vendredi 15 février 2013

Electric Worry - Back to Motor City

Electric Worry - Back to Motor City (2013)
"Electric Worry est un groupe de rock formé en 2008 par deux frangins et un ami de longue date. Le trio évolue dans un univers musical influencé par le rock des années 70 et par le stoner. Des riffs qui suintent l'huile de vidange, un soupçon de groove, et la voix rocailleuse qui va avec: telle est la formule retenue par les tres hombres".

Voilà pour les présentations faites par le groupe lui-même. A l'écoute, on jurerait entendre un groupe du Texas, tout du moins du sud des States. Des riffs à la fois lourds et aiguisés, une batterie bien claquante, sur lesquels se plaquent une basse rugueuse et une voix écorchée vive (à moins que ce ne soit l'inverse ?). Quatre morceaux concis, ramassés, efficaces: en moins d'un quart d'heure l'affaire est pliée. Rien de très nouveau ni de révolutionnaire, notons bien, mais en même temps c'est le genre qui veut ça. On est en terrain balisé, et quitte à utiliser les clichés, allons-y à fond: oui, ça sent les grands espaces, les bécanes à grands guidons, la poussière et le Jack Daniel's... amis du Lynyrd, de ZZ Top et du Black Stone Cherry, prenez et écoutez, ceci est du rock !

Ah oui, petite précision: ces gars-là ne viennent pas du Texas, ni des US d'ailleurs... d'un petit peu plus à l'est: de Besançon !

Back to Motor City, peut être écouté et téléchargé librement sur BandCamp:

                                        J-Yves

3/5: *****

vendredi 8 février 2013

Lifesigns

Lifesigns - Lifesigns (2013)
Depuis son annonce sur divers sites de prog, j’attendais avec impatience la sortie de ce fameux (super) groupe qu’est LIFESIGNS. Et mon attente n’a pas été vaine car le résultat de la rencontre de ces grands musicos nous surprend complètement et ils accouchent d’un album totalement réussi de bout en bout.
LIFESIGNS est constitué de trois principaux musiciens, John YOUNG assurant les vocaux et s’occupant des claviers, Nick BEGGS tenant la basse et Martin "Frosty" BEEDLE (CUTTING CREW) jouant de la batterie.
John YOUNG est un vieux briscard ayant joué avec pas mal de monde (dont Bonnie TYLER) et surtout avec un autre John, mais WETTON que nous connaissons bien dans nos contrées. Il avait collaboré aussi avec un certain FISH, alors ce type ne pouvait que susciter notre curiosité.
John YOUNG a donc réuni Nick BEGGS (dont la carte de visite commence à bien se remplir, les deux Steve, HACKETT et WILSON, étant ses deux ex-employeurs principaux), on le trouve maintenant dans de gros projets ambitieux comme LIFESIGNS entre autres.
Perso, je connais moins le batteur Martin "Frosty" BEEDLE, par contre John  YOUNG a fait appel à trois guitaristes, tout d’abord notre Steve HACKETT chéri ainsi qu’à Jakko JAKSZYK (KING CRIMSON) et à Robin BOULT qui faisait partie de son ex groupe THE STRAWBS et qui lui aussi tenait la guitare avec FISH.
Voyez, le cocktail est détonnant, il ne manquait plus que Steve RISPIN aux manettes et à la production (bien connu pour son travail avec ASIA) et le tour fut joué, la machine LIFESIGNS pouvait s’envoler, et nous transporter avec  elle dans ce fabuleux voyage.
Cinq titres nous sont proposés, dont trois font plus de onze minutes, on comprend de suite ou veulent en venir ces messieurs.
LIFESIGNS joue une "prog" de très grande qualité, teintée d’AOR et John YOUNG possède une voix assez puissante, elle est assez singulière, LIFESIGNS dans son ensemble fait un peu penser à IT BITES, mais par instant seulement.
Le groupe se hissant directement au sommet du genre en balançant une musique très originale et néanmoins arrivant à vous rentrer dans les neurones, et ce à la manière assez subtile d’un UK (ce merveilleux groupe qui a tant compté pour la cause "prog haut de gamme") cette influence se faisant sentir dès le premier titre "Lighthouse".
Cette musique complexe et assez technique de prime abord n’est absolument pas rébarbative et le côté "popisant" d’un morceaux comme "Telephone" en étant le parfait reflet (ce pourrait être un gros tube si les radios voulaient bien  se donner la peine), le refrain de ce morceau ne vous lâchera pas, croyez-moi sur parole.
John joue aussi impeccablement des claviers, qui sont prépondérant sur ce disque (il y excelle sur "Fridge Full Of Stars"), c’est justement sur ce titre que l’on entend de belles notes de flute jouées par Thijs VAN LEER, ce morceau étant à mon sens la pièce maitresse de l’édifice tellement il est riche en rebondissements, avec un final YESSIEN du plus bel effet.
La basse quant à elle est tenue par le génialissime Nick BEGGS qu’on ne présente plus, son jeu atteignant très souvent la perfection absolue en la matière.
Et pour ce qui concerne les trois guitaristes (je ne connaissais pas Jakko JAKSZYK), on a un peu de mal à voir qui fait quoi, les guitares y sont parfaitement utilisées et rarement en solo mais cependant d’une grande efficacité, mais ce sont les claviers qui ont la part belle et ils demeurent omniprésents, mais ne vous y méprenez pas le résultat est époustouflant.
Quoiqu’il advienne on a beaucoup de mal à se détacher de ce disque addictif aux harmonies vocales de toute beauté, lorsque BEGGS se joint à YOUNG notamment sur "At The End Of The World", c’est le pied total.
Après ce titre on est déjà béat d’admiration devant tant de talent, mais il reste encore le morceau clôturant l’album "Caroussel" qui va finir par nous clouer au mur par sa grande inventivité.
L’intro de guitare semble venir de Steve HACKETT et on y retrouve de très beaux passages de flute, c’est très certainement le titre le plus ambitieux de l’album, j’y ai trouvé le même plaisir et le même ravissement que lorsque j’ai découvert HAPPY THE MAN, un de mes groupes favoris.
NE PASSEZ SURTOUT PAS A COTE DE CE CHEF D’ŒUVRE, vous vous en mordriez les doigts, LIFESIGNS peut être considéré comme LE GROUPE qui marquera l’année 2013, et ce n’est que leur premier album !

Dany

5/5: *****



vendredi 25 janvier 2013

Unitopia - Covered Mirror

Unitopia - Covered Mirror (12/2012)
Unitopia est ce jeune groupe australien au parcours déjà impressionnant. Après avoir sorti un premier album More than a Dream en 2005, de façon très intimiste car auto-produit et distribué uniquement en Australie (il sera ensuite ré-édité par un label canadien en 2006 pour une distribution internationale), le groupe va directement sortir en 2008 The Garden, un double-album... faut oser. L'accueil est enthousiaste et unanime, le prog symphonique et hyper léché du groupe recueillant un grand nombre de suffrages. En 2010, Artificial installe définitivement Unitopia dans la cour des grands: l'album remporte un grand nombre de récompenses, classé dans le peloton de tête de plusieurs "album de l'année" dans de nombreux médias spécialisés. Arriver à s'imposer de telle manière en l'espace de si peu de temps n'est pas courant, surtout pour un "vrai" groupe, à l'opposé de ces super-groupes montés de toutes pièces et basés sur l'association d'individualités de gros calibres (du genre Real Madrid du rock). Rien de tel ici, Unitopia étant constitué de 7 membres, tous originaires (ou presque) d'Adelaide.
Connaître le succès et la renommée, c'est bien. Mais le plus dur vient après: confirmer et enchaîner les bons résultats, pour parler comme nos amis sportifs. Autant dire qu'on guettait avec une impatience certaine (voire une certaine impatience) ce nouvel album.
Pas la peine de faire durer le suspense: essai transformé (2 points de plus, donc, au tableau d'affichage).
Et pourtant, tout pouvait laisser penser le contraire. D'abord, il fallait succéder à Artificial: pas facile. Plus dur, le groupe n'a jamais caché qu'il s'attaquait à un album de reprises de morceaux qui les ont inspiré dans leur jeunesse (d'où le sous-titre de l'album). Humm, dans le genre casse-gueule on ne fait pas mieux: ça et les albums avec orchestre symphonique, attention les dégats ! Pas folichon donc, à première vue. Oui, mais à première vue seulement, car ce groupe a le don de transformer tout ce qu'il touche en or. En effet, l'intelligence de la démarche ("album de reprises") consiste à réaliser un concept-album dans lequel ces reprises, ou plutôt ré-interprétations, sont noyées au milieu de compositions originales, le tout à la sauce Unitopia. Une même orchestration, un même style, une même trame musicale tout au long de l'album; et toujours ce style spécifique qui mêle musique classique, jazz, rock pour obtenir cette musique si particulière et unique, reconnaissable entre mille. Les reprises, de Marillion à Genesis en passant par Yes, Led Zep, Supertramp ou les Korgis (!) sont un savant mélange de titres complets ou de medleys. On a ainsi le droit à un Easter ou un Even In the Quietest Moments dans leur "simple" intégralité, alors que le Carpet Crawlers est introduit par deux courts extraits de Selling England et de Supper's Ready. Les longues parties instrumentales sont toujours là, nous permettant d’apprécier la grande virtuosité de ces musiciens, techniquement au-dessus du lot. Le chant de Mark Trueack, d'une similitude troublante avec celui de Peter Gabriel, se fond parfaitement dans ce délice musical. Du grand art. 
L'heure et quelques minutes que dure l'album peut laisser craindre au premier abord de trouver le temps long. C'est plutôt l'inverse qui se produit... S'il est musicalement linéaire et homogène, du point de vue de l'orchestration, l'album est au contraire très varié dans les rythmes, les temps faibles succédant aux temps forts, le chant s'effaçant souvent au profit de la musique. Le tout donnant un réel concept-album dont on a du mal à décrocher dès les premières notes.
Artificial digéré, Unitopia nous revient donc avec un album du même calibre, si ce n'est meilleur. Ce groupe ne se contente plus de tutoyer les sommets, il s'y est carrément installé. Ca ne va pas être facile de les y déloger...

5/5: *****

J-Yves




mercredi 16 janvier 2013

News: reformation des Innocents

La bonne nouvelle est tombée ce mercredi 16 janvier: les Innocents se reforment, du moins ils retravaillent ensemble. Jean-Christophe Urbain et Jipé Nataf, les 2 leaders du groupe, s'étaient séparés à la toute fin des années 90, peu après la sortie de l'album "Les Innocents" (enregistré dans les studios Real World du Gab', svp), qui n'avait pas connu l'immense succès des ses prédécesseurs "Fous à Lier" et "Post Partum".

Rien de concret pour l'instant, si ce n'est qu'un album est annoncé pour le courant de l'année, ainsi que quelques concerts en duo avant l'été. 
Espérons que ces Innocents v2.0 nous délivrent de nouveau ce folk-pop "à la française", chatoyant, inspiré, à la fois gai et désabusé, et chanté en français !!

J-Yves

vendredi 11 janvier 2013

Orange Bud - Losses

Orange Bud - Losses (11/2012)
Orange Bud est un jeune groupe français. Encore ?.. Ben oui, et alors ?.. Sauf qu'eux ne viennent pas de la capitale, mais de Rhône-Alpes, du côté de Chambéry, si j'ai bien suivi. Les bases sont posées en 2008 par Thomas (guitares) et Matt (batterie), rejoints dans un deuxième temps par Clémentine au chant et Bastien à la contrebasse. Leur répertoire et leurs influences sont issus du rock et de la soul, à la manière d'un John Butler ou de Ben Harper. Pas la peine de tendre l'oreille avec application ni de la tortiller dans tous les sens pour vérifier: ça s'entend dès les premières mesures.
Orange Bud propose un folk énergique, dynamique, coloré, au groove imparable. Le rythme ralentit de temps en temps, pour installer une ambiance plus douce et plus intime. Mais c'est pour mieux rebondir et repartir sur un rythme explosif et dansant. Techniquement, c'est impressionnant. Thomas ne souffre pas la comparaison face à Butler ou Harper, son jeu de guitare est d'une précision et d'une technique remarquables, à couper le souffle. Ajoutez-y une contrebasse diabolique et une batterie/percussions groovy, et vous avez musicalement du très haut niveau. Un savant dosage dans les morceaux entre les parties chantées et les parties purement instrumentales permet d'apprécier leur grande musicalité. A ce titre, Paperplane et le morceau éponyme Losses en sont de parfaits exemples (les 2 perles de l'album, à mon goût, peut-être pour leur côté "progressif", du moins dans l'approche).

Passons maintenant au chant. Clémentine possède une présence, un charisme incontestables. Loin des chanteuses transparentes, interchangeables et fades (je ne donne pas d'exemple, on va encore dire que je suis méchant!.. mais bon, je fais un effort sur moi-même, là)... euh, je disais quoi, déjà?.. ah oui: donc loin des chanteuses fades, il y a Clémentine... et sa voix. Je vais être honnête: chez moi, c'est là que ça coince. Mettons les choses au point: je chante comme un four micro-ondes, je suis fiché et interdit d'entrée dans tous les karaokes de la région, j'ai donc zéro légitimité pour donner des leçons de chant (et de musique aussi, d'ailleurs.. j'arrive à jouer faux du tambourin, c'est dire). Plus que la voix, c'est la façon de chanter qui me pose problème. Rien à dire sur Black Soul Woman, qui tourne en boucle (avec les 2 autres titres cités plus haut), ni sur On the Coconico Road, d'une tendresse émouvante. J'ai par contre du mal avec Sunny Path, Garden's Delirium ou Emeraldest Land: je trouve le chant limite monocorde, manquant de relief et d'amplitude, et un peu trop "envahissant", dans le sens où il aurait tendance à écraser la musique, ce qui dans le cas présent est bien dommage. Rien de bien méchant, somme toute.

Pour résumer: un bon album, et un groupe qui gagne à être connu. Ses nombreux concerts devraient rapidement lui apporter la renommée qu'il mérite. Des extraits sont en écoute sur le site: http://www.noomiz.com/OrangeBud.


Enfin, dernière question, qu'on peut aussi poser au groupe précédent, In the Canopy: pourquoi, en tant que français, s'évertuer à chanter en anglais ?.. attention, ne cherchez pas la moindre allusion patriotique là-dedans !!!  Reste que le français n'est pas un frein à la reconnaissance internationale: il suffit de voir comment Lazuli est plus populaire à l'étranger qu'en France...



3/5: *****






vendredi 4 janvier 2013

In The Canopy - Never Return [EP]

In The Canopy - Never Return (12/2012)
In The Canopy, dont on a parlé ici-même pas plus tard que le mois dernier (c'est-à-dire l'année dernière... la vache, comme ça passe vite !) est un jeune groupe parisien, formé en 2009. Aïe. Je ne sais pas pourquoi, mais quand j'entends ou je lis l'expression "jeune groupe parisien", je pense immédiatement aux BB Brunes. Bon, c'est la première chronique de 2013, on sort doucement de la période des fêtes de fin d'année... allez je vais être gentil, pour une fois. Je ne dirais donc pas ce que je pense des triple-B, j'ai déjà les doigts qui saignent rien que de taper leur nom sur le clavier...

In The Canopy, pour revenir à de la vraie musique, fait dans le Art Rock. Qui est, d'après quelques dicos dispersés sur la toile, un sous-genre du rock synonyme de Rock Progressif. Ah-aaah, alors là c'est pas pareil !.. Jetons donc une oreille sur leur LP courtoisement mis à disposition dans ma boîte mail. Le live, lui (sorti en 2011) est en écoute gratuite et intégrale sur SoundCloud (https://soundcloud.com/inthecanopy/sets).

L'oreille accroche rapidement, et la deuxième oreille se joint à elle très vite pour venir apprécier ces morceaux aériens et vifs à la fois, où alternent passages doux et "musclés", dans un style et une alchimie qui donnent au groupe une signature qui lui est propre. Les guitares de Joachim et Thomas, tout comme leurs chants, se superposent, s'enchevetrent, s'entrechoquent parfois, soutenus par la basse d'Erwan. La batterie du second Thomas sait se faire douceur ou violence, suivant le climat en vigueur. Car des climats, il y en a, différents entre chaque morceau. Chacun des titres possède son ambiance, son atmosphère, sa structure, qu'on laisse s'épanouir 4 ou 5 minutes durant. On oscille entre la langueur d'un Underway et la frénésie d'un No Room For You, en passant par la béatitude d'un Never Return, qui nous met en apesanteur. Impressionnant, pour une carrière si jeune !... Car oui, ce qui impressionne chez In The Canopy, c'est qu'ils ont (déjà) leur propre style. Effectivement, on pense souvent à Radiohead, ou Divine Comedy, mais c'est par à-coups, sur certaines séquences. Mais faut pas chercher, In The Canopy fait du In The Canopy, point. Et ça, c'est la marque des (futurs) grands. 
Ceux qui me connaissent pourront confirmer: le cirage de pompe, la basse courbette, la flatterie gratuite, c'est pas le genre de la maison. En plus, les courbettes à mon âge, ça devient difficile... et puis, vous en connaissez beaucoup, vous, des marseillais (ou presque) dire du bien de parisiens ?.. hein ?.. honnêtement ?!
Redevenons sérieux deux minutes, on devrait pouvoir y arriver: on a ici du tout bon; et puis de toute façon, j'adore. Tout y est: le sens de la mélodie, la technique, l'harmonie, le chant, la voix. En jonglant entre le EP et le live, on apprécie les différences d'interprétations des mêmes titres, leurs couleurs différentes. J'arrête, ça va sembler louche. Reste que "ça" tourne en boucle sur mon lecteur mp3 depuis plusieurs jours, et que je ne m'en lasse pas. 
Et ça, c'est un signe !

Mille mercis à celui qui m'a posté ce LP dans ma boîte mail. Entre tous ces groupes "installés" qui tournent en rond, se regardant fièrement le nombril en faisant du sur-place, et ces autres qui innovent et font souffler un vent nouveau, mon choix est vite fait.  Place à la relève !

5/5: *****

J-Yves