ne déroge pas à la règle.

Voilà, pas la peine d'en rajouter, je pense...

Ceux qui ont lu, ou écouté, l'album ont noté le virage electro du groupe, en fin d'album. Pas très étonnant: on avait déjà un petit aperçu de cette nouvelle orientation sur le "The Storm Before the Calm" de l'album précédent. Et on avait bien noté le changement dans la composition du groupe, John Douglas laissant la batterie à Daniel Cardoso pour prendre en charge la programmation des claviers. Du coup les 2 derniers morceaux nous font penser à Sigur Ros, ce qui reste dans la logique des choses, les islandais étant eux aussi de grands spécialistes de l'émotion.
Enfin, pour finir, comment ne pas souligner, une fois de plus, la prestation de Lee Douglas. Le coup de génie du groupe, et l'intelligence des frères Cavanagh, a été sans aucun doute d'avoir su mettre en avant cette voix magnifique et ne pas la cantonner aux chœurs. Daniel et Vincent ont su lui laisser une place en pleine lumière et ne pas monopoliser le chant. Imparable.

Anathema persiste et signe, et continue, pour notre plus grand bonheur, de rester le maître de la sensibilité à fleur de peau. Aucun faux-pas, disions-nous...



J-Yves


5/5: *****



Distant Satellites

1. The Lost Song, Part 1 (5:53)
2. The Lost Song, Part 2 (5:47)
3. Dusk (Dark Is Descending) ((5:59)
4. Ariel (6:28)
5. The Lost Song, Part 3 (5:21)
6. Anathema (6:40)
7. You're Not Alone (3:26)
8. Firelight (2:42)
9. Distant Satellites (8:17)
10. Take Shelter (6:07)

Anathema
Vincent Cavanagh: lead vocals, guitars
Daniel Cavanagh: co-lead vocals, guitars, piano
Jamie Cavanagh: bass
John Douglas: e-drums, keyboards, programming
Lee Douglas: lead vocals
Daniel Cardoso: drums



samedi 28 juin 2014

Storm Orchestra - EP

Storm Orchestra - EP (2014)
Storm Orchestra est un jeune groupe, très jeune même, vu que sa date de naissance est située en 2013. Un bébé, donc. Oui mais un bébé énervé, et qui mord le rock à pleines dents (il y a des bébés avec des dents, ça existe...). Et qui sort, déjà, un EP.
Finalement, assez réticent à la base, je suis devenu aujourd'hui un grand adepte de l'EP (Extended Play, pour ceux qui comme moi ne savaient toujours pas ce que ça voulait dire). De format court, de 4 à 5 morceaux maximum, donc entre 15 et 20 minutes, c'est un excellent moyen pour un groupe ou un artiste de proposer un instantané, un aperçu de sa production, sans se ruiner dans les frais liés à l'enregistrement et à la production. De son côté, l'auditeur n'est pas rebuté à se lancer dans l'écoute de 40 ou 50 minutes de nouveautés, qui peuvent paraître longues parfois... Le revers de l'EP, c'est que si on accroche, on reste sur sa faim. Rien n'est parfait en ce bas monde.
Situé à Paris, Storm Orchestra est composé de Maxime (chant, guitare), Adrien (basse, piano) et Marc (batterie), pour former la composition reine en matière de groupe musical: le trio. Dans le cas présent, on dira même Power Trio.
Au foot il y a le 4-4-2 (ou le 10-1, si l'entraîneur s'appelle Mourinho), dans le rock il y a le trio, et le reste. Pas besoin d'être 5, 8 ou 25 pour générer de la puissance et pour jouer fort. Attention, je ne dénigre personne !.. je n'ai rien contre les formations à 4, 5 membres ou plus, à 2 ou 3 guitares + clavier + percussions (+ cuivres)... Tout dépend du style musical: difficile de faire du prog à 3, entre autre. Simplement, dans un trio, personne ne peut se planquer dans un coin: le moindre maillon faible est immédiatement mis en lumière, et donne la couleur générale du groupe. Dans un trio "excellent", les 3 musiciens sont excellents, sans exception. Dans les autres types de formations, il arrive qu'il y ait un ou 2 membres un peu en retrait, qui ne remettent pas en cause l'excellence de l'ensemble du groupe. Les exemples foisonnent. Bien sûr, il y a des formations à 4 membres ou plus où tous les musiciens sont excellents. Les exemples, là aussi, foisonnent. 
J'ai donc toujours eu un très grand respect pour les trios.
Et dans cet esprit, Storm Orchestra mérite l'attention. On a affaire ici à 3 excellents musiciens, et j'aurais même tendance à dire que j'ai un petit faible pour les lignes de basses d'Adrien, tantôt sautillantes, tantôt lourdes et puissantes, mais toujours dynamiques et nerveuses. Un régal. Oui bon, je ne voudrais pas faire de jaloux: la guitare, le chant et la batterie sont très bien aussi. N'empêche, la basse...
L'univers de Storm Orchestra est le rock: puissant, musclé, très teinté '70s mais très actuel; difficile de ne pas penser aux Strokes, à Franz Ferdinand ou aux Queens of the Stone Age, dont ils se disent influencés, et qui se vérifie très nettement dans You're my Blackbird, le titre le plus "lourd", niveau riff s'entend. 
Les morceaux sont concis, compacts, denses, même si certains avoisinent les 5 minutes. Niveau puissance et énergie, il y a le quota, et même plus. Sans jamais être binaire ni linéaire, le rock délivré ici reste varié et riche, tant au niveau des structures musicales que de l'interprétation. 
On ne s'ennuie pas à l'écoute de cet EP, ça non. Et on retrouve donc le problème noté plus haut: on reste sur sa faim. Ce qui, finalement, est très bon signe.
En écoute sur Soundcloud, je pense que tout le monde a compris qu'il fallait de toute urgence aller baigner ses oreilles dans le rock généreux délivré par ce trio au talent certain et au très fort potentiel.


J-Yves

4/5: *****




1. Am I Gonna Die ?  (3.37)
2. Universe of Living (4.52)
3. When I Touch Your (4.25)
4. You're My BlackBird (3.45)

lundi 9 juin 2014

ISOS - Loving on Standby

ISOS - Loving on Standby (2014)
Et allez, une fois de plus, retour au Québec !.. le nombre de chroniques de ce blog consacrées à des albums et des artistes venus de "l'autre côté" ne cesse de grossir, et témoigne de la richesse, de la vitalité et de la variété musicale qui règnent dans ce Canada où il semble bon vivre.
Après le folk d'Auguste et de Matt Track, l'art pop de Noem, le blues-rock musclé des Sheepdogs et la prog atmosphérique de Rick Miller, place ici, avec ISOS, à un néo-prog riche et varié, qui dénote de la multitude de groupes qui nous proposent un neo-prog linéaire et rébarbatif.
ISOS est le projet musical solo du multi-instrumentiste, auteur, compositeur et interprète Vincent Leboeuf Gadreau, qui évolue également (et principalement) dans le groupe Inner Odyssey. Loving on Standby, sorti en mars dernier, est le premier album d'ISOS, sur lequel Vincent fait à peu près tout, mis à part la batterie, tenue par Etienne Doyon (batteur d'Inner Odyssey) et quelques parties de piano jouées par Mathieu Chamberland.
Dès la première écoute, le prog mid-tempo, léger et planant d'ISOS nous fait immédiatement penser à Porcupine Tree (hors période metal In Absentia / Deadwing pour les puristes) ou encore au Damnation d'Opeth (Number Two, Leave my Mind, quelques passages d'Inside Your Collapsed World; mais essentiellement pour le chant; allergiques au mellotron ne fuyez pas, il n'y en a pas ici...); un album très Wilsonien, en tout cas. J'aurais pu aussi dire un album très floydien, mais comme:
1) le Floyd a tout fait (psychédélique, expérimental, rock acoustique, électrique, voire même a trempé un bout de pied dans le hard-rock; certains grincheux disent même qu'ils ont fait de la pop vulgaire en fin de parcours... laissons-les dire, peuchère)
2) il en résulte donc, pour revenir à nos sheeps, que 8 albums sur 10 en moyenne sont "floydiens"... ce qui ne fait pas spécialement avancer le schmilblick, avouons-le...
Alors oui, je vous vois venir: du neo-prog Wilsonien, qu'y a-t-il de nouveau, vu qu'il en sort 2 albums par mois en moyenne, des albums dans ce style ?
Bonne question...
Tout d'abord, je ne suis pas sûr qu'il s'agisse réellement de neo-prog; neo-prog, post-prog, art-truc, retro-machin: je commence à m'y perdre un peu... Classer les genres, je veux bien, mais quand il y en a 2 millions, ça devient compliqué. Bon, ceci dit, on ne va pas y passer des heures. Disons qu'ISOS fait du prog sympa, voilà. Maintenant, quand je ne saurai pas, je dirai "prog sympa". Ça ou "post-retro-prog à tendance art-doom", c'est du pareil au même. Et c'est plus rapide à écrire.
C'est justement dans cette difficulté à ranger cet album dans une catégorie précise que réside son intérêt. L'alternance des atmosphères, des ambiances, des rythmes et des styles fait que ses 50 minutes déroulent dans nos oreilles sans temps mort ni baisse de régime. A ce titre, Relapse est un parfait exemple et un parfait résumé de l'ensemble: intro electro, suivie d'un riff purement metal, qui inaugurent un morceau où vont alterner refrains très aériens (avec un net penchant Anathem(a)ien) et passages énergiques que ne renieraient pas un Dream Theater ou un Tool, pour terminer lentement sur une dernière strophe acoustique... Tout ceci en 8 minutes chrono. Impressionnant. Sans aucun doute le morceau phare de cet album. 
Très actuel, dans sa forme, ISOS ne fait pas du neuf avec du vieux, détrompez-vous. Encore un point à mettre à son crédit. Un peu à la manière d'Airbag il y a quelques mois, mais dans son propre style, Vincent Leboeuf nous propose un prog moderne, tour à tour énergique et atmosphérique, acoustique et électrique, mais toujours mélodieux et harmonieux. Un abord facile qui n'est en rien un gage de simplicité, tant la variété des thèmes et la richesse des ambiances demandera à l'auditeur plusieurs écoutes pour en apprécier toute l'étendue.
En tout cas un album qui m'a réconcilié avec le prog actuel, dont le surplace (pour ne pas dire plus) ne m'avait pas emballé des masses ces derniers temps, c'est le moins que l'on puisse dire... Belle performance, donc !



J-Yves

4/5: *****


01. Loving On Standby (Part 1): I'll Be Waiting 07:59
02. Loving On Standby (Part 2): Gone Too Far 07:59
03. A Flicker Of Hope 01:24
04. Number Two 07:17
05. Inside Your Collapsed World 05:14
06. Leave My Mind 06:02
07. Relapse 08:00
08. The Last Words 06:46

Line-Up:
Vincent Leboeuf Gadreau: Guitars, Bass, Keyboards, Vocals,
With:
Etienne Doyon: Drums, Percussion
Mathieu Chamberland: Piano
Marie Demers: Backing Vocals



jeudi 29 mai 2014

Gérard MANSET - Un Oiseau s'est Posé

Manset - Un Oiseau s'est Posé (2014)
Un nouvel album de Gérard MANSET
L'évènement est de taille, car nous n'avions plus de nouvelles de lui depuis six ans avec son album Manitoba Ne Répond Plus.
Pour ce nouvel opus Un Oiseau s'est Posé, MANSET a dû changer de maison de disques (EMI) avec laquelle il collabora durant quarante années.
Il s'agit d'un album atypique de l'artiste auquel nous avons droit aujourd'hui, puisque pour l'occasion il sort un double CD, qu'il a enregistré "live" en studio avec différents musiciens et chanteurs.
On ne trouvera qu'un morceau inédit "Un oiseau s'est Posé" qui donne son nom à l'album et qui préfigure sans doute, espérons le, à un futur album qui sortira donc sur le label Warner.
Tous les autres titres proposés ici ont été "revisités" et enregistrés différemment, car cet artiste hors norme et particulièrement HORS MODE, ne fait jamais rien comme tout le monde.
Cet artiste est un véritable ovni dans le paysage musical français, il n'a donné que peu d'interview, n'a accepté aucune promotion lors de la sortie de ses albums, et surtout il ne s'est jamais produit sur scène, ce qui fera de lui un mec totalement marginal, c'est cela (entre autres) qui demeure attirant chez ce personnage semblant atterrir d'une autre planète. 
MANSET s'est donc enfermé en studio avec ses musiciens et a pondu ces deux albums vraiment touchants dans lesquels on retrouve le répertoire d'un musicien/interprète/compositeur/arrangeur et auteur (car il n'aime pas qu'on dise chanteur). 
C'est un vrai bonheur de réentendre tous ces titres (surtout pour les amoureux de MANSET dont je fais partie, comme vous je l'espère).
Les morceaux  retrouvent une seconde jeunesse et l'auteur les réinterprète dans une version plus moderne et bien souvent cette relecture nous les fait apprécier encore plus.
Le choix des interprètes qu'il a choisi est discutable, je ne parlerai donc que de ceux qui m'ont touché et en premier lieu pour la reprise d'Elégie Funèbre, rebaptisée en anglais Cover Me With Flowers Of Mauve, il se fait doubler par son guitariste Mark LANEGAN qui chante avec beaucoup de chaleur cette chanson particulièrement triste et poignante issue de son premier véritable album, le désormais légendaire La Mort d'Orion
MANSET a trouvé que les boîtes à rythmes qu'il avait utilisées jadis sur certains titres ne correspondaient plus à ce qu'il désirait aujourd'hui, donc sur plusieurs morceaux il fera appel à un vrai batteur comme sur Matrice un de ses titres "phare" dont la nouvelle version est fabuleuse.
Pour sa chanson (peut-être la plus célèbre) puisque c'est quasiment la seule qui soit passée en radio, Il Voyage En Solitaire, rebaptisée No Man's Land Motel, il se fait doubler en anglais par Paul BRESLIN et la nouvelle version est encore magnifique.
Les cornemuses utilisées sur Deux Voiles Blanches lui donnent un côté "celtisant" des plus appréciables, encore une très belle reprise.
Chose vraiment étonnante sur cet album: MANSET a choisi de reprendre SON premier titre Animal On est Mal avec le groupe belge dEUS, c'est une bonne initiative qui découle sur une  bien belle réussite.
Je ne vais pas ici vous détailler chaque titre, il y en aurait pour des heures, mais sachez que MANSET s'est régalé à rejouer ce florilège de ses morceaux préférés (il aurait pu en choisir plein d'autres, tellement il a composé de chefs d'œuvres) et nous en tant qu'auditeurs on a pris aussi un pied d'enfer.
Pour le reste je vous laisse juge et je ne saurais que  trop vous conseiller Un Oiseau s'est Posé,  deux albums de cet homme étrange (comme il aime à le rappeler), qui n'a plus rien à prouver, mais qui parvient à nous étonner encore et comme il le dit dans une de ses chansons Après tant et tant d'années.


Dany

5/5: *****



Disque 1:
1. Entrez dans le rêve - 4:56
2. Cover Me With Flowers of Mauve (feat. Mark Lanegan) - 4:45
3. Comme un guerrier - 6:29
4. Matrice - 6:37
5. No Man's Land Motel - 4:07
6. Lumières - 9:44
7. Un oiseau s'est posé - 5:19
8. Celui qui marche devant (feat. Axel Bauer) - 4:24
9. Manteau jaune - 3:32
10. Toutes choses (feat. Raphael) - 5:24
11. Deux voiles blanches - 5:06
12. Genre humain - 6:16


Disque 2:
1. Le pont - 4:58
2. Manteau rouge - 4:32
3. La ballade des échinodermes - 7:10
4. Rouge-gorge - 4:41
5. Animal on est mal (feat. dEUS) - 4:37
6. Le train du soir - 5:31