Unitopia - Covered Mirror (12/2012) |
Connaître le succès et la renommée, c'est bien. Mais le plus dur vient après: confirmer et enchaîner les bons résultats, pour parler comme nos amis sportifs. Autant dire qu'on guettait avec une impatience certaine (voire une certaine impatience) ce nouvel album.
Pas la peine de faire durer le suspense: essai transformé (2 points de plus, donc, au tableau d'affichage).
Et pourtant, tout pouvait laisser penser le contraire. D'abord, il fallait succéder à Artificial: pas facile. Plus dur, le groupe n'a jamais caché qu'il s'attaquait à un album de reprises de morceaux qui les ont inspiré dans leur jeunesse (d'où le sous-titre de l'album). Humm, dans le genre casse-gueule on ne fait pas mieux: ça et les albums avec orchestre symphonique, attention les dégats ! Pas folichon donc, à première vue. Oui, mais à première vue seulement, car ce groupe a le don de transformer tout ce qu'il touche en or. En effet, l'intelligence de la démarche ("album de reprises") consiste à réaliser un concept-album dans lequel ces reprises, ou plutôt ré-interprétations, sont noyées au milieu de compositions originales, le tout à la sauce Unitopia. Une même orchestration, un même style, une même trame musicale tout au long de l'album; et toujours ce style spécifique qui mêle musique classique, jazz, rock pour obtenir cette musique si particulière et unique, reconnaissable entre mille. Les reprises, de Marillion à Genesis en passant par Yes, Led Zep, Supertramp ou les Korgis (!) sont un savant mélange de titres complets ou de medleys. On a ainsi le droit à un Easter ou un Even In the Quietest Moments dans leur "simple" intégralité, alors que le Carpet Crawlers est introduit par deux courts extraits de Selling England et de Supper's Ready. Les longues parties instrumentales sont toujours là, nous permettant d’apprécier la grande virtuosité de ces musiciens, techniquement au-dessus du lot. Le chant de Mark Trueack, d'une similitude troublante avec celui de Peter Gabriel, se fond parfaitement dans ce délice musical. Du grand art.
L'heure et quelques minutes que dure l'album peut laisser craindre au premier abord de trouver le temps long. C'est plutôt l'inverse qui se produit... S'il est musicalement linéaire et homogène, du point de vue de l'orchestration, l'album est au contraire très varié dans les rythmes, les temps faibles succédant aux temps forts, le chant s'effaçant souvent au profit de la musique. Le tout donnant un réel concept-album dont on a du mal à décrocher dès les premières notes.
Artificial digéré, Unitopia nous revient donc avec un album du même calibre, si ce n'est meilleur. Ce groupe ne se contente plus de tutoyer les sommets, il s'y est carrément installé. Ca ne va pas être facile de les y déloger...
5/5: *****
J-Yves
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