mercredi 30 décembre 2015

Catalyst - Miss Burnt

Catalyst - Miss Burnt (12/2015)
Pour la der de l'année, cette chronique sera un peu spéciale. Pas envie de faire un n-ième Top5 (ou 10, ou 20), encore moins un Flop (5, 10, 20..) de l'année; mon Top-2015 est là, dans ce blog: j'aime tout ce que je chronique, et je chronique tout ce que j'aime. Et comme j'ai horreur des redites...
Cette chronique, sous forme de clin d’œil, sera donc essentiellement un grand coup de chapeau à tous ces musiciens, auteurs, compositeurs et interprètes, qui font de la musique en amateurs, dans le sens noble du terme. Des gens qui jouent sur de vrais instruments, qui chantent sans l'aide d'autotune, qui composent et écrivent leurs propres morceaux. S'il y a bien une expression qui me file des boutons, c'est lorsque je lis "cet album, ce film, est fait sans prétention". N'importe quoi: bien sûr qu'il y en a de la prétention !.. De l'ambition aussi (celle de bien faire), de la volonté, de la rigueur, de l'intransigeance et une pincée de présomption (il en faut). Entre autres.
La prétention surtout de posséder sa propre personnalité, sa propre empreinte. Ne pas se contenter de reprendre des standards ou de singer les "vrais" artistes. Artistes qui, pour certains d'ailleurs, se contentent eux aussi de singer leurs aînés voire même leurs contemporains... enfin, passons.
Les Catalyst font partie de cette catégorie, celle qui creuse son propre sillon, trace sa propre voie. Oui je sais, ça fait beaucoup de "propre" en moins de 3 phrases, mais j'en ai acheté tout un stock, je dois les écouler !
Au niveau com', les Catalyst font le minimum syndical: une page facebook, une (mini-)chaîne youtube et un (mini-)compte soundcloud. Point. Pas de bio, pas d'interview, pas d'articles de journaux sur lesquels s'appuyer pour écrire un semblant de présentation. Dur, dur. Un informateur de mon entourage m'indique simplement que le groupe est basé du côté de Marseille (La Ciotat) où ils sévissent régulièrement pour quelques concerts plus ou moins privés. Ce même informateur m'agite sous le nez un CD en me disant: "Tiens, ils viennent même de sortir un CD !.. Ecoute ça, c'est géniaaaal !".
En guise de CD, il s'agit d'un EP de 8 titres, d'une durée de 30 minutes. Auto-écrit, auto-composé, auto-arrangé et auto-produit. Rien que ça. Et effectivement, c'est pas mal (la notion de "géniaaaal" variant suivant les âges et les personnes).

Musicalement, les Catalyst c'est la rencontre entre un groupe de musiciens aguerris, ayant baigné dans le rock des années 70 (et un peu beaucoup dans Pink Floyd, si j'en crois mes oreilles), et une jeune chanteuse, Lisa, qui baigne dans tout ce qu'elle peut écouter. Inutile de se creuser la tête pendant des heures pour savoir d'où vient le nom du groupe, ni pour déterminer qui pourrait bien être cet élément "catalyseur"... Lisa pose sa voix grave, ferme et feutrée (rappelant à l'occasion celle de Scarlett Johansson) sur une rythmique mid-tempo qui oscille entre pop, rock et funk. Oui, ok, mais elle est où cette "personnalité" spécifique au groupe ? me demanderont les plus perspicaces... Et je répondrais sans hésiter: dans le chant. Plus précisément dans le décalage entre la froideur du chant syncopé (certains diront le "flow", ou chant "rap") et la chaleur de la musique à consonance rock. Ce qui donne un petit côté Red Hot Chili Peppers feat. Oasis, un peu dans l'esprit (toute proportion gardée, bien sûr) du "Walk This Way" réunissant les hard-rockers d'Aerosmith et les rappeurs du Run-DMC à la fin des années 80. La rencontre de 2 mondes. 
Et c'est réussi, il faut bien le dire. On prend plaisir à écouter de bout en bout cet EP, aux compositions variées et entraînantes (si on excepte "Cycle", très belle ballade guitare-voix). Quelques défauts, évidemment, mais est-ce bien important ?
Il existe des centaines de groupes comme les Catalyst en France. Des musiciens qui jouent pour leur plaisir, et pour le notre. Avec lesquels on partage notre passion: la musique. Et qui méritent un petit/grand/amical (au choix) coup de chapeau pour ce qu'ils font et ce qu'ils apportent.
C'est le but de cette chronique.

Bonne année.


J-Yves






Miss Burnt
1. Brain fucker (4:20)
2. The hate of waiting (2:58)
3. Burning place (3:53)
4. Miss Burnt (3:08)
5. L'autre (Jack Sparrow remix)
6. Cycle (3:12)
7. Paradise (4:42)
8. Out of my head (5:01)

Catalyst -  www.facebook.com/TheCatalyst22

Bernard Aimar: basse
Pierre Catala: guitare, compositions
Lisa "Vinscat" Vinotti: chant, textes, compositions
Gilles Grégoire: batterie
Marc Zobel, Claude Ankry: claviers
Tchois: Saxo

Manon: l'informateur.

photo: (c) Catalyst






mardi 8 décembre 2015

Ane Brun - When I'm Free

Ane Brun - When I'm Free (09/2015)
Ane Brun, de son vrai nom Ane Brunvoll, est une songwriter (auteur-compositeur-interprète) norvégienne, qui a longtemps vécu dans sa ville natale, Molde, mais qui s'est installée depuis près de 15 ans en Suède (Stockholm). Après 2 EPs en 2001, elle sort son premier album studio, "Spending Time with Morgan" en 2003. En Europe du nord elle connaît le succès assez rapidement, ses albums étant régulièrement disque d'or ou de platine. En parallèle, elle multiplie les collaborations, entre autre avec Ron Sexsmith et les français de Syd Matters. Mais celle qui la révèle au grand public est sa participation aux albums "Scratch My Back" et "New Blood" de Peter Gabriel (2010-2011), qu'elle accompagne aussi en tournée, partageant le chant avec Mélanie, la fille de Peter
L'univers musical d'Ane est fait de poésie, de tendresse et de délicatesse. Elle fait partie de cette catégorie de chanteuses-compositrices au charme discret, qui s'appuient sur une large palette allant de la folk acoustique à la pop/world electro en passant par le jazz ou l'americana, pour mettre en avant leur voix douce, aérienne et profonde. Qu'elles se nomment Feist, Heather Nova, Beth Orton, Sarah Blasko, Neko Case, Christine McVie ou Dido, elles ont en commun de proposer des chansons subtiles, élégantes, mélodieuses et d'une rare intensité. S'accompagnant d'une guitare, d'un piano, d'une boîte à rythme ou d'un groupe au complet, leurs compositions ne sont jamais superficielles ou futiles. Il serait d'ailleurs faux de croire que l'accent est mis essentiellement sur le texte et la voix: les orchestrations et les arrangements sont souvent de petites merveilles de précision et de finesse.
S'il a bien une chose sur laquelle il ne faut surtout pas s'attarder sur ce "When I'm Free", sixième album de la jeune femme, c'est la pochette !.. A sa vue, on peut s'attendre au pire: musique kitsch qui nous ramènerait au pire des années 80, ou encore à de la soupe indigeste à la Katy Perry et toute cette daube. Rien de tout ça bien sûr, sinon on n'en parlerait pas ! Alors c'est vrai: il y a un problème avec cette pochette... passons.
Car le plus important, comme toujours, c'est le contenu. L'album débute par les cordes de violons, rejoints par une boîte à rythme, où la voix grave et froide des couplets décolle, sur le refrain, vers les sommets pour devenir pure et cristalline. Le ton est donné: alliant fragilité et fermeté, le chant est représentatif de cette force intérieure qui inonde Ane, et qui lui permet de surmonter les épreuves que lui fait subir la maladie depuis de longues années. Une maladie qui, loin de la neutraliser dans un statu quo musical, la pousse au contraire à explorer encore et toujours de nouvelles pistes, de nouveaux paysages sonores. Il en est ainsi de ce "Directions" dansant, aux accents trip-hop, de ce surprenant "Shape Of a Heart" orientalisant, ou encore de ce "Better Than This" assez (Kate-)Bushien. Mais le point fort d'Ane reste la balade. Difficile de résister à la beauté poignante d'un "Still Waters", à la tristesse émouvante d'un "Miss You More", à la douce mélancolie d'un "Black Notebook". Sans parler du "Signing Off" final, où la guitare et la voix sont en apesanteur, et où le temps semble s'arrêter.
Voilà, inutile d'en dire plus. On aime des riffs de guitare rageurs sur des rythmiques puissantes, ou l'inverse. Mais de temps en temps on apprécie d'aller à l'essentiel. Et l'essentiel est là: intensité, beauté, émotion. Chuuut...



J-Yves


4/5: *****







When I’m Free - Ane Brun 

1. Hanging (5:38)
2. Black Notebook (3:58)
3. You Lit My Fire (4:57)
4. Directions (3:15)
5. Shape Of A Heart (3:40)
6. Miss You More (3:36)
7. All We Want Is Love (4:23)
8. Still Waters (5:25)
9. Better Than This (5:34)
10. Signing Off (5:30)










dimanche 6 décembre 2015

Amadeus Awad - Death is Just a Feeling

Amadeus Awad - Death is Just a Feeling (08/2015)
Voici un album qui nous vient du Liban - une fois n'est pas coutume. Il s'agit cette fois du projet d'un multi instrumentiste Amadeus Awad dont le véritable nom est Ahmad Awad. C'est lui qui a créé ce concept album, "Death Is Just A Feeling", faisant suite à une expérience qu'il a vécu et qui en l'occurrence se rapprochait au plus près de la mort.
Ce virtuose libanais est souvent présenté comme le Arjen Lucassen du Moyen-Orient, chose que j'avais constaté lorsque j'avais eu en main son excellent premier album "Time Of The Equinox" (2012) et un EP, "Schizanimus", qui ne m'avaient pas laissé indifférent, loin de là. 
Pour ce qui concerne ce nouveau message discographique, le musicien s'est entouré de quelques invités (et non des moindres) qui l'ont aidé à réaliser cette nouvelle oeuvre conceptuelle. La belle Anneke est de la partie, ainsi que Marco Minneman (batterie) et Arjen lui-même (entre autres). Vous parlez de belles pointures ! Arjen demeure en quelque sorte la référence et une des principales sources d'inspiration d'Amadeus Awad.
Comme c'est souvent le cas, ce concept-album a pour fil conducteur un narrateur. Ici il s'agit de Dan Harper, qui se charge de créer la liaison entre certains titres.
Huit compositions émaillent ce bien joli album, les deux dernières étant issues de disques précédents.
Ce "Death Is Just A Feeling" regorge d'ambiances "prog" à la Lucassen, mais pas que. Amadeus a bien digéré toutes les musiques qu'il a dû entendre au cours de sa vie, pour les recréer à sa manière. Cela passe précisément par des petits climats légèrement "fusion" comme sur "Monday Morning" où l'on entend bien les "drums" bien cadrés et les frappes de Minneman.
"Tomorow Lies" est une compo nettement plus "prog" dans laquelle les claviers, les guitares et les orchestrations  d'Amadeus prennent ici leur véritable envol. Sur le morceau suivant on ne peut qu'être conquis par la présence d'Anneke, qui illumine totalement par son aura la pièce centrale de l'album: "Lonesome Clown". Sur ce titre très "lucassien" (c'est d'ailleurs le plus long du disque: 12 minutes très intenses) la chanteuse réalise une fois de plus une prestation prodigieuse. Comme d'habitude, serons-nous tenté de dire...
Le dernier titre, "Temporary" (puisque les deux suivants sont des reprises), flirte un peu avec le "prog/fm" avec son solo de clarinette à la Supertramp mais un tantinet orientalisant. Awad en profite pour y envoyer un super solo de gratte.
Les deux derniers morceaux sont puissants et sur "Poetry Of Time" Amadeus signe peut-être son plus beau solo de guitare. 
Bref je ne sais pas si "la mort est juste une sensation", mais la vie quant à elle vaut d'être vécue. Surtout lorsqu'on écoute ce genre d'album qui redonne du baume au cœur - nous réconfortant quant à la bonne santé et à la vivacité de notre genre de prédilection.

Ecrit par Dany

5/5: *****







https://www.facebook.com/amadeus.awad.official

Amadeus Awad: Acoustic, Electric & Bass Guitars, Keyboards and Orchestration. 
Anneke Van Giersbergen: Vocals. 
Arjen Lucassen: Vocals. 
Elia Monsef: Vocals. 
Marco Minnemann: Drums on Tracks 2, 3, 5 & 6. 
James Keegan: Drums on Track 4. 
Nareg Nashanikian: Cello. 
Rafi Nashanikian: Clarinet. 
Dan Harper: Narration.

Death Is Just A Feeling
01. Opia (5:38)
02. Sleep Paralysis (5:45)
03. Monday Morning (4:35)
04. Tomorrow Lies (8:42)
05. Lonesome Clown (12:29)
06. Temporary (8:36)
07. Time Of The Equinox (Bonus Track) (3:45)
08. Poetry of Time (Bonus Track) (10:20)








samedi 28 novembre 2015

King Charles - Gamble for a Rose

King Charles - Gamble for a Rose (01/2016)
King Charles est né à Londres au milieu des années 80. De son vrai nom Charles Costa, il débute comme beaucoup par une formation classique, oscillant entre violoncelle et chant dans une chorale. Oui, à voir sa tête sur la pochette ci-contre, on a du mal à le croire... Des études ratées le poussent à retourner vers la musique, qu'il avait quelque peu délaissées. Quelques mois après un grave accident de ski où il manque d'y laisser la vie, il remporte un grand prix d'écriture de chanson pour son titre "Love Lust". C'est ce qui le décide à définitivement suivre la voie musicale. Il file à L.A. enregistrer son premier album studio, "Loveblood" (2012), très bien accueilli. Son look particulier, entre pirate à dreadlocks et new-wave à la Adam and the Ants attire le regard, quand sa musique, entre pop et rock indie, vive et insouciante, attire l'oreille. 
Sans le renier, Charles n'est pas pleinement satisfait de ce premier opus. Il n'est pas assez représentatif de ses réelles racines musicales. Des séquelles de son accident resurgissent, et le décident à sauter le pas: retourner chez lui en Angleterre, abandonner son personnage pour revenir à quelque chose de plus authentique et de plus personnel. Et enregistrer ce "Gamble for a Rose", qui sortira en janvier prochain.
Exit l'ambiance débridée et un brin superficielle de "Loveblood". Place ici à la profondeur, à l'intensité et à la sincérité. Sans pour autant tomber dans la guimauve indigeste ou le spleen larmoyant de seconde zone. Si Charles écrit les textes, il compose aussi la musique. Et en tant que multi-instrumentiste, il l'interprète (guitares, claviers). Sa pop indie s'est muée en un folk électrique, élégant et par moment poignant ("Coco Chitty").
Si son nouveau look lui donne au faux-air dandy à la Mink de Ville, il y a une certaine similitude avec Angus Stone: même aversion pour tout ce qui est coiffeur et brosse à cheveux... mais il y a surtout une grosse similitude au niveau musical et vocal. Flagrant sur des morceaux comme "Gamble for a Rose" ou "St Peter's Gate", ils partagent tous cette même nonchalance, cette même fausse indifférence, ce même détachement et surtout ce même sens de la mélodie. Les arrangements y sont cependant plus riches et fournis, ce qui est bluffant lorsqu'on sait le peu de moyens utilisés: peu de musiciens, pas d'orchestre symphonique en arrière plan. Et pourtant on a parfois l'impression d'avoir une bande de 7 ou 8 membres (style Arcade Fire) derrière les enceintes...
On peut aussi trouver une certaine similitude avec Mumford & Sons ("Animal Desires", "Tomorrow's Fool") et là c'est beaucoup moins étonnant: c'est Marcus Mumford qui produit l'album, et co-écrit 2 titres ("Choke" et "Lady of the River"). On pourrait enfin trouver quelques liens avec Devendra Banhart, aussi bien niveau look que musical, notamment sur "Carry Me Away" et "In Silhouette".
On l'aura donc compris: l'amateur de folk délicate, distinguée et élancée devrait sans problème y trouver son compte. Loin d'être intimiste, dépouillé et formaté, cet album provoque à son écoute un sentiment de bien-être et de sérénité. On va éviter d'utiliser les vieux clichés: disons simplement qu'il y a des moments où on aime bien prendre de la distance avec les événements qui nous entourent. Pour l'avoir testé depuis plusieurs jours, je confirme que ce "Gamble for a Rose" est un excellent échappatoire !



J-Yves

4/5: *****





Gamble for a Rose - www.kingcharlesmusic.com

1. Loose Change for the Boatmman (4:02)
2. Animal Desires (3:38)
3. Choke (3:44)
4. Gamble for a Rose (4:31)
5. Lady of the River (3:39)
6. St Peter's Gate (3:38)
7. Tomorrow's Fool (3:41)
8. New Orleans (3:05)
9. Carry Me Away (3:34)
10. Bright Thing (3:12)
11. In Silhouette (3:37)
12. Coco Chitty (3:47)

jeudi 26 novembre 2015

The Watch - Le Triton [live report]

The Watch - Le Triton  (7/11/2015)
Comme une sorte de rituel - puisqu'ils adorent cet endroit et y jouent à chaque passage dans la capitale - The Watch se produisait le samedi 7 novembre au Triton, cette petite salle bien sympathique située aux Lilas à Paris et qui a vu défiler sur sa scène bon nombre de musiciens de talent.
Et pour commémorer ce rituel, nous nous sommes précipités pour acheter les places car un concert de The Watch ne se loupe sous aucun prétexte.
En effet des musiciens de cette trempe, qui perpétuent aussi bien "l'esprit" et l'univers si particulier de Genesis, ça ne se trouve pas tous les jours, et nous nous devions d'assister à ce concert.
Il faut noter en préambule de ce live report qu'il est vraiment très regrettable qu'un groupe déployant autant d'énergie n'attire qu'une grosse centaine de spectateurs à Paris un samedi soir.
Il est certain que les amateurs de prog' (notre genre de prédilection) se déplacent plus facilement pour voir les "dinosaures" que les seconds couteaux. C'est déplorable, mais c'est ainsi, il faut se rendre à l'évidence, cela n'enlève en rien de leurs énormes qualités et de leur persévérance qui force le respect, continuant leur route tant bien que mal, mais plutôt très bien et ce contre vents et marées.
Leur pendant franco canadien The Musical Box ont quant à eux plus de chance pour ce qui est du succès public. Pourtant ils ne sont qu'un copier-coller de Genesis, ils ne font que reprendre (impeccablement) leur visuel, en jouant à la note près la musique du groupe sans pour autant y apporter l'"âme" nécessaire et fondamentale inhérente à cette musique. Une musique riche et singulièrement intemporelle que The Watch se réapproprie à la perfection, parvenant à nous faire vibrer aussi bien sur disque qu'en live. Car à l'opposé du groupe précité, ils proposent aussi leurs propres compositions.
A chaque fois que nous les avons vu sur scène, ils firent la démonstration de leur immense talent et de leur grande classe. Pourtant nous nous sentions un peu fébriles avant le début du show, même si notre petite discussion avec le batteur Marco Fabri nous avait laissé entrevoir de bonnes surprises. Il avait vachement raison car nous avons été plus que gâtés ce soir là.
Cerise sur le gâteau, nous nous trouvions juste devant la scène, aux pieds des claviers de Valerio De Vitorio, plus Banksien que nature. On a pu ainsi profiter pleinement de la prestation de nos italiens préférés et vivre une soirée inoubliable.
Ils déboulèrent sur scène comme à leur habitude, en toute simplicité et en toute humilité. Ils semblaient super "décontract" et visiblement très heureux de jouer à Paris. Ces mecs dégagent un gros capital sympathie qui se perd un peu chez les vieux briscards - sûrement un peu blasés - qui se contentent de "faire le job" et puis s'en aller.
Simone Rossetti et sa bande attaquèrent directement par le diptyque "Rythm Of The Heat"/No One Of Us" du grand Gab et de suite le décor fut planté. Le guitariste Giorgio Gabriel jouait assis, ce qui est une caractéristique chez lui, ne se levant que pour le final. On a encore apprécié ses arpèges Hacketiennes et néanmoins bien personnelles. Il semble habité par la musique, jouant très souvent les yeux fermés.  
La première partie du concert, en tous points parfaite, fut presqu'entièrement dédiée aux morceaux de Peter Gabriel, alors que la deuxième (après un court entracte) concerna uniquement Genesis, bien sûr. En dehors de ses musiciens habituels, The Watch tient à présent dans ses rangs depuis maintenant deux ans un nouveau bassiste, qui n'est autre que le propre fils de Simone, Mattia Rossetti. Parfaitement intégré au groupe, il assure aussi les backing vocaux. Sur certains titres il empoigna une guitare double manche, nous ramenant aux plus belles heures de mister Rutherford.
C'est à coup sûr en réinterprétant ces fantastiques compositions de la Génèse que nos transalpins s'extériorisent le plus, le combo étant en parfaite osmose avec ce répertoire qu'ils affectionnent tellement (et nous de même !).
Ils entrecoupèrent néanmoins leur set d'un titre de leur futur album, "My Ivory Soul", nous mettant ainsi l'eau à la bouche. Ce disque devrait sortir au printemps si tout va bien, et aux dires du guitariste (après le concert), le grand Steve Hackett en personne viendrait y faire une petite participation. On imagine déjà toute la fierté qu'ils peuvent en tirer.
Simone, au timbre vocal si sensible, oscillant entre le chant et la flûte, se veut dans la continuité du Gab sans pour autant en être le clone. Souvent à la limite du dramatique, il émane de sa voix des effluves de tristesse et de mélancolie, deux sentiments récurrents dans l'oeuvre du Genesis époque Gabriel. Sans minimiser le rôle déterminant des autres musiciens, il porte littéralement The Watch sur ses épaules. La rumeur dit qu'il a été pressenti pour accompagner le père Hackett pour sa tournée Genesis Revisited. Mais c'est le non moins excellent Nad Sylvan, qui vient de sortir un  bien bel opus "Courting The Widow" et dont la voix est la parfaite synthèse entre Collins et Gab, qui a finalement décroché la place.
Le florilège genesisien qui nous fut offert nous a totalement comblés: après un grand passage par "Duke", ils interprétèrent trois monuments de la période la plus prolifique que sont les grandioses "Fifth Of Firth", "In The Cage" et "Cinema Show". Le final se présentait comme une véritable apothéose avec un "Apocalypse 9/8" (extrait de "Super's Ready" faut-il le préciser ?) qui nous emmena direct au nirvana.
Une fois les spots éteints, les musiciens sont repartis comme il sont arrivés: décontractés, portant eux-même leur matos et n'hésitant pas à échanger quelques mots avec nous. La grosse tête, ils ne connaissent pas. Ces gars là mériteraient un succès au centuple de ce qu'ils connaissent. Espérons qu'un jour - pas trop lointain - ils soient reconnus par un plus large public, c'est tout le mal qu'on peut leur souhaiter.
Gracie mille et arrivederci The Watch, et à l'année prochaine.







Texte: Dany
Photos: J-Yves (Prog'Sud 2015)



Rythm Of The Heat/ Not One Of Us
I Don't Remember
Schock The Monkey
Family Snopshot
D.I.Y
San Jacinto
Shining Bald Heads 
On The Air
Behind The Lines
Duchess/guide Vocal
Duke's Travels
First Of Fifth
In The Cage
Cinema Show
Devil's Bridge 
My Ivory Soul
Apocalypse - 
Supers Ready (closing)


The Watch - www.thewatchmusic.net
Simone Rossetti: vocals fluteGiorgio Gabriel: electric guitars
Valerio de Vittorio: keyboards, Hammond L122 organ and synthesizers
Marco Fabbri: drums and percussions
Mattia Rossetti: bass guitars and bass pedals




vendredi 13 novembre 2015

Anathema Acoustic - Eglise Saint-Eustache [live report]


Très grosse surprise lorsqu'on a appris la nouvelle: Anathema venait à Paris y donner un concert acoustique, et qui plus est en l'Eglise Saint-Eustache, un haut lieu de culte. Mais il est vrai que cette musique cultissime ne pouvait qu'être jouée un jour ou l'autre dans ce genre d'endroit tout à fait approprié. 
Il a fallu se ruer sur les quelques six cents billets qui se sont écoulés très rapidement - personne ne voulait louper ce style de concert si particulier, car la configuration des lieux se consacre (et se prête) d'habitude à une toute autre musique.
Arrivés peu de temps avant l'ouverture des portes, on apercevait le public qui attendait calmement, respectant scrupuleusement la file d'attente et tous semblaient conscients qu'ils allaient vivre un moment privilégié.
L'église St Eustache semble similaire dans son aspect à la cathédrale de Liverpool, où s'est produit le groupe lors de ses dates Anglaises. Elle se situe en plein cœur de Paris et dégage un caractère harmonieux entre ses colonnes grecques et romaines, celles-ci côtoyant des lignes moyenâgeuses, ce qui, en partie fait sa particularité et son côté unique...
L'église est déjà magnifique de l'extérieur mais une fois à l'intérieur, on se rend compte de la beauté solennelle de cet édifice. La combinaison de tous les paramètres présents dans cette église semble être en parfaite adéquation avec la musique que jouera Anathema pour cette tournée en version acoustique.  
Après ces petites considérations d'ordre purement historique et architecturales, venons-en maintenant à l'attrait principal, en l'occurrence la musique - celle qui nous a fait nous déplacer pour assister à ce concert de ceux que l'on peut considérer quelque part comme les dignes descendants des Beatles.
En effet, les frères Cavanagh, ainsi que Lee Douglas l'excellente chanteuse sont tous natifs de Liverpool et tiennent un peu les "Fab four" pour leurs pères spirituels.
C'est d'ailleurs le merveilleux "Because", perle entre autres perles des "quatre garçons dans le vent", que l'on pouvait entendre en préambule du spectacle. Et il faut avouer que cela donnait la chair de poule à plus d'un titre, laissant présager du meilleur, et c'est ce qui devait arriver.
Ils débutèrent le show par "The Lost Song part 2", superbe morceau sur lequel la magnifique voix de Lee se pose on ne peut mieux. Cette fantastique chanteuse est entrée dans le groupe en 1999 et apporte une nette valeur ajoutée.
Entendre son organe vocal dans cette enceinte nous procure une joie immense, les harmonies qu'elle déploie avec Danny (prénom sympa ! ndr) et Vincent frisent la perfection. Leur collaboration sur chaque titre où elle intervient permet à leur musique de décoller vers de hautes sphères encore inconnues.


Les deux frangins quant à eux sont fidèles à leur image, c'est-à-dire qu'ils jouent leurs compositions de manière subtile et accrocheuse, nous distribuant leurs mélodies qui se situent dans la même veine que celles de leurs illustres aînés. 
La suite du concert est pratiquement semblable à celle du double-album live paru dernièrement - la section de cordes en moins - "A Sort Of Homecoming" (qui en plus est agrémenté pour le même prix d'un DVD).




Comme prévu, ils égrenèrent avec pudeur et efficacité une bonne partie de leur long répertoire, et ils nous dédièrent ce soir là peut-être ce qu'ils ont composé de meilleur.

Danny et Vincent s'adressèrent respectivement au public qui, d'après leurs dires, était bien "sage". Ils nous demandèrent si la principale raison était que nous nous trouvions dans une église ?... 

Ils nous parlèrent aussi un peu en français, ce qui enchanta les spectateurs présents qui, c'est certain, avaient tous une attitude plus que respectueuse. Envers l'endroit d'une part, et d'autre part envers les musiciens qui forcent le respect. 
Le concert de ce soir présentait néanmoins quelques petites "news" par rapport aux albums: en effet nous avons eu droit à quatre reprises, dont une a foiré à cause des programmations ("Tomorrow Never Knows".. et oui encore eux !).
Ils reprirent dans la foulée, un titre de Kate Bush, un de Portishead et pour terminer en beauté (juste après le "couac") un super "Another Brick in The Wall part 2" des non moins prestigieux Pink Floyd.
Pour le reste, ce fut du très bon Anathema, en trio, et le plus souvent en duo. Les frères Cavanagh maîtrisent le sens de la mélodie, et ils l'ont démontré encore durant cette grande soirée où musique rimait avec spiritualité. Mais ce fut en la circonstance, une croyance dévouée aux dieux musicaux auxquels nous croyons tous (toutes proportions gardées) et chacun à notre manière.
Quoiqu'il advienne Anathema aura considérablement marqué son époque, et peu de musiciens possèdent un tel talent et une telle grâce. Qu'ils ont su, ce soir-là, nous restituer pour notre plus grand bonheur..








Texte: Dany  
Photos: Thierry de Haro












The Lost Song, Part 2
Untouchable, Part 1
Untouchable, Part 2
Thin Air
Dreaming Light
Deep
One Last Goodbye
Ariel
Temporary Peace
The Beginning and the End
Glory Box (Portishead cover)
Running Up That Hill(Kate Bush cover)
Anathema
Are You There?
Distant Satellites
A Natural Disaster
Fragile Dreams
Tomorrow Never Knows(The Beatles cover)   
Another Brick in the Wall Part 2(Pink Floyd cover)



Anathema
Vincent Cavanagh: Vocal, Guitar, 
Danny Cavanagh: Guitar, Keyboards, Vocal
Lee Douglas: Vocal