mercredi 30 décembre 2015

Catalyst - Miss Burnt

Catalyst - Miss Burnt (12/2015)
Pour la der de l'année, cette chronique sera un peu spéciale. Pas envie de faire un n-ième Top5 (ou 10, ou 20), encore moins un Flop (5, 10, 20..) de l'année; mon Top-2015 est là, dans ce blog: j'aime tout ce que je chronique, et je chronique tout ce que j'aime. Et comme j'ai horreur des redites...
Cette chronique, sous forme de clin d’œil, sera donc essentiellement un grand coup de chapeau à tous ces musiciens, auteurs, compositeurs et interprètes, qui font de la musique en amateurs, dans le sens noble du terme. Des gens qui jouent sur de vrais instruments, qui chantent sans l'aide d'autotune, qui composent et écrivent leurs propres morceaux. S'il y a bien une expression qui me file des boutons, c'est lorsque je lis "cet album, ce film, est fait sans prétention". N'importe quoi: bien sûr qu'il y en a de la prétention !.. De l'ambition aussi (celle de bien faire), de la volonté, de la rigueur, de l'intransigeance et une pincée de présomption (il en faut). Entre autres.
La prétention surtout de posséder sa propre personnalité, sa propre empreinte. Ne pas se contenter de reprendre des standards ou de singer les "vrais" artistes. Artistes qui, pour certains d'ailleurs, se contentent eux aussi de singer leurs aînés voire même leurs contemporains... enfin, passons.
Les Catalyst font partie de cette catégorie, celle qui creuse son propre sillon, trace sa propre voie. Oui je sais, ça fait beaucoup de "propre" en moins de 3 phrases, mais j'en ai acheté tout un stock, je dois les écouler !
Au niveau com', les Catalyst font le minimum syndical: une page facebook, une (mini-)chaîne youtube et un (mini-)compte soundcloud. Point. Pas de bio, pas d'interview, pas d'articles de journaux sur lesquels s'appuyer pour écrire un semblant de présentation. Dur, dur. Un informateur de mon entourage m'indique simplement que le groupe est basé du côté de Marseille (La Ciotat) où ils sévissent régulièrement pour quelques concerts plus ou moins privés. Ce même informateur m'agite sous le nez un CD en me disant: "Tiens, ils viennent même de sortir un CD !.. Ecoute ça, c'est géniaaaal !".
En guise de CD, il s'agit d'un EP de 8 titres, d'une durée de 30 minutes. Auto-écrit, auto-composé, auto-arrangé et auto-produit. Rien que ça. Et effectivement, c'est pas mal (la notion de "géniaaaal" variant suivant les âges et les personnes).

Musicalement, les Catalyst c'est la rencontre entre un groupe de musiciens aguerris, ayant baigné dans le rock des années 70 (et un peu beaucoup dans Pink Floyd, si j'en crois mes oreilles), et une jeune chanteuse, Lisa, qui baigne dans tout ce qu'elle peut écouter. Inutile de se creuser la tête pendant des heures pour savoir d'où vient le nom du groupe, ni pour déterminer qui pourrait bien être cet élément "catalyseur"... Lisa pose sa voix grave, ferme et feutrée (rappelant à l'occasion celle de Scarlett Johansson) sur une rythmique mid-tempo qui oscille entre pop, rock et funk. Oui, ok, mais elle est où cette "personnalité" spécifique au groupe ? me demanderont les plus perspicaces... Et je répondrais sans hésiter: dans le chant. Plus précisément dans le décalage entre la froideur du chant syncopé (certains diront le "flow", ou chant "rap") et la chaleur de la musique à consonance rock. Ce qui donne un petit côté Red Hot Chili Peppers feat. Oasis, un peu dans l'esprit (toute proportion gardée, bien sûr) du "Walk This Way" réunissant les hard-rockers d'Aerosmith et les rappeurs du Run-DMC à la fin des années 80. La rencontre de 2 mondes. 
Et c'est réussi, il faut bien le dire. On prend plaisir à écouter de bout en bout cet EP, aux compositions variées et entraînantes (si on excepte "Cycle", très belle ballade guitare-voix). Quelques défauts, évidemment, mais est-ce bien important ?
Il existe des centaines de groupes comme les Catalyst en France. Des musiciens qui jouent pour leur plaisir, et pour le notre. Avec lesquels on partage notre passion: la musique. Et qui méritent un petit/grand/amical (au choix) coup de chapeau pour ce qu'ils font et ce qu'ils apportent.
C'est le but de cette chronique.

Bonne année.


J-Yves






Miss Burnt
1. Brain fucker (4:20)
2. The hate of waiting (2:58)
3. Burning place (3:53)
4. Miss Burnt (3:08)
5. L'autre (Jack Sparrow remix)
6. Cycle (3:12)
7. Paradise (4:42)
8. Out of my head (5:01)

Catalyst -  www.facebook.com/TheCatalyst22

Bernard Aimar: basse
Pierre Catala: guitare, compositions
Lisa "Vinscat" Vinotti: chant, textes, compositions
Gilles Grégoire: batterie
Marc Zobel, Claude Ankry: claviers
Tchois: Saxo

Manon: l'informateur.

photo: (c) Catalyst






mardi 8 décembre 2015

Ane Brun - When I'm Free

Ane Brun - When I'm Free (09/2015)
Ane Brun, de son vrai nom Ane Brunvoll, est une songwriter (auteur-compositeur-interprète) norvégienne, qui a longtemps vécu dans sa ville natale, Molde, mais qui s'est installée depuis près de 15 ans en Suède (Stockholm). Après 2 EPs en 2001, elle sort son premier album studio, "Spending Time with Morgan" en 2003. En Europe du nord elle connaît le succès assez rapidement, ses albums étant régulièrement disque d'or ou de platine. En parallèle, elle multiplie les collaborations, entre autre avec Ron Sexsmith et les français de Syd Matters. Mais celle qui la révèle au grand public est sa participation aux albums "Scratch My Back" et "New Blood" de Peter Gabriel (2010-2011), qu'elle accompagne aussi en tournée, partageant le chant avec Mélanie, la fille de Peter
L'univers musical d'Ane est fait de poésie, de tendresse et de délicatesse. Elle fait partie de cette catégorie de chanteuses-compositrices au charme discret, qui s'appuient sur une large palette allant de la folk acoustique à la pop/world electro en passant par le jazz ou l'americana, pour mettre en avant leur voix douce, aérienne et profonde. Qu'elles se nomment Feist, Heather Nova, Beth Orton, Sarah Blasko, Neko Case, Christine McVie ou Dido, elles ont en commun de proposer des chansons subtiles, élégantes, mélodieuses et d'une rare intensité. S'accompagnant d'une guitare, d'un piano, d'une boîte à rythme ou d'un groupe au complet, leurs compositions ne sont jamais superficielles ou futiles. Il serait d'ailleurs faux de croire que l'accent est mis essentiellement sur le texte et la voix: les orchestrations et les arrangements sont souvent de petites merveilles de précision et de finesse.
S'il a bien une chose sur laquelle il ne faut surtout pas s'attarder sur ce "When I'm Free", sixième album de la jeune femme, c'est la pochette !.. A sa vue, on peut s'attendre au pire: musique kitsch qui nous ramènerait au pire des années 80, ou encore à de la soupe indigeste à la Katy Perry et toute cette daube. Rien de tout ça bien sûr, sinon on n'en parlerait pas ! Alors c'est vrai: il y a un problème avec cette pochette... passons.
Car le plus important, comme toujours, c'est le contenu. L'album débute par les cordes de violons, rejoints par une boîte à rythme, où la voix grave et froide des couplets décolle, sur le refrain, vers les sommets pour devenir pure et cristalline. Le ton est donné: alliant fragilité et fermeté, le chant est représentatif de cette force intérieure qui inonde Ane, et qui lui permet de surmonter les épreuves que lui fait subir la maladie depuis de longues années. Une maladie qui, loin de la neutraliser dans un statu quo musical, la pousse au contraire à explorer encore et toujours de nouvelles pistes, de nouveaux paysages sonores. Il en est ainsi de ce "Directions" dansant, aux accents trip-hop, de ce surprenant "Shape Of a Heart" orientalisant, ou encore de ce "Better Than This" assez (Kate-)Bushien. Mais le point fort d'Ane reste la balade. Difficile de résister à la beauté poignante d'un "Still Waters", à la tristesse émouvante d'un "Miss You More", à la douce mélancolie d'un "Black Notebook". Sans parler du "Signing Off" final, où la guitare et la voix sont en apesanteur, et où le temps semble s'arrêter.
Voilà, inutile d'en dire plus. On aime des riffs de guitare rageurs sur des rythmiques puissantes, ou l'inverse. Mais de temps en temps on apprécie d'aller à l'essentiel. Et l'essentiel est là: intensité, beauté, émotion. Chuuut...



J-Yves


4/5: *****







When I’m Free - Ane Brun 

1. Hanging (5:38)
2. Black Notebook (3:58)
3. You Lit My Fire (4:57)
4. Directions (3:15)
5. Shape Of A Heart (3:40)
6. Miss You More (3:36)
7. All We Want Is Love (4:23)
8. Still Waters (5:25)
9. Better Than This (5:34)
10. Signing Off (5:30)










dimanche 6 décembre 2015

Amadeus Awad - Death is Just a Feeling

Amadeus Awad - Death is Just a Feeling (08/2015)
Voici un album qui nous vient du Liban - une fois n'est pas coutume. Il s'agit cette fois du projet d'un multi instrumentiste Amadeus Awad dont le véritable nom est Ahmad Awad. C'est lui qui a créé ce concept album, "Death Is Just A Feeling", faisant suite à une expérience qu'il a vécu et qui en l'occurrence se rapprochait au plus près de la mort.
Ce virtuose libanais est souvent présenté comme le Arjen Lucassen du Moyen-Orient, chose que j'avais constaté lorsque j'avais eu en main son excellent premier album "Time Of The Equinox" (2012) et un EP, "Schizanimus", qui ne m'avaient pas laissé indifférent, loin de là. 
Pour ce qui concerne ce nouveau message discographique, le musicien s'est entouré de quelques invités (et non des moindres) qui l'ont aidé à réaliser cette nouvelle oeuvre conceptuelle. La belle Anneke est de la partie, ainsi que Marco Minneman (batterie) et Arjen lui-même (entre autres). Vous parlez de belles pointures ! Arjen demeure en quelque sorte la référence et une des principales sources d'inspiration d'Amadeus Awad.
Comme c'est souvent le cas, ce concept-album a pour fil conducteur un narrateur. Ici il s'agit de Dan Harper, qui se charge de créer la liaison entre certains titres.
Huit compositions émaillent ce bien joli album, les deux dernières étant issues de disques précédents.
Ce "Death Is Just A Feeling" regorge d'ambiances "prog" à la Lucassen, mais pas que. Amadeus a bien digéré toutes les musiques qu'il a dû entendre au cours de sa vie, pour les recréer à sa manière. Cela passe précisément par des petits climats légèrement "fusion" comme sur "Monday Morning" où l'on entend bien les "drums" bien cadrés et les frappes de Minneman.
"Tomorow Lies" est une compo nettement plus "prog" dans laquelle les claviers, les guitares et les orchestrations  d'Amadeus prennent ici leur véritable envol. Sur le morceau suivant on ne peut qu'être conquis par la présence d'Anneke, qui illumine totalement par son aura la pièce centrale de l'album: "Lonesome Clown". Sur ce titre très "lucassien" (c'est d'ailleurs le plus long du disque: 12 minutes très intenses) la chanteuse réalise une fois de plus une prestation prodigieuse. Comme d'habitude, serons-nous tenté de dire...
Le dernier titre, "Temporary" (puisque les deux suivants sont des reprises), flirte un peu avec le "prog/fm" avec son solo de clarinette à la Supertramp mais un tantinet orientalisant. Awad en profite pour y envoyer un super solo de gratte.
Les deux derniers morceaux sont puissants et sur "Poetry Of Time" Amadeus signe peut-être son plus beau solo de guitare. 
Bref je ne sais pas si "la mort est juste une sensation", mais la vie quant à elle vaut d'être vécue. Surtout lorsqu'on écoute ce genre d'album qui redonne du baume au cœur - nous réconfortant quant à la bonne santé et à la vivacité de notre genre de prédilection.

Ecrit par Dany

5/5: *****







https://www.facebook.com/amadeus.awad.official

Amadeus Awad: Acoustic, Electric & Bass Guitars, Keyboards and Orchestration. 
Anneke Van Giersbergen: Vocals. 
Arjen Lucassen: Vocals. 
Elia Monsef: Vocals. 
Marco Minnemann: Drums on Tracks 2, 3, 5 & 6. 
James Keegan: Drums on Track 4. 
Nareg Nashanikian: Cello. 
Rafi Nashanikian: Clarinet. 
Dan Harper: Narration.

Death Is Just A Feeling
01. Opia (5:38)
02. Sleep Paralysis (5:45)
03. Monday Morning (4:35)
04. Tomorrow Lies (8:42)
05. Lonesome Clown (12:29)
06. Temporary (8:36)
07. Time Of The Equinox (Bonus Track) (3:45)
08. Poetry of Time (Bonus Track) (10:20)