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mercredi 21 novembre 2012

Lou Doillon - Places

Lou Doillon - Places  (09/2012)
Ouais ouais, allez-y, marrez-vous ! ne mentez pas, je vous vois: petits sourires en coin, ricanements, y en même 2 ou 3 qui rigolent franchement... du style: "non mais c'est quoi ça ? un blog sur le prog progressif qui vient nous parler d'un truc pour pseudo-intellectuels bobos parisiens ?! mort de rire... il est malade, ce type, faut l'enfermer !". 
Bon alors, d'abord, et d'un, je ne suis pas malade. Du moins, pas que je sache. De deux, je ne suis pas un intégriste du prog, j'essaie d'écouter un certain nombre de choses. Bien qu'il soit impossible, à part sous la torture, de me faire entendre n'importe quel morceau de R'n'B, de rap, de variété française, ou, pire encore, d'electro-house / techno, je peux faire l'effort de tendre une oreille vers à peu près n'importe quoi d'autre, même si ce n'importe quoi, du coup, se retrouve assez limité !
Bon alors si vous pouviez arrêter 2 minutes de rigoler comme des chèvres et lire ces quelques lignes, merci. 
Tout d'abord, qui est Lou Doillon ? N'importe quel magazine people vous dira qu'elle est la fille du réalisateur Jacques Doillon et de Jane Birkin. En poussant nos investigations, on découvre qu'elle est la demi-soeur de Charlotte Gainsbourg. C'est bon, on peut stopper là pour la partie arbre généalogique. Musicalement, ce que fait la mère n'est pas ma tasse de thé, comme disent les gens courtois. Il est de bon ton, voire de bon goût, de s'extasier devant chaque production de la dame. Pas moi. J'en déduis donc que je n'ai pas de goût ("je n'ai pas de ton" ne voulant rien dire...). Quant à ce que fait la demi-soeur, Charlotte, dans la chanson, et bien oui, on peut se poser la question: "qu'est-ce qu'elle vient faire dans la chanson ? pourquoi ne reste-t-elle pas dans le cinéma ?".
C'est donc dans ce contexte "familial" qu'on aborde l'album de Lou, et on peut dire que ça se présente assez mal. 
La première fois qu'un morceau de ce Places (non, ce n'était pas ICU !) m'est tombé dessus, je ne savais pas que c'était Lou qui chantait. Une voix grave, veloutée. Pas le genre de voix qui me transporte, mais un chant juste, posé, sans artifices ni gueulantes. Pas mal. Musicalement, une base folk au style léger, délicat, épuré et clair. Sur le coup, j'étais persuadé d'entendre un morceau de Moriarty ou de Feist. L'envie d'en écouter plus est venue immédiatement. Ce fut alors l'agréable surprise de découvrir que l'ensemble de l'album est du même accabit: une ambiance un peu sombre, mélancolique, vaporeuse. La musique est jouée par de vrais musiciens, sur de vrais instruments: on échappe à cette bouillie actuelle truffée d'electronique et d'ordinateurs. Un album à contre-courant, à l'opposé de l'air du temps. Et c'est en celà qu'il est intéressant: il respire la sincérité et l'honnêteté. Quant tant d'autres (actrices, comédiennes, manequins) font leur petit caprice musical et sortent un album qu'on leur fabrique de toute pièce, artificiel, où elles se contentent de venir poser leur voix, Lou signe paroles et musiques, svp ! Et il faut bien l'avouer: ça tient la route.
Elégance, sincérité, honnêteté, authenticité, mélancolie: voilà comment résumer la chose. Laisser tomber les préjugés et ne donner, ne serait-ce qu'une seule fois, la chance à ce CD de faire un tour de platine est mon conseil. Vous en faites bien ce que vous voulez (du conseil...).
Si vous êtes arrivés jusqu'ici, merci d'avoir lu ces quelques lignes. Vous pouvez maintenant recommencer à rigoler.

 J-Yves

3/5: *****