vendredi 29 novembre 2013

Nemo - Le Ver dans le Fruit

Nemo - Le Ver dans le Fruit (2013)
Déjà lorsqu'on aborde le sujet du "rock progressif" avec quelqu'un, on a généralement le droit à une petite moue gentillette.. on sent bien que le type en face de vous ne vous dit pas réellement le fond de sa pensée, mais son petit sourire en coin vous donne une piste. Et si en plus vous enchaînez sur le "rock progressif français", alors là c'est souvent l'éclat de rire assuré. On a comme ça des talents de grands comiques cachés en nous dont on ne se doutait même pas...
Créé au tout début des années 2000, Nemo est donc un groupe de rock progressif français, (rires) comme Ange et Magma donc (re-rires).
Allez, redevenons sérieux maintenant... les plus courtes sont (souvent) les meilleures.
J'ai découvert Nemo en 2004, lors de leur premier passage au Prog'Sud, où ils présentaient "Présages"; ils y sont venus une 2eme fois en 2010, cette fois pour "Barbares". Leur présence scénique n'a cessé de prendre du volume, pour preuve leurs participations dans de nombreux festivals internationaux, aussi bien en Europe que de l'autre côté de l'Atlantique.
Le prog de Nemo est à l'origine très influencé par le jazz et la fusion. En conservant leur technicité irréprochable et en continuant de puiser leurs influences dans le rock "musclé" des seventies, le groupe va participer à ce renouveau du prog qui intervient à la fin des années 90-début des années 2000, lorsque le neo-prog commence de plus en plus à ressembler à une caricature de lui-même; il n'est plus neo, ni plus tout à fait prog. Le style du groupe va donc évoluer au fur et à mesure des 7 précédents albums (studio) pour atteindre aujourd'hui avec ce "Ver dans le Fruit" un prog à la limite du metal, dans la droite lignée d'un Dream Theather, d'un Pain of Salvation (période Remedy Lane), pas très éloigné de ce que nous propose Ayreon et son récent "The Theory of Everything"... en mieux !
Cette orientation metal n'est pas surprenante lorsqu'on sait que Jean-Pierre Louveton (guitare & chant) officie aussi chez Wolfspring, dont le 2eme album "Who's Gonna Save the World" est sorti il y a quelques mois, et dont le style, pour le coup, est carrément 100% prog metal...
Sans faire dans la grandiloquence, ni le m'as tu vu, ce Ver dans le Fruit en impose: d'abord par sa pochette, splendide (comme toutes les pochettes du groupe, pourrait-on dire, mais celle-ci plus particulièrement). La plus belle pochette des ces quelques dernières années, pour sûr, une réelle oeuvre d'art. Mais le contenu vaut le contenant, et l'album en impose aussi par sa longueur: double-CD pour un voyage d'environ 90 minutes !.. Enfin ce Ver en impose aussi par sa variété, sa grande qualité de production et d'écriture, et sa très haute technicité (sans vouloir faire de redite). Lionel Guichard à la basse (qui vient de quitter le groupe ce 3/11/2013), Guillaume Fontaine aux claviers et Jean-Baptiste Itier à la batterie sont des musiciens dont il faut souligner la maîtrise et la technique. Et je ne parle pas de Jean-Pierre à la guitare...
En contrepoint, 2 petites remarques.
Comme souvent dans le prog, et comme souvent dans les albums de qualité, il faut se laisser guider par cet album. La longueur du voyage peut impressionner, à juste titre. Mais la variété des compositions, les parties chantées alternant avec les longues plages musicales (le point fort du groupe) ne laissent pas la place à la monotonie ni à l'ennui.
La 2eme remarque concerne le chant; l'utilisation de la langue française, surtout dans le prog, est un exercice périlleux. La solution de facilité consistant à raconter 3 bricoles en anglais, je tirerai toujours mon chapeau à ceux qui poussent le perfectionnisme à écrire et chanter des textes dans leur langue maternelle. Ceux-là plus que les autres méritent la reconnaissance, parce qu'ils mettent la barre plus haut. Je suis un vieil imbécile aigri, c'est possible, mais on ne m'enlèvera pas de la tête que choisir de chanter en anglais, lorsqu'on est français, espagnol, italien ou norvégien, c'est la solution de facilité. Il fallait que ce soit dit.
Pour finir, je terminerais sur une petite remarque, un peu liée à ce qui a été écrit juste avant: la langue française n'est pas (forcément) synonyme de chansons au rabais, loin de là. OK, la langue du blues, de la soul, du jazz, c'est l'anglais. Mais le français, ça va bien aussi, tout comme l'espagnol ou l'italien... pourquoi l'anglais, toujours l'anglais ?
Je viens de faire une petite statistique rapide: il y a actuellement sur ce blog près de 50 chroniques. Plus de 10 chroniques concernent des artistes qui chantent en français (y compris nos amis du Québec)... 20%, c'est pas mal, non ?
A ce stade, 2 possibilités: soit il est possible de faire de la qualité en n'utilisant pas la langue anglaise, soit nous avons sur ce blog des goûts de merde... 


J-Yves

4/5: *****



Le Ver dans le Fruit
2CD - 93 mn 
Release: 2/09/2013 


CD1 
01. Stipant Luporum 2.01 
02. Trojan (Le ver dans le fruit) 8.53 
03. Milgram, 1960 5.59 
04. Verset XV 7.55 
05. Un pied dans la tombe 7.11 
06. Neuro-Market 6.34 
07. Le fruit de la peur 9.43 

CD2 
01. A la une 5.08 
02. Triste fable 7.46 
03. Allah Deus 5.08 
04. Opium 9.10 
05. Arma Diania 17.19
 



Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire