Pink Floyd - The Endless River (11/2014) |
Aujourd'hui, pour quoi que ce soit, on est Pour ou Contre. Le libéralisme, le soda sans sucre, les fast-food, la voiture électrique, ou les claviers sans fil, on est Pour ou Contre, et pas d'alternative possible. Ensuite, les Pour et les Contre, chacun de leur côté, discutent entre eux et palabrent à l'envie sur leur joie et leur bonheur d'avoir si bon goût. Mais jamais, ô grand jamais, un Pour et un Contre essaieront de débattre intelligemment pour comparer leurs motivations et ce qui fait qu'ils soient dans un camp ou dans l'autre. Et jamais, ô grand jamais, un Pour arrivera à convertir un Contre, ni un Contre convertir un Pour. Chacun son camp, et sur le moment, on ne changera rien. On finira par s'insulter voire se mettre sur la gueule, mais on ne changera pas d'avis. Seul le temps qui passe fera le job, et seul lui nous fera revenir sur nos opinions passées. Oui, je dis bien "nous", car moi aussi j'ai mes convictions profondes: oui, la soupe aux courges c'est infect, oui il faut être taré pour sauter en élastique d'un pont suspendu, non Mireille Matthieu n'est pas une grande artiste, ni le rap de la musique (et là, sur ces 2 derniers points, c'est définitivement acquis: même le temps ne me fera pas changer d'opinion !).
Tout ça pour dire que je ne vais pas me casser la tête ni perdre 2 ou 3 heures de mon temps (temps moyen qu'il me faut pour écrire une chronique) pour tenter de convaincre qui que ce soit au sujet de ce dernier Pink Floyd. Les Pour sont pour, les Contre sont contre. De mon côté, j'ai choisi mon camp. J'en changerai peut-être dans quelques années. Mais ça m'étonnerait...
Si je voulais souligner quelque chose, au sujet de ce dernier album, c'est que justement, c'est le dernier. Jusqu'au prochain. Parce que oui, fatalement, il ressortira dans quelques années des fonds de tiroirs, comme il ressort régulièrement des inédits ou des versions de travail d'Hendrix ou des Beatles. Le dernier. Merde...
Allez, faut quand même finir sur une note positive. Il s'agit bien d'un album de Pink Floyd. Dans le sens où il n'y a pas de doute, ce n'est pas du Floyd à la sauce r&b, electro ou ce genre de daube infâme. Non, ça reste le Floyd qu'on a connu, qu'on a adoré, qu'on a vénéré. On a chacun "sa" ou "ses" période(s) fétiche(s): la période Barrett (psychédélique), la période Ummagumma (expérimentale), la période pré-Dark Side (musicale), la période Dark Side-Animals (commerciale) ou encore la période The Wall (mégalomanie Waters-ienne) pour finir par la période Division Bell (phase terminale). On les retrouve à peu près toutes sur cet album testament, du moins en filigrane, mises à part les 2 premières. Incontestablement, donc, on a affaire au Floyd. David et sa guitare sont habituels: stratosphériques. Ce type possède le plus beau toucher de corde de la galaxie. Il joue de la guitare en 3-D: personne d'autre que lui n'arrive à transposer une telle émotion en si peu de notes. Son solo final sur Confortably Numb, le plus beau de tous les temps, mérite à lui seul une statue. Et si vous n'êtes pas d'accord, relisez le premier chapitre de cette chronique: sur ce point de vue non plus, personne ne me fera changer d'avis !!
Le jeu de Nick reste lui aussi un régal. Faudra un jour qu'on m'explique pourquoi il est rarement cité lorsqu'on liste les "meilleurs" batteurs. Efficace, discret, il a une façon toute particulière d'annoncer et d'introduire le solo de David à venir. A la première écoute d'un morceau, lorsque vous entendez cette descente de toms si spécifique, instinctivement vous savez que David suit derrière.
Enfin, Richard. Lui par contre est régulièrement cité parmi les meilleurs claviéristes, et il n'y a rien à y redire. Lui aussi a posé son empreinte dans le monde des claviers. On retrouve son élégance physique dans son jeu, tout en subtilité et en nuances. Sensible, fin et délicat. Rarement un musicien n'aura réussi à retranscrire dans son jeu sa personnalité profonde.
Pour finir, cet album est en tête de toutes les ventes. Un album du Floyd, qui fait du Floyd, en tête des ventes en 2014, c'est incroyable, non ? On nous matraque de musique pourrie, on nous inflige des tortures auditives à longueur de journée, on essaie de nous persuader qu'il suffit de gueuler pour être une star, et quoi ? un album instrumental, de rock progressif, allant à l'encontre totale de l'air du temps, est en tête des ventes ?
Je sais pas vous, mais moi, ça me redonne espoir dans le genre humain, ce truc.
Alors pour ça, et surtout, surtout, pour tout le reste, cher Pink Floyd: MERCI !
J-Yves
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