mercredi 28 novembre 2012

ZZ Top - La Futura

ZZ Top - La Futura (09/2012)
Toujours vivants !

Tout au long de cette année 2012 nous avons eu le droit aux sorties d'albums de quelques "vieux de la vieille", monstres sacrés qui ont débuté leurs carrières au début des années 70, voire des années 60 ! Et on parle bien ici de "vrais" albums, enregistrés en studio et contenant des compositions nouvelles, et non pas des compils ou autres coffrets anniversaires/albums remastérisés dont c'est la grande mode. On a donc vu tour à tour les dernières livraisons de Bob Dylan, Neil Young, Leonard Cohen, Bruce Springsteen, Lynyrd Skynyrd et pour ce qui nous concerne ici ZZ Top. Oui, quelqu'un veut ajouter quelque chose ?.. ah, oui, effectivement, il y a eu aussi les albums de Madonna, Céline Dion et Mylène Farmer... ok, merci; la prochaine fois que vous m'interrompez pour raconter ce genre de truc, vous aurez un aperçu de ce que peut ressentir un slip dans un tambour de machine à laver pendant un essorrage à 1800 tours/mn.
ZZ Top, donc. Tout le monde connaît ce trio Texan, composé de 2 barbus (Billy Gibbons & Dusty Hill) et d'un moustachu qui s'appelle... Barbe (Franck Beard, le batteur). Même mon beau-frère qui n'écoute que Florent Pagny et les Black Eyed Peas les connaît, c'est pour dire ! Trio dont les membres n'ont jamais changé depuis 40 ans, ce qui est assez rare pour être souligné. Après les succès fulgurants d'Eliminator et d'Afterburner au coeur des années 80, ils traversèrent les années 90 et 2000 dans un relatif anonymat médiatique, ayant du mal à retrouver leur second (ou plutôt troisième) souffle. Il faut dire qu'ils avaient connu le succès en noyant leur savant mélange de blues et de booggie rock d'origine dans une espèce de sauce électronique obtenue à grand renfort de synthés et de boîtes à rythmes. Idéale pour MTV et les boîtes de nuits, cette mixture fut largement indigeste pour les inconditionnels de la première heure, qui se demandèrent alors à quoi jouaient ces Tres Hombres
C'est à cette époque que je décrochais les wagons, comme beaucoup. En 2003, la pochette de Mescalero pouvait laisser penser que le temps de la repentence était enfin arrivé. J'avais sauté Antenna, Rhytmeen et XXX, mais ce Mescalero me confortait dans l'idée que je n'avais rien loupé. Là encore, je me disais qu'après toutes ces années le trio était maintenant en pilotage automatique, d'autant plus qu'il officie dans un genre qui se prête mal aux innovations et qui tourne très vite en rond.
Presque 10 ans plus tard, voici La Futura. A l'entame de la première écoute, je ne m'attends à rien de particulier, si ce n'est le vague préssentiment de ne pas aller plus loin que le 5eme morceau... I Gotsta Get Paid, le premier titre, accroche l'oreille d'entrée. Riff efficace, pas mal. Chartreuse et ses 3 mn nous font redresser la 2eme oreille. La suite nous fera successivement cligner des yeux, relever la tête, puis taper des pieds. Même la baisse de rythme sur Over You ne suffit pas à faire tomber la pression. Ce qui fait qu'on atteint facilement (et avec surprise, disons-le) le dernier des 10 titres, sans éprouver le moindre ennui ni lassitude. Les barbus nous proposent ici un album "retour aux sources" qui fait du bien . A l'inverse de ces bagnoles qu'on nous propose "suréquipées" alors qu'on a juste besoin qu'elles démarrent et qu'elles roulent, ZZ Top revient à l'essentiel avec un bon vieux blues rock binaire, carré et sans bavures. Ca roule et ça balance, et la voix rauque et rocailleuse de Gibbons n'a plus grand chose à voir avec celle qui officiait sur le Gimme All Your Lovin'... 
On retrouve enfin le petit frère de Deguëllo ou d'El Loco tant attendu, et ça fait du bien ! Il faut encore lever les yeux pour voir les sommets que sont Rio Grande Mud ou Tres Hombres, mais goûtons notre plaisir. A ceux qui ont été victimes d'Eliminatorite ou d'Afterburnerite aigüe(s), c'est bon les gars, on a (enfin !) trouvé le remède: 1 La Futura matin et soir, pendant 5 jours. Efficacité garantie, j'ai testé pour vous !
Si le récent Lynyrd Skynyrd, Last of a Dyin' Breed, nous laisse un peu sur notre faim, ce La Futura nous réconcilie avec les 3 Texan. Et ça, pour une nouvelle, c'est une bonne nouvelle !

Pour finir: je ne voudrais pas me vanter, mais arriver à glisser Céline Dion, Mylène Farmer et les Black Eyed Peas dans une chronique sur ZZ Top, faut quand même le faire !


J-Yves


4/5: *****

mercredi 21 novembre 2012

Lou Doillon - Places

Lou Doillon - Places  (09/2012)
Ouais ouais, allez-y, marrez-vous ! ne mentez pas, je vous vois: petits sourires en coin, ricanements, y en même 2 ou 3 qui rigolent franchement... du style: "non mais c'est quoi ça ? un blog sur le prog progressif qui vient nous parler d'un truc pour pseudo-intellectuels bobos parisiens ?! mort de rire... il est malade, ce type, faut l'enfermer !". 
Bon alors, d'abord, et d'un, je ne suis pas malade. Du moins, pas que je sache. De deux, je ne suis pas un intégriste du prog, j'essaie d'écouter un certain nombre de choses. Bien qu'il soit impossible, à part sous la torture, de me faire entendre n'importe quel morceau de R'n'B, de rap, de variété française, ou, pire encore, d'electro-house / techno, je peux faire l'effort de tendre une oreille vers à peu près n'importe quoi d'autre, même si ce n'importe quoi, du coup, se retrouve assez limité !
Bon alors si vous pouviez arrêter 2 minutes de rigoler comme des chèvres et lire ces quelques lignes, merci. 
Tout d'abord, qui est Lou Doillon ? N'importe quel magazine people vous dira qu'elle est la fille du réalisateur Jacques Doillon et de Jane Birkin. En poussant nos investigations, on découvre qu'elle est la demi-soeur de Charlotte Gainsbourg. C'est bon, on peut stopper là pour la partie arbre généalogique. Musicalement, ce que fait la mère n'est pas ma tasse de thé, comme disent les gens courtois. Il est de bon ton, voire de bon goût, de s'extasier devant chaque production de la dame. Pas moi. J'en déduis donc que je n'ai pas de goût ("je n'ai pas de ton" ne voulant rien dire...). Quant à ce que fait la demi-soeur, Charlotte, dans la chanson, et bien oui, on peut se poser la question: "qu'est-ce qu'elle vient faire dans la chanson ? pourquoi ne reste-t-elle pas dans le cinéma ?".
C'est donc dans ce contexte "familial" qu'on aborde l'album de Lou, et on peut dire que ça se présente assez mal. 
La première fois qu'un morceau de ce Places (non, ce n'était pas ICU !) m'est tombé dessus, je ne savais pas que c'était Lou qui chantait. Une voix grave, veloutée. Pas le genre de voix qui me transporte, mais un chant juste, posé, sans artifices ni gueulantes. Pas mal. Musicalement, une base folk au style léger, délicat, épuré et clair. Sur le coup, j'étais persuadé d'entendre un morceau de Moriarty ou de Feist. L'envie d'en écouter plus est venue immédiatement. Ce fut alors l'agréable surprise de découvrir que l'ensemble de l'album est du même accabit: une ambiance un peu sombre, mélancolique, vaporeuse. La musique est jouée par de vrais musiciens, sur de vrais instruments: on échappe à cette bouillie actuelle truffée d'electronique et d'ordinateurs. Un album à contre-courant, à l'opposé de l'air du temps. Et c'est en celà qu'il est intéressant: il respire la sincérité et l'honnêteté. Quant tant d'autres (actrices, comédiennes, manequins) font leur petit caprice musical et sortent un album qu'on leur fabrique de toute pièce, artificiel, où elles se contentent de venir poser leur voix, Lou signe paroles et musiques, svp ! Et il faut bien l'avouer: ça tient la route.
Elégance, sincérité, honnêteté, authenticité, mélancolie: voilà comment résumer la chose. Laisser tomber les préjugés et ne donner, ne serait-ce qu'une seule fois, la chance à ce CD de faire un tour de platine est mon conseil. Vous en faites bien ce que vous voulez (du conseil...).
Si vous êtes arrivés jusqu'ici, merci d'avoir lu ces quelques lignes. Vous pouvez maintenant recommencer à rigoler.

 J-Yves

3/5: *****

mercredi 14 novembre 2012

Rick Miller - Dark Dreams

Rick Miller - Dark Dreams (06/2012)
Rick Miller est un multi-instrumentiste Canadien qui a débuté sa carrière il y a près de 30 ans, au début des années 80. Il a sorti au mois de juin dernier son 9ème album; les balèzes en calcul mental en déduiront qu'il sort en moyenne un album tous les 3 ans. Ils auront tort, l'album précédent In the Shadows étant sorti il y a tout juste 1 an. Mais bon, 9 albums en 3 décennies, à ce rythme là on pourrait croire que si Rick prend son temps, c'est pour mieux explorer, fouiller, découvrir.. il semble que non. De l'avis général, Rick campe immuablement dans son style de prédilection, à savoir un prog atmosphérique (très) lancinant, (très) mélancolique, (très) sombre, (très) proche de l'ambient. Oui, aujourd'hui, je mets les "très" entre parenthèses, soyons fous...
Fin de l'intro.
Amateurs de metal, hard rock et autres genres qui font taper des pieds et secouer les têtes (ou l'inverse) vous pouvez passer votre chemin et arrêter ici la lecture de cette chronique: cet album n'est pas pour vous, c'est le moins que l'on puisse dire.
A ce stade, je pense que c'est clair pour tout le monde: nous avons ici affaire à un album antistress, qui passe bien en fond musical et qu'on imagine facilement accompagnant des exercices de relaxation ou d'étirement, le genre de chose qu'on exécute à 2 à l'heure... Les morceaux, linéaires, défilent les uns derrière les autres sans que l'on note de différences significatives: de longues plages de synthé sur lesquelles vogue une guitare aérienne, aux fortes similitudes gilmouriennes. Quelques apparitions d'un violoncelle, d'une flûte ou d'un violon. Et de temps en temps Rick vient poser sa voix (douce et feutrée, évidemment) aux fortes tonalités gilmouriennes, elle aussi. C'est calme, apaisant, mélodieux. La production est nickel (en même temps, qui de nos jours, réussit l'exploit de sortir un album mal produit ?).
Oui mais voilà: au bout d'un moment, même si l'album est relativement court (moins de 45 mn), on s'ennuie quand même un peu !... C'est beau, c'est propre, ça ne déborde pas sur les côtés, mais après 3 ou 4 morceaux on a envie de demander à Rick si, des fois, il ne penserait pas à passer la seconde ?
En comparaison, le Storm Corrosion ferait presque figure de musique pour banquets, pour lancer des chenilles et des farandoles. Si vous avez un copain qui n'a pas la pêche, voire en phase de dépression, surtout ne lui faites pas écouter ce Dark Dreams ! idem pour un suicidaire: c'est passage à l'acte obligé.
Pour finir, un bon point pour la pochette, superbe. Le genre de visuel qui donne tout de suite envie d'acheter la galette pour l'enquiller dans la platine CD.
Je conseille l'écoute, disponible en streaming ici: http://rickmiller.bandcamp.com

J-Yves

3/5: *****