dimanche 25 octobre 2015

Gazpacho - Molok

Gazpacho - Molok (10/2015)
Pour son dernier repas discographique Gazpacho nous sert sur ce "Molok" une soupe distillant de maigres saveurs: les norvégiens nous avaient habitués à des mets de meilleure qualité jadis.
Et de ce fait, l'arrivée du nouvel album était attendue comme le loup blanc par les plus irréductibles du combo (dont fait partie votre aimable serviteur), l'écoute préalable de l'un des titres de ce disque sur leur site ayant présagé du meilleur et suscité tout notre intérêt. Le groupe dispose d'un beau palmarès acquis tout au long de ces années de carrière, produisant de très grands albums. Ils avaient d'ailleurs démontré tout leur savoir sur "Demon", leur précédente production parue en 2013.
D'où cette légère déception que l'on ressent à l'écoute de "Molok", que l'on peut qualifier dores et déjà d'album mineur dans l'oeuvre d'un Gazpacho qui nous avait proposé tellement plus de créativité précédemment.
Gazpacho a toujours brillé par une innovation musicale permanente et un sens aigu de compositions assez atypiques, dans ce courant "progressif" qui nous tient à cœur.
Pour ce "Molock" qu'ils nous présentent aujourd'hui, les choses diffèrent quelque peu, et si les membres du groupe peuvent s'imaginer pouvoir se reposer sur leurs lauriers, ceci apparaît comme un manque de réalisme de leur part.
Cela dit, il subsiste malgré tout un peu de cette magie et de cette inventivité qui leur est propre sur cet album somme toute assez court.
Il est certain que l'on retrouve ici tous les paramètres qui nous ont tant plu chez Gazpacho, mais ils utilisent trop de vielles recettes éculées, différents poncifs musicaux qui cette fois-ci se digèrent difficilement, et dévalorisent d'autant leur grande originalité. 
Et pour couronner le tout ils nous imposent un titre avec une ambiance "glezmer" sur "Bella Kiss" qui est d'un goût douteux; ce genre musical peut plaire à certains, mais décontenance complètement les mélomanes avertis et avides de compositions fécondes.
"Molok" recèle néanmoins de morceaux plus ambitieux tels "Know Your Time" (avec un très beau solo de guitare et une belle partie de violon), le magnifique "Choir Of Ancestors" ou bien encore l'orientalisant "Algorithm".
Ces trois franches réussites confirment que l'on peut garder espoir et croire encore en cette formation, parmi les plus aventureuses de la grosse décennie passée (leur premier album datant de 2002).
Il est très frustrant pour les amoureux du sextet de les sentir stagner, mais il est vrai que l'inspiration ne fonctionne pas à tous les coups. Il est aussi certain que l'on attend toujours le meilleur des gens que l'on apprécie.
Ce nouvel opus pêche donc par un manque d'avant-gardisme, en se cantonnant sur des sentiers balisés et prévisibles. 
Souhaitons vivement que Gazpacho redécouvre l'inventivité qui leur est chère et ne perdons pas espoir de voir revenir le groupe avec un album de la même trempe que "Missa Atropos" ou encore "Tick Tock", ces deux perles qui sont des pièces "maîtresses" de leur discographie.
Un "Molok" aux relents de "déjà vu", décevant, mais malgré tout bien au dessus de pas mal de disques sortis récemment.
Il est évident que Gazpacho pourra encore nous surprendre, en renouant avec ses anciennes amours musicales, et gageons que l'avenir sera des plus radieux pour un des groupes se situant parmi les meilleurs et les plus inventifs que nous ayons connu..


Dany

4/5: *****







Molok
1 - Park Bench (6:44)
2 - The Master's  Voice - (4:08)
3 - Bela Kiss (2:45)
4 - Know Your Time (6:07)
5 - Choir Of Ancestor (4:44)
6 - Abc (3:26)
7 - Algorithm (3:10)
8 - Alarm (3:54)
9 - Molock Rising (9:38)


Gazpacho - gazpachoworld.com

Jan Henrik Ohme: Vocals
Thomas Alexander Andersen: Keyboards
Jon Arne Vilbo: Guitars
Mikael KrImer: Violin, Mandolin
Kristian "Fido" Torp: Bass
Lars Erik Asp: Drums, Percussion



dimanche 18 octobre 2015

Antimatter - The Judas Table

Antimatter - The Judas Table (10/2015)
Antimatter est un groupe dont la musique pourrait être qualifiée de "post rock", si tant est que cette étiquette soit vraisemblable, cela se discute, personnellement je classerais Antimatter dans la case "post rock", à connotation "ambiant" ce qui à mon sens correspond mieux à la réalité.
Le groupe avait été formé au départ par Mick Moss et Duncan Patterson (ex Anathema), ces deux musiciens ayant contribué à l'éclosion d'Antimatter qui est à présent le  projet de Moss seul  aux commandes épaulé d'une nouvelle bande de musicos.
Antimatter avait déjà produit cinq très bons albums avant celui-ci et s'était très vite fait une place de choix et une grosse réputation dans le milieu de la musique, ces gars de Liverpool se hissaient en tête de liste du genre pré-cité auprès d'Anathema ou de Katatonia voire de Pineapple Thief, vous voyez !  ce ne sont que de belles références
On n'avait plus de news d'Antimatter depuis leur dernier album "Fear Of Unique Identity" paru il y a plus de deux ans et qui était déjà nettement en progression, cet album était de plus fort recommandable.
Antimatter fait aujourd'hui son come back avec "The Judas Table" qu'il faut apprécier dans son intégralité, cette musique peut être absolument mise entre toutes les oreilles et se veut complètement moderne dans sa présentation.
Preuve en est cette bien étrange pochette, qui représente deux personnages aux crânes rasés et affublés de camisoles de force se roulant une grosse gamelle, on est assez troublés à la base et cela se confirmera tout au long de "cet obscur objet du désir" (pour paraphraser Bunuel), que l'on tient entre ses mains.
Pour ceux d'entre nous qui maîtrisent parfaitement la langue de Shakespeare, Moss dit dans ses textes avoir connu à plusieurs reprises la déception sur le plan personnel et vécu le doute qu'elle peut engendrer. Ce qui explique quelque part les déficiences du comportement humain dont il est question et qui s'avèrent être le fil rouge de bon nombre de textes qu'il a écrit.
Ce qui caractérise Antimatter c'est surtout la voix de son chanteur parolier et de surcroît multi instrumentiste qui est particulièrement prenante et envoûtante et qui englobe magnifiquement une musique directe et sans fioritures.
Antimatter nous envoie un message clair et significatif, en l'occurrence par l'intermédiaire de morceaux carrés, bien ficelés et vraiment homogènes.
Ils nous délivrent sur "Judas Table" des compos majoritairement calmes dans l'ensemble, nous ne sommes aucunement heurtés mais au contraire délicieusement portés et quelque part envoûtés par Moss, qui soutient véritablement son groupe de main de maître.
Sur quelques morceaux néanmoins pas moins de trois grateux se sont partagé la tache, les solis se font assez rares mais sont pourtant plus qu'efficaces, les violons de Rachel Brewster quant à eux apparaissent sur certains titres.
Mais c'est la prédominance de la guitare sèche qui permet cependant à Moss de développer son propos et de nous servir ses compos dans le meilleur habillage possible.
"Judas Table" est donc à ce titre un bien bel album qu'il faudra ranger au dessus de la pile et réécouter souvent pour en apprécier toutes les subtilités, à conseiller aux amateurs de musique éthérées et reposantes;
Mais ce n'est pas péjoratif et ne vous méprenez pas cependant, il n'est guère question d'une musique qui endort, bien au contraire elle permet de s'élever bien haut au dessus des problèmes du quotidien. 


Ecrit par Dany

4/5: *****



The Judas Table
1. Black Eyed Man (6:24)
2. Killer (5;13)
3. Comrades (4:57)
4. Stillborn Empires (7:20)
5. Little Piggy (6:44)
6. Hole (5:08)
7. Can of Worms (5:37)
8. Integrity (6:06)
9. The Judas Table (6+:37)
10. Goodbye (2:44)


Antimatter
Mick Moss: vocals, acoustic and electric guitars, ebows, keyboards, electric piano, programming, additional lead guitar (4)

with:
Ste Hughes: bass
Liam Edwards: drums
Rachel Brewster - violins
Jenny O'Connor: vocals
Kevin Dunn:  lead guitar (1, 8)
Glenn Bridge: lead guitar (2, 7) 
Dave Hall: lead guitar (3) 
Kirayel: vocals (5)




vendredi 16 octobre 2015

The View - Ropewalk

The View - Ropewalk (09/2015)
The View est un groupe écossais (Dundee) formé en 2005 par 4 copains de lycée. Comme des millions de groupes de rock. Les ados rockeurs énervés (ils débutent en reprenant des morceaux des Sex Pistols, entre autre) connaissent rapidement le succès. Et comme ils composent aussi vite qu'ils enchaînent les scènes, ils sortent pas moins de 4 albums en 6 ans. Cette frénésie ne sera pas sans causer quelques dommages chez le leader, Kyle Falconer, ce qui va forcer le groupe a faire une petite pause et retarder la sortie du 5ème album studio, ce "Ropewalk" sorti en septembre dernier.
Je découvre The View, je ne peux donc pas détailler leur évolution musicale. Ce qui m'a frappé à la première écoute, dès l'entame ("Under the Rug") c'est cette impression d'entendre les Kinks, 40 ou 50 ans plus tard !
Le même sens de la mélodie, du refrain entêtant, cette même fausse nonchalance et ce petit détachement qui fait mouche, sur des morceaux au format court qui ne dépassent presque jamais les 3'30. Il n'en faut pas plus pour tendre l'oreille un peu plus attentivement. La suite ne nous déçoit pas, tant l'ambiance générale de l'album reste dans cette veine sixties/seventies remise au goût du jour, avec une production très actuelle. Quelques titres nerveux ("Living", "Tenement Light", "Penny") rehaussent un rythme globalement flegmatique, mid-tempo mais jamais mou ou lancinant, y compris sur les 2 ballades ("Talk About Two", "House of Queue's"). Au détour de quelques passages, on est heureux de croiser les ombres Glam de T-Rex ou des New York Dolls... 
On est donc loin du post-punk ou du garage-rock qui décrit généralement les albums précédents du groupe. Ceux qui les suivent depuis leurs débuts peuvent (légitimement) être déconcertés par cet opus. Les autres, comme ma pomme, qui les découvrent aujourd'hui et qui sont toujours sensibles aux intonations sixties devraient logiquement y trouver leur compte. Seules ombres au tableau: la pochette (là, m'sieur l'arbitre, y a penalty !) et plus sérieusement le chant, parfois criard et inutilement gueulard (qui gâche complètement le House of Queue's, qui méritait mieux). Comme une résurgence du passé, sans doute... 


J-Yves


3/5: *****







Ropewalk
1. Under the Rug (3:36)
2. Marriage (3:31)
3. Living (3:15)
4. Talk About Two (3:31)
5. Psychotic (3:38)
6. Cracks (3:00)
7. Tenement Light (3:39)
8. House of Queue's (4:07)
9. Penny (3:19)
10. Voodoo Doll (3:33)


The View - www.theviewareonfire.com
Kyle Falconer: lead vocals, rhythm guitar, piano
Pete Reilly: lead guitar
Kieren Webster: bass, backing vocals
Steven Morrison: drums, percussion






lundi 12 octobre 2015

Dave Kerzner - "New World"

Dave Kerzner - New World (01/2015)
Très belle découverte que ce "New World" de Dave Kerzner, sorti en début d'année mais qui débarque dans la platine en ce début d'automne, où pas mal d'albums affluent et dont certains comme celui-ci attirent bien plus d'attention que les autres.
Dave Kerzner n'est cependant pas un inconnu: en effet ce musicien américain a fait partie du line-up de l'excellent groupe "Sound Of Contact" sur l'album "Dimensionaut" avec le fiston Collins (le fils de...) il y a trois ans de cela.
Il a été aussi le fondateur de la société de production sonore Sonic Reality qui est une société s'occupant du développement d'échantillonnage de différents sons.
"New World" en est donc le reflet, c'est le premier album sous son propre nom, mais le mec a invité pour l'occasion une kyrielle de musicos pour l'aider à la tâche et qui sont tous plus talentueux les uns que les autres.
Cette belle réunion de "mercenaires" de la musique actuelle a été plus que productive car ils ont mis tout leur savoir et leur génie à la disposition de Kerzner, lui permettant de nous offrir une perle de la musique progressive contemporaine.
"New World" est un album concept dans la pure tradition du genre, l'histoire se déroule dans un monde futur, elle nous raconte l'itinéraire d'un personnage à qui il arrive des aventures étranges l'ayant conduit très proche de la mort.
Dès le morceau d'ouverture "Stranded (Pts 1-5)" on ressent un sentiment de bien être et l'on comprend que Dave et ses potes ne vont pas nous lâcher et il est certain qu'ils nous tiendront en haleine sur toute la durée de l'album.
On se voit propulsés dans ce "nouveau monde" qui nous réservera bien des surprises, néanmoins ce premier titre lorgne largement du côté de Waters/Gilmour c'est évident, on ne se plaindra pas, ces influences sont parfaitement digérées et l'apport de la magnifique six cordes du toujours génial Steve Hackett ne fait qu'accentuer le plaisir que l'on prend à l'écoute de ce premier morceau plus que prometteur.
La suite reste directement dans le même esprit, une fois le premier étonnement passé, on voudrait cependant que le reste soit du même acabit, mais faut pas rêver quand même, pourtant on ne sera pas déçus...
On constate que le musicien a encore pas mal de cordes à son arc, le fait qu'il possède une très bonne voix ne gâche rien, elle lui permet d'englober la majorité des titres suivants toujours dans une veine Floydienne mais "chassez le naturel, il revient au galop".
Les orchestrations sont elles aux petits oignons, la mise en forme des morceaux aussi, n'oublions pas que Kerzner a bossé avec les plus grands (Genesis, Alan Parsons entre autres mastodontes de la musique progressive)
On ne va pas ici détailler toutes les compositions une par une, ce serait fastidieux, pourtant chaque titre décolle véritablement et le voyage que nous propose Dave semble bien court comparativement à la longueur de cet album, ce qui est vraiment un gage de qualité., bref on ne s'y ennuie pas.
N'oublions pas de mentionner les cœurs dispatchés tout au long du disque, et qui additionnés aux voix féminines présentes aussi dans beaucoup de titres (voir la liste dans le line-up en bas de page) forment un élégant habillage aux compositions bien ficelées de Kerzner.
"Redemption Stranded (Pts 6-10)" conclut cet opus et le termine en beauté comme il a commencé, ce morceau de plus de dix sept minutes dégage une forte intensité mélodramatique; oui il est vrai que les sonorités majestueuses de Mister Hackett n'y sont pas étrangères: malgré un passé déjà glorieux, le guitariste atteint aujourd'hui les sommets de son art, et lorsqu'il rencontre des musiciens de talent comme Dave Kerzner, c'est l'extase totale, leur collaboration fait des miracles et rien que pour les deux titres où figure un de nos guitaristes de chevet, "New World" mérite d'être acheté.
Pour un coup d'essai Kerzner réussi un coup de maître, son "nouveau monde" n'est pas prêt de s'effacer de nos mémoires vives, nous n'attendons plus qu'une chose, c'est d'assister à une version "live" de ce musicien qui gagne vraiment à être connu et définitivement reconnu.
Signalons pour les plus argentés qu'il existe une version "deluxe" de cet album qui dure déjà plus de soixante dix huit minutes, la version longue vous demandera deux bonnes heures d'attention, mais ça vaut vraiment le coup!

                                                                                                              Dany 


5/5: *****


infos: www.davekerzner.com









New World
1: Stranded (Pt's 1-5) (10:32) 
2: Into The Sun (7:21) 
3: The Lie (5:04) 
4: Under Control (5:54) 
5: Crossing Of Fates (4:49) 
6: My Old Friend (5:27) 
7: Ocean Of Stars (5:36) 
8: Solitude (3:39) 
9: Nothing (6:17) 
10: New World (5:57) 
11: Redemption: Stranded (Pt's 6-10) (17:25)


Line-up / Musicians 
Dave Kerzner: Vocals, Keyboards, Guitar (2,4,6,9), Drum Programming (4,6,8) 
Fernando Perdomo: Guitar (all except 4), Bass (all except 2,4) 
Nick D'Virgilio: Drums Tracks (all except 4,8)
Steve Hackett: Guitar (all tracks)
Francis Dunnery: Guitar (10)
Russ Parish: Guitar (6) 
Colin Edwin: Bass (2) 
Billy Sherwood: Bass (5) 
Keith Emerson: Moog Modular Synth (via Sonic Reality) - (5) 
Simon Phillips: Drums (5) 
Durga McBroom: Vocals (1,11) 
Lorelei McBroom: Vocals (7,8) 
Jason Scheff: Vocals (1,11) 
David Longdon: Vocals (10) 
Emily Lynn: Vocals (8,11) 
Lara Smiles: Vocals (8) 
Heather Findlay: Vocals (2) 
Maryem Tollar: Vocals (6) 
Christine Leakey: Vocals (7) 
Ana Cristina: Vocals (1) 





vendredi 9 octobre 2015

DD's Brothers - Nouveau clip et Single

Huit musiciens, tous unis par la même passion et le même amour inconditionnel de la soul music. L'entité DD’s Brothers est très soudée, avec d’un côté les DD soit Dora Kuvuna et le Californien Dorien Smith, les deux chanteurs à la voix soul. De l’autre, six musiciens qui nous transportent avec des rythmes entraînants et des cuivres langoureux .


Aujourd’hui les DD’s Brothers sont fiers d’annoncer la sortie imminente de leur 1er album "We Got The Law", enregistré à la songfactory et masterisé au mythique Abbey Road. Un 10-titres rutilant et classieux. Lignes de basse puissantes, orchestration raffinée et soignée, et harmonies vocales réussies, tout y est.

On a hâte d'écouter ça !

Pour plus d'informations:  www.dd-brothers.com








J-Yves





samedi 3 octobre 2015

Khatsaturjan - Beast, Machine & Man

Khatsaturjan - Beast, Machine & Man (06/2015)
L'histoire de Khatsaturjan, groupe/projet Finlandais originaire de Vantaa, démarre au tout début des années 2000: une bande d'étudiants monte un groupe de rock dédié à la musique classique !.. il y adaptent, entre autre, du Dvorak et du Prokofiev. Leur premier EP sort en 2002, "Aramsome Sums" et contient 2 adaptations de Mussorgsky et de Berlioz. Il faut attendre 2 années supplémentaires pour les voir sortir leur 1er réel album, "Aramed Forces Of Simantipak" (2004). Ils y abandonnent les adaptations de musique classique pour se focaliser sur un rock progressif symphonique et "originel". Après "Disconcerto Grosso" en 2010, voici ce "Beast, Machine & Man", enregistré entre 2011 et 2014 mais qui ne sort que cette année.
Je ne connais pas les précédents albums, mais d'après quelques extraits écoutés on peut dire que le nouvel opus reste dans la lignée de ses frères aînés: du prog très orienté années '70, y compris dans la production qui fait la part belle aux claviers et ce son de batterie si particulier de l'époque.
Le premier titre, "Suite Phobia Utopia" porte bien son nom: il s'agit bien d'une suite... de thèmes, de rythmes, de variations. Le "Wrong Kinda Socks" qui lui succède nous amène plutôt du côté du Sensational Alex Harvey Band ou du Golden Earring de l'époque, avec son rock balancé, agrémenté de riff ciselés et de breaks décalés. Pour ma part, si tout l'album avait baigné dans cette ambiance je lui collais un 5/5 définitif, tant ce morceau fait renaître à la perfection ce style musical spécifique aux années '70 et qu'on a toujours autant plaisir à (ré-)écouter. 
Dommage pour ma pomme, tout le reste de l'album va prendre une tournure résolument prog symphonique, et c'est le premier reproche que je lui ferais. Parce que si les compositions sont ultra-riches et méga-chiadées, bref alambiquées comme il faut, si techniquement les musiciens sont de très haut niveau, on a quand même l'impression d'avoir entendu tout ceci des dizaines de fois (pour ne pas dire des centaines). Il y a d'excellents passages, essentiellement instrumentaux, tout au long de ces 9 morceaux. Mais ils côtoient des passages plus rugueux, plus abrasifs aux oreilles (du moins les miennes). Il en est ainsi de "My Canon, My Way Of Life" jusqu'à "The Actor": un jeu de montagnes russes, entre jubilation et tiraillement, ravissement et crispation. Vous allez me dire: ben au moins il procure des sensations cet album ! et si on veut regarder le verre à moitié-plein plutôt qu'à moitié-vide, ok, on va dire comme ça.
J'aime beaucoup certains passages de chaque morceau: ils ont tous une intro, un break, un intermède ou un final réellement intéressant ou agréable. 
Mais j'ai aujourd'hui de plus en plus de mal avec certaines sonorités de synthés; rien à voir avec les musiciens: j'avais déjà du mal à l'époque avec ELP ou Gentle Giant... Et vu qu'il y a ici quelques clins d’œil très appuyés vers ces 2 formations légendaires... 
Ah oui, autre chose avec lequel j'ai beaucoup de mal: écrire Khatsaturjan en une seule fois, sans me tromper !!

Il y a un gros potentiel dans ce groupe: j'ai déjà parlé de la qualité des musiciens, il faut aussi souligner celle de leurs compositions, et de la production (qu'ils assurent eux-mêmes). Ils maîtrisent parfaitement les codes du prog symphonique, ils ont simplement, pour ma part, un certain déficit de personnalité. Le petit truc en plus qui les ferait définitivement ressortir du lot et signerait leur marque de fabrique.
Cet album fera la joie des nostalgiques de la "grande époque", celle où les guitares avaient 2 manches, où les chanteurs étaient maquillés et déguisés et où les in-ear monitors (oreillettes) n'existaient pas !




J-Yves


3/5: *****








Beast, Machine & Man 
1. Suite Phobia Utopia (5:55)
2. Wrong Kinda Socks (3:35)
3. My Canon, My Way Of Life (6:10) 
4. In Pursuit Of A Haunting Singalong (11:47)
5. Domain Of Love (8:36)
6. Beast, Machine & Man (4:00)
7. American 33 (7:47)
8. St. Angelus (8:12)
9. The Actor (5:28)


Khatsaturjan
Atte Kurri: vocals, guitars, keyboards, bass 
Ilkka Piispala: vocals, drums, keyboards, bass (7) 
Ilkka Saarikivi: vocals, keyboards, cello 

with 
Matti Muraja: bass, violin 






vendredi 2 octobre 2015

David Gilmour - Rattle That Lock [chronique double]

D. Gilmour - Rattle That Lock (09/2015)
Tout le monde a eu son mot à dire sur le dernier album de David Gilmour, LE guitariste de feu Pink Floyd et un des meilleurs guitaristes que nous ayons connu.
Alors on commence par le début, déjà ce fut une énorme déception l'été dernier lorsque l'on découvrit le single qui devait figurer sur ce disque.
Oui comment un musicien de cette trempe peux-t-il trouver l'inspiration dans un "jingle" merdique de la SNCF ? Cela restera une énigme particulièrement dure à résoudre, quelle mouche l'a piqué ? On ne peut que rester dubitatif devant tant de néant artistique, comme si Gilmour ne pouvait trouver rien de mieux que ces quelques notes insipides et sans aucun intérêt.
Difficile à comprendre, d'autant plus que son ex compagnon du Floyd, Roger Waters, qui lui n'a rien sorti de nouveau depuis vingt trois ans, en effet son dernier album "Amused To Death" date de 1992. Ces jours-ci il vient de sortir une sempiternelle version de "The Wall", cette fois-ci il s'agit d'un film en projection unique du concert entrecoupé de passages ou il est en quête de son passé, bref rien de neuf au niveau musical.
Ce film est très discutable et on peut se rendre compte de l'égo surdimensionné du père Waters qui est une nouvelle fois mise à profit, je mets ceci en parallèle pour mieux comprendre ce qui arrive à présent à ces deux musiciens géniaux, qui par le passé nous ont tellement fait vibrer.
Donc arrivons à ce qui nous occupe aujourd'hui est qui se trouve être "Rattle That Lock" le quatrième disque solo de Mister Gilmour qui est en pleine déliquescence car on peut dire que ce dernier opus est loin d'être transcendant;
Je m'explique, si on fait abstraction du titre précité et d'un morceau archi nul "A Girl In The Yellow Dress" et bien le reste ne nous fait pas relever la nuit pour l'écouter.
Bien sûr il y a des titres comme "Beauty" malheureusement trop courts, on se sent vachement frustrés, on aurait voulu qu'il développe comme il l'a si bien fait jadis.
Je ne comprends pas ce qu'il lui arrive sur ses albums solo, il perd les pédales, déjà sur son précédent disque "On An Island", il y avait beaucoup de mauvais pour peu de bon.
Et bien il nous refait le coup encore une fois, et après plusieurs écoutes je n'ai pu tirer que quinze bonnes minutes sur la totalité de l'album, "Faces Of Stones" faisant partie de ces moments privilégiés, mais juste  à peine
Le morceau instrumental d'introduction "5..A.M" nous laisse sur notre faim, une fois encore on se sent lésés et cela manque d'envergure et surtout ces titres NE SONT PAS PROGRESSIFS comme il a su tellement en composer.
Pourtant on pouvait reprendre espoir sur "In A Tongue", peut-être le plus Floydien
disposant d'une très belle orchestration, et avec un  très bon solo comme on les aime,  ah!! si tout avait été du même tonneau le monde aurait été beau, mais c'est ainsi, il faut l'accepter.
Puis il y a aussi le dernier titre "And Then..." vraiment super mais sur une courte durée, décidément il n'a pas voulu s'étaler et là on retrouve l'immense guitariste qu'est et restera Gilmour.
Je vois tout ceci, un peu comme la trahison d'un ami, pourquoi ne nous rend-il pas en composant de la bonne musique toute l'estime que nous lui avons porté?
C'est à croire à la finale que Gilmour se réservait pour Pink Floyd, et que tout seul il perdait de son génie et de son savoir faire, mais le Floyd c'est fini alors il devra coûte que coûte se ressaisir..
Perso, je crois beaucoup à la dualité dans la création artistique, je m'explique, lorsque McCartney composait avec Lennon, ils ont pondu des merveilles, lorsque dans Genesis, Banks, Gabriel et Hackett composaient ensemble, on est tous d'accord pour dire qu'ils ont créé des chefs d'oeuvre; tout seuls ce fut différent et seul Hackett perpétue l'esprit de la genèse, ses albums solo sont de toute beauté.
On peut transposer cette analyse pour nos deux protagonistes car lorsqu'ils composent chacun dans leur coin et qu'ils ne doivent pas se confronter à leur alter-égo musical, ils placent de fait la barre mois haute.
Est ce à dire qu'aussi bien Gilmour que Waters n'enregistreront plus rien de valable, je ne le pense pas, ils possèdent tous deux un talent indéniable, il faut simplement qu'ils se remettent en question comme lorsqu'ils étaient jeunes et qu'ils s'imaginent avoir l'autre en point de mire.
On peut se consoler en constatant que en "live" le mec est capable du meilleur, si vous allez sur You Tube allez jeter un œil sur les cinquante ans de la guitare Fender, et là Gilmour est prodigieux, le guitariste a encore beaucoup de cordes à son arc et très certainement encore beaucoup de choses à nous dire.
La même chose pour ceux qui ont eu la chance d'assister à son concert d'Orange récemment, il parait que c'était géant, et j'ai appris ces jours-ci qu'il était monté sur scène au célèbre Royal Albert Hall de Londres avec le petit prodige qu'est Steven Wilson
Cette chronique ne tire pas un constat d'échec de la situation, ce n'est pas non plus de la nostalgie, j'aimerai toujours David Gilmour, car l'homme qui a composé "Comfortably Numb" un des plus beaux morceaux si ce n'est le PLUS BEAU de la musique moderne, ne peut qu'avoir une place privilégiée dans mon cœur de mélomane.
En ce qui concerne l'achat de ce disque, libre à vous de vous en décider ou pas, en souhaitant que tout ce qui précède ne vous dissuade pas d'apprécier un des maîtres incontesté de la six cordes toutes périodes confondues.
                 


Dany 

3/5: *****








Rebelote.
Presqu'un an après le dernier album de Pink Floyd, voici peut-être le dernier album de son légendaire guitariste. Et dans les 2 cas, l'encre coule à flot.
Alors à quoi bon écrire une n-ième chronique noyée dans la masse de celles déjà écrites ou en passe de l'être ?
Dany voulait exprimer sa déception: ok, c'est légitime. Et puis il n'y a pas (encore) de censure sur ce blog !.. profitons, tant que c'est la fête.

De mon côté, je ne parlerai pas de ce Rattle...; pour résumer: je le trouve très bon. Voire excellent, mais ça le temps le dira. On écoute à longueur d'année(s) des albums de prog, de groupes qui "font" (ou qui essaient de faire) du Floyd, en tout cas qui en sont largement inspirés: je ne vais pas les citer, il y en a des caisses, dont un petit nombre est chroniqué sur ce blog. Pas un n'arrive à la cheville de Gilmour, y compris de ce Rattle. On me dira que je ne suis pas objectif: c'est vrai. Et alors ?.. Si quelques-uns arrivent effectivement à proposer un ou plusieurs titres, voire un album complet, du niveau du Floyd ou de Gilmour, combien sont capables de réitérer la chose, de confirmer sur plusieurs années et/ou plusieurs albums ? combien sont capables d'enchaîner ne serait-ce que 2 ou 3 albums consécutifs de très haut calibre ? pas beaucoup, hein, pour ne pas dire aucun.    
Ah oui, ce jingle, ce fameux jingle de la sncf !.. A lire certains trucs, on dirait que Gilmour a découvert la notion de jingle. Combien de fois en retrouve-t-on des jingles à 4 notes dans les morceaux du Floyd, tiens juste comme ça ?.. l'intro de Shine On Your Crazy Diamond (part 1), le gimmick au claviers de Have A Cigar. Celui de High Hopes fait 6 notes, dommage (2 fois 3 en fait), et ferait un bon jingle, lui aussi (un peu lent, peut-être ?). Me rappelle pas avoir lu d'articles qui criaient au scandale... Comprends pas.
Ce qu'on aime chez Gilmour c'est l'élégance de son jeu, la finesse de ses compos et de leurs arrangements. Sa musique s'adresse aussi bien à notre cerveau qu'à notre cœur. Peu importe la forme qu'elle peut prendre (prog, rock, blues, légèrement jazzy), on n'a jamais l'impression d'être pris pour un abruti ou un crétin quand on l'écoute. La musique parle autant que les textes, c'est à la fois cérébral et mélancolique ("Faces of Stone"), hypnotique et nostalgique ("5 am", "A Boat Lies Waiting", "Beauty", "And Then..."), surprenant ("In Any Tongue", "The Girl in the Yellow Dress") quand ce n'est pas carrément bluffant ("Today", à la ligne de basse magique). Définitivement, Gilmour reste un maître. Et ça fait presque 50 ans que ça dure... 


Je terminerai avec 2 mots sur The Wall, dont on vient de voir le film/concert en début de semaine. 



Il y a 36 ans (et oui, putain, 36 ans !) cet album était un énorme cri de désespoir, de colère et de haine contre un peu tout, de la part de Waters. L'âge aidant, la colère est devenue plus intérieure, le cri plus sourd. Waters a changé: il n'est plus le type arrogant et mégalo qui étalait (imposait ?) son mal-être aux yeux et aux oreilles de tous. Il est revenu sur terre. 
Quelqu'un l'a sûrement aidé (psy, famille, j'en sais rien) parce qu'il était vraiment perché; et s'il s'en est sorti tout seul, alors chapeau, parce qu'il y avait du boulot, il aurait largement pu finir comme Barrett
Sa grande force, c'est d'avoir resitué The Wall dans un nouveau contexte, plus actuel. Il ne s'agit plus de l'homme qui en veut à la terre entière de lui avoir enlevé son père pendant la 2nde guerre mondiale, alors qu'il était gamin, mais de la colère froide de l'adulte révolté d'assister à la mort de tous ces anonymes, militaires et civils, dans des conflits soigneusement provoqués par des dirigeants dont les intérêts et les objectifs sont tout sauf le bien-être des peuples. 
La colère personnelle et égoïste est devenue globale et altruiste
Le propos s'en trouve totalement transformé, tout en conservant la forme musicale intacte (ce qui semble étonner Mason lui-même, dans le petit documentaire qui suit le film). On aime ou on déteste Waters, mais son approche et la façon dont il a fait "vivre" The Wall (et non pas se contenter de le jouer tel quel, encore et encore à l'identique pendant des décennies) sont remarquables. 
Je voulais juste le souligner.



J-Yves



x/y: je ne note pas ce qui ne peut pas être noté...




Rattle That Lock
1. 5 A.M. (Gilmour) 
2. Rattle That Lock (Gilmour/Samson/Boumendil) 
3. Faces Of Stones (Gilmour) 
4. A Boat Lies Waiting (Gilmour/Samson) 
5. Dancing Right In Front Of Me (Gilmour) 
6. In Any Tongue (Gilmour/Samson) 
7. Beauty (Gilmour) 
8. The Girl In The Yellow Dress (Gilmour/Samson) 
9. Today (Gilmour/Samson) 
10. And Then.....(Gilmour)


Credits:
David Gilmour: electric & acoustic guitars, bass, percussion, piano, Hammond organ, electric piano, saxophone, vocals, cumbus, bass harmonica 
Guy Pratt: bass
Phil Manzanera: piano, keyboards
Polly Samson: piano, vocals 
Steve Di Stanislao: drums
Mica Paris: vocals
Louise Marshall and The Liberty Choir: vocals