samedi 14 février 2015

Futsu - Body Island

Futsu - Body Island (01/2015)
Restons dans le rock festif. J'avoue: j'ai une certaine préférence naturelle pour les ambiances sombres, noires, froides et obscures. Inutile de me demander pourquoi, je n'en sais rien. Peut-être parce que dès l'adolescence, j'ai été irrésistiblement attiré par The Dark Side of the Moon. Et que ça continue encore et toujours... Et puis, certainement à tort, je ne trouve pas dans le "festif" la même sincérité ni la même implication que dans le "dark". Le festif est superficiel quand la douleur est sincère. On a, bien évidemment, largement le droit de ne pas partager cet avis.
Pourquoi ce petit préambule ?
Eh bien parce qu'en l'espace de 2 albums, cette belle certitude vient de se prendre une méchante claque. Très méchante. Aussi bien le Funkloric Trip des Cool Cavemen (chronique précédente, à lire ici) que ce Body Island des Futsu m'ont fait revoir cette opinion. Voici pourquoi.
Tout d'abord, Futsu: localisé sur Paris, le groupe se compose de musiciens issus de pays et d'horizons musicaux aussi différents les uns que les autres. Fondé en 2012 par l'auteur-compositeur-interprète-australien Mike Marques, très vite rejoint par Julien, Thomas, Melissa, Cécile et Dave, le groupe va multiplier les concerts entre Paris et Londres, puis, en 2014, lancer une campagne de financement participatif pour enregistrer leur premier album, ce Body Island sorti le 15 janvier dernier. Une tournée en France et en Europe est annoncée pour promouvoir l'objet.
Musicalement, on oscille entre la pop sautillante des années 60' et le rock indie d'aujourd'hui. Dans l'univers musical de Futsu, on retrouve la fougue des premiers Arcade Fire (Mechanical Bride), l'insouciance et la désinvolture des Talking Heads (Body Island Body Shapes, Mind Over Matter), le sens des harmonies vocales et des mélodies des New Pornographers (In Descending Circles, Summer Bones), et au niveau du chant, on pense souvent à Cold War Kids (Gift Horse). 
Les morceaux, tous signés Mike (texte et musique), sont condensés, aucun ne dépassant les 4 minutes; ce qui en fait un album court, peinant à atteindre les 40 minutes. Au départ tonique, frais et entraînant, le rythme se ralentit peu après la mi-parcours, à partir de Sand & Noise, pour finir par un Falling Up lent et lancinant. C'est dommage, dans le sens où le point fort de Futsu est justement le dynamisme, le pétillant et le peps qu'ils savent insuffler à leurs morceaux, et que cela transpire la sincérité et la foi. Comme quoi, oui, on peut être festif et sincère. En tout cas, Futsu en est un parfait exemple. Et à l'opposé, c'est lorsque le groupe s'essaie à l'émotion que ça fonctionne nettement moins bien: Sand & Noise et Falling Up, au regard des autres titres, sont tièdes et semblent "surjoués", à contre-courant. Comme s'ils ne faisaient pas partie de l'ADN du groupe, des titres contre nature en quelque sorte... Une baisse de régime qu'on se surprend à regretter, tant on avait jusque là fortement apprécié le rythme soutenu proposé dès l'entame, et qu'on avait plaisir à suivre. 
Musicalement riche et varié, agréable à l'écoute, on se laisse facilement entraîner par la douce insouciance de cet album, un peu comme, gamin, on se laissait tenter à sauter pieds joints dans les flaques d'eau. 

C'est pas tout, mais cet excès de joie de vivre m'a épuisé... allez vite, retourner aux fondamentaux: un petit Last Goodbye d'Anathema fera très bien l'affaire.



J-Yves

3/5: *****


Site web: futsu.fr





Body Island:
1. Body Island Body Shapes (3:32)
2. Mechanical Bride (3:22)
3. In Descending Circles (3:01)
4. Gift Horse (4:13)
5. Summer Bones (4:01)
6. Sand & Noise (3:53)
7. Mind Over Matter (3:29)
8. Shadowboxing (4:11)
9. She The Bodies (3:25)
10. Falling Up (4:03)


Futsu 
Mike Marques: chant, clavier, guitare acoustique
Julien De Rango: guitares
Thomas Robin: basse, accordéon, piano
Mélissa Tong Boumesbah: violon
Cécile Mirtin: chant
Dave Euphrasie: batterie



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