NOEM - Le Grand Mensonge (11/2014) |
Revoici aujourd'hui les Canadiens de Sherbrooke avec leur second album, Le Grand Mensonge, qui sort en cette fin novembre.
On a tendance à dire que le 2ème album d'un artiste, ou d'un groupe, reste en général dans le prolongement du 1er, et que c'est véritablement à partir du 3ème (l'album de la "confirmation") que les choses sérieuses commencent.
Visiblement les membres de Noem n'ont pas la même perception de la chose... S'il ne fait aucun doute qu'on a bien affaire aux auteurs de Clandestin ou de Nostradamus, présents sur leur 1er opus, on note (déjà) une nette évolution, dans le fond comme dans la forme.
Musicalement, le virage (ou l'option) electro est nettement plus prononcé. Je n'ai jamais caché mon aversion pour le genre electro, que je pourrais résumer par le fait que je déteste la musique jouée par des ordinateurs. Les ordinateurs peuvent et savent faire correctement plein de choses, certaines mieux que les humains. Mais s'il reste un domaine où ils n'ont rien à y faire, c'est bien la musique (on pourrait dire l'Art en général, mais là j'ai pas envie de partir dans des digressions philosophiques...). Malheureusement, de nos jours, on pense la musique destinée au "grand public" non plus comme un Art mais comme un Marché. Alors bonjour les ordis, aussi bien comme instruments, que comme musiciens, producteurs, ingénieurs du son, voire même chanteurs (merci auto-tune). Alors l'electro, non merci.
Pour revenir à Noem, je dirais que l'electro est utilisée avec parcimonie et à bon escient. On reste dans ce rock froid, sombre mais toujours délicat et sensible (Loin d'ici, Mena'Sen, L'Issue). Et lorsque le tempo ralentit, on baigne alors dans des ambiances lourdes et brumeuses, à la beauté d'une noirceur délicieuse (Marée noire, Cette seconde, Ma belle enfer). Pour provoquer l'émotion Noem ne nous propose pas les lentes progressions d'un Anathema, ni les riffs écorchés d'un Manic Street Preachers. Comme déjà dit dans la chronique de Petites Apocalypses, il y a chez Noem une rage intérieure, une fausse douceur et une quiétude de façade, de celle qu'on retrouve chez Daran, mais aussi, dans une certaine mesure, chez Lazuli. Cette notion de force contenue, sous-jacente, qui laisse place en surface à un calme relatif est magnifiquement mise en lumière dans le très beau A courir.
Il faut aussi souligner le rôle primordial du chant (en français !) qui contribue pour une grosse part à cet aspect et à cette atmosphère si particuliers dans lesquels nous plonge le groupe. La voix chaude, souple et posée de Vincent reste sans faille: toujours en retenue, souvent feutrée, quelque fois écorchée, mais qui jamais n'est prise en défaut ni ne déraille, accompagne à merveille un propos désenchanté, inquiet, mais en alerte permanente et à l'écoute du monde actuel. Difficile de rester insensible à ces textes d'une poésie certaine, surtout lorsqu'ils sont chantés avec ce délicieux accent canadien !
Album de la confirmation avant l'heure, Noem nous offre ici un écrin de toute beauté. Il y a des mensonges qu'on prend plaisir à écouter, tel est le cas. Tombé une nouvelle fois sous le charme, Le Grand Mensonge fait partie des tous meilleurs opus qui ont baigné mes oreilles en cette année 2014. Et ceci est la stricte vérité !
Album en écoute (partielle) sur le site du groupe: noem.ca
J-Yves
5/5: *****
Noem:
Vincent Vachon: voix, guitare
Charles-Emmanuel L'Espérance: piano, synthés
Benoît Marquis: basse
Antoine Auger: guitare, voix
Jean-Philippe Godbout: batterie
Le Grand Mensonge
1. Le grand mensonge (3:58)
2. Loin d'ici (3:55)
3. Marée noire (3:40)
4. Mena'sen (3:29)
5. Cette seconde (4:48)
6. L'issue (3:56)
7. Ma belle enfer (3:19)
8. A courir (5:39)
9. A vous (2:49)
10. Tout s'écroule (3:15)
11. La grande traversée (4:44)
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