samedi 21 mars 2015

Slug Comparison - Slug Comparison

Slug Comparison - Slug Comparison (10/2014)
Slug Comparison est le projet solo du guitariste/chanteur du groupe Fen, Doug Harrison. Né à la toute fin des années '90 (en 1998) à Nelson en Colombie-Britannique (Canada), le groupe propose un metal progressif sombre, dans la lignée de ce que propose Opeth, voire le Pain of Salvation des débuts. Peu prolifique, le groupe n'a sorti que 5 albums en plus de 15 ans de carrière, dont Trails Out of Gloom (2010) reste celui qui a connu le plus de succès. C'est peut-être cette discographie limitée qui a poussé Doug à se lancer dans l'aventure solo... d'autant plus qu'il présente lui-même ce Slug Comparison comme la "Part 2" de Trails Out of Gloom, et qu'il est entouré pour l'occasion du batteur et du bassiste de Fen. On reste donc en terrain connu. Et pour l'ambiance, on continuera de parler de metal progressif, avec quelques pincées de doom et une cuillerée de dark. Assez noir, pour résumer.
Sur le contenu, dont Doug réalise textes et musiques, on note tout de suite le format court des morceaux: entre 3 et 4 minutes maxi, sauf pour Long Live the Night, "longue" pièce de 8 minutes, aux riffs lourds Black Sabbath-esques. Çà fait cliché, mais nous avons réellement affaire ici à la pièce maîtresse de l'album, parce que tout y est: la longue et lente montée en puissance, le changement d'ambiance à mi-parcours, l'alternance entre partie chantée et instrumentale, et pour finir un solo de guitare magistral, à tomber par terre. Les autres titres ne sont pas en reste, mais soutiennent difficilement la comparaison; Summer '99 s'en approche, alors que Short of Hell et Evil Walks, malgré leurs 3 petites minutes respectives, réussissent à donner l'illusion de durer deux fois plus longtemps par leurs structures à géométrie variable. Pour imager, on dira que Doug fait en 4 minutes ce qu'un Haken ou un Pain of Salvation font en 8 ou 10 minutes. L'atterrissage s'effectue tout en douceur, avec les belles ballades que sont Something to Bear et Common Room
Mais s'il est bien une chose que l'on retient avant tout de ce Slug Comparison, c'est la Voix. Avec un V majuscule. Une voix à la fois douce et puissante, chaude et aiguë, profonde et aérienne, bref d'un registre incroyable. Une voix similaire à Matt Quayle (Breaking Orbit), du moins sur les passages puissants. On reste impressionnés par tant de prouesses vocales.
Enfin, il faut aussi noter le geste de l'artiste avec le produit d'une partie des ventes de l'album: elle est reversée à l'organisation War Child, qui a pour but de donner accès à l'éducation aux enfants dont les communautés sont affectées par la guerre. Inutile de dire qu'à ce niveau-là, hélas, c'est pas le boulot qui manque !

Un excellent album, d'accès somme toute facile, agréable à l'écoute, et dont l'aspect metal progressif sombre ne devrait pas rebuter les oreilles sensibles, tant la variété des titres, la diversité des ambiances, leur format court et surtout la performance vocale en font une très belle découverte.

Album en écoute sur bandcamp: https://slugcomparison.bandcamp.com

www.slugcomparison.com


4/5: *****



J-Yves



Slug Comparison
1. Bringer of Doom (4:08)
2. You've Seen Me (3:46)
3. Summer '99 (4:21)
4. Short of Hell (3:18)
5. Evil Walks (3:12)
6. Long Live the Night (8:35)
7. In the Dark with Divinity (3:45)
8. Something to Bear (5:35)
9. Common Room (4:09)


Musiciens
Doug Harrison: vocals, guitar, piano, synth programming, bass on tracks 1, 2, 5 
Randall Stoll: drums on tracks 2-8 
Mike Southworth: production, mixing, programming, additional drums on track 1 
Mike Young: bass on tracks 3, 6-9 
Tatyana Dobrowolski: additional vocals on track 6 





mercredi 18 mars 2015

Prog'Sud 2015


Comme tous les ans depuis maintenant 16 ans, le festival Prog'Sud aura lieu pendant l'Ascension, du 14 au 16 mai. Encore une belle affiche qui promet 3 bien belles soirées.

On a hâte d'y être...





mardi 10 mars 2015

Dream Factory - Dream Factory EP

Dream Factory - Dream Factory EP (11/2014)
Dream Factory est un jeune groupe de la région parisienne, formé à la fin des années 2000. Après le passage (presque) obligé de la scène, ils décident de s'auto-produire et sortent, en novembre dernier, leur premier EP de 4 titres.
Au niveau musical, ils se revendiquent influencés par les musiques progressives et le jazz-rock. Et si on veut bien les croire, il faut admettre qu'il faut creuser un peu pour trouver la face progressive du groupe, du moins sur les morceaux présents sur cet EP. Respectant le format court, couplet-refrain, on est beaucoup plus proche de la pop, voire même en plein dedans. Une pop fraîche, parfois dansante, agréable, aux instrumentations riches et aux arrangements précis. Tel ce Bright Day, avec sa rythmique qui lui donne, dans sa première partie, un petit côté Rosanna (Toto). Looking for the Flame est beaucoup plus funky, quand Money Money reste la pièce la plus intéressante pour son orientation et sa rythmique jazz-rock. 
Le chant en duo masculin/féminin apporte sa part de légèreté, et une petite touche d'insouciance bienvenue.
Un court EP, un peu trop court peut-être... On sent un réel potentiel dans cette usine à rêve, mais on sent aussi que le groupe cherche sa voie, à la croisée de la pop, du jazz-rock et du funk. A l'image de A Million Dreams, on ressent pas mal de retenue, une certaine absence de prise de risque, qui donne une couleur pastel à l'ensemble quand on imagine facilement qu'il pourrait être beaucoup plus flamboyant.
Mais ce qui est sûr, c'est que Dream Factory est un groupe à suivre. Et nous le suivrons.

Album en écoute sur dreamfactorymusic.bandcamp 



J-Yves

3/5: *****







Dream Factory EP
1. Bright Day (04:44)
2. Looking for the Flame (04:02)
3. A Million Dreams(03:53)
4. Money Money (03:52)

Dream Factory
Céline Demortain: vocals, guitars 
Grégoire Laude: vocals, keyboards 
Kaspar Jalily: guitars 
Christophe Cochon: bass 
Bruno Gadiot: drums 

dimanche 22 février 2015

Metro Expo - Metro Expo 1

Metro Expo - Metro Expo 1 (02/2015)
Derrière le projet Metro Expo se cache le multi-instrumentiste belge (basé à Liège) Fred Marcoty. Après avoir pas mal roulé sa bosse musicale depuis plus de 20 ans, il se lance aujourd'hui dans l'aventure en mode solitaire: il a entièrement réalisé ce concept-album tout seul, ou presque. 
Hein, pardon ?...
Ah oui, j'ai dit un gros mot: concept-album. Bon, mais c'est pas une raison pour partir en courant, non plus. Parce que non, "concept-album" n'est pas synonyme de lourdeur, prétention, pavé indigeste, mégalomanie, et j'en passe... un concept-album est un album où tous les morceaux sont liés par un (ou plusieurs) thème(s) commun(s), qui raconte une histoire. Point.
Dans le cas présent, Metro Expo 1 est l'histoire d'un adolescent qui pense être malade, dérangé, mais qui est simplement en train de devenir adulte. Les 10 titres de l'album sont autant de dialogues "internes" entre le jeune homme et son esprit (sa "maladie"). On y retrouve les thèmes de la solitude, de la timidité, du rejet de la réalité, pour atteindre au final l'acceptation du passage à l'âge adulte.
Voilà pour le contexte.
Au niveau de l'homme, Fred est un discret, qui ne se livre qu'au travers d'interviews qu'il faut dénicher sur la toile. Affichant clairement ses influences "progressives" (Pink Floyd, Genesis, Yes, Deep Purple, Magma, Talk Talk) mais aussi classiques (Wagner, Puccini), il préfère rester en retrait et mettre en avant le projet Metro Expo, alors qu'il en est le seul et unique membre !
A l'instar de ces personnes capables à elles seules de bâtir une maison du sol au plafond, Fred a écrit, composé, interprété (c'est-à-dire joué tous les instruments !), mixé et produit ce Metro Expo 1. J'ai un grand respect pour tous les musiciens, chanteurs, compositeurs, moi qui suis incapable d'aligner 3 accords de guitare, de lire la partition d'Au Clair de la Lune ou de chanter juste un peu mieux qu'Assurancetourix. Mais pour les auteurs-compositeurs-interprètes-producteurs (quelque soit leur genre musical), ce n'est plus du respect, c'est de l'admiration !.. 
Bon, c'est bien beau tout ça, mais musicalement, ça donne quoi ?
Et bien, ça donne pas mal. Pas mal du tout, même. 
En tant que musicien, Fred s'est frotté à différents styles musicaux, et cela s'entend. Il nous propose ici un album finalement très américain, utilisant une large palette de styles US. En ouverture, What is Going On commence sur une loop très trip-hop, qui laisse la place à un riff de guitare torturée, qui lorgnerait vers du Pearl Jam ou du Red Hot Chili Peppers. Même riff torturé sur You've Stolen Millions, si ce n'est la 2ème partie du morceau, plutôt jazz-rock avec la mise en avant d'une trompette du plus bel effet. Petit détour par le jazz Nouvelle-Orléans (While You Look Away), précédé d'un Out of Sight très bluesy. Mais la tonalité la plus marquante, celle qui trotte dans la tête en fin d'écoute, reste ce côté mariachi, tex-mex, qu'on retrouve sur Waiting for a War, Come to Me, et The Swan Lullaby, qu'on jurerait interprétés par Calexico ou Willie De Ville. Il y a dans cette façon de mixer les styles, de les enchevêtrer les uns dans les autres pour aboutir à un ensemble cohérent, une démarche progressive certaine.
Pas de démonstrations techniques, d'effets de manches ni d'esbrouffe: les arrangements sont sobres, ce qui ne veut pas dire "pauvres". Comme ces footballeurs qui jouent "juste", à une ou deux touches de balle, qui ne ralentissent pas le jeu mais au contraire le fluidifie, Fred joue "juste": pas de superflu, ni de trop-plein, mais priorité à l'efficacité. Fred joue à une touche de balle.
En une heure d'écoute (durée de l'album) on est loin de s'ennuyer. Et si l'abord est facile, il faut remettre plusieurs fois le couvert pour apprécier la profondeur des morceaux proposés. On pourrait croire que la multiplicité des styles est une preuve du manque de personnalité de l'artiste, de sa difficulté à trouver sa propre identité. Pour ma part, je penche plutôt dans le sens où, ici, la forme accompagne parfaitement le fond: les tourments intérieurs ne sont jamais monocolores ou monochromes. Quoi de plus juste, alors, que de les représenter sous formes multiples ?
Il faut aussi souligner la capacité de Fred à se fondre dans le style choisit, vocalement parlant. Sa capacité à alterner voix rauque à la Joe Cocker, ou chaude à la Eddie Weber, sur les parties "rock", et voix pure et claire sur les parties hispanisantes (on croit réellement entendre Wille De Ville !) est remarquable. A se demander s'il s'agit bien de la même personne qui chante.

Metro Expo 1 est un album qui mérite l'écoute à plus d'un titre: pour sa diversité, son éclectisme et la performance de son unique interprète. Et par le fait que son intitulé sous-entend implicitement qu'il y aura une suite. On en salive par avance !...



http://www.metroexpo.sitew.be/




J-Yves


4/5: *****







Metro Expo 1
1. What Is Going on? (7:24)
2. You've Stolen Millions (5:58)
3. Waiting for a War (4:36)
4. Out of Sight (4:03)
5. Nothing Here's Real (6:48)
6. Come to Me (5:37)
7. While You Look Away (4:00)
8. The Shore (6:05)
9. Inertia (4:55)
10. The Swan Lullaby (6:58)

Written, mixed & produced by Fred Marcoty @ MDB Studio.
All vocals & instruments performed by Fred Marcoty

samedi 14 février 2015

Futsu - Body Island

Futsu - Body Island (01/2015)
Restons dans le rock festif. J'avoue: j'ai une certaine préférence naturelle pour les ambiances sombres, noires, froides et obscures. Inutile de me demander pourquoi, je n'en sais rien. Peut-être parce que dès l'adolescence, j'ai été irrésistiblement attiré par The Dark Side of the Moon. Et que ça continue encore et toujours... Et puis, certainement à tort, je ne trouve pas dans le "festif" la même sincérité ni la même implication que dans le "dark". Le festif est superficiel quand la douleur est sincère. On a, bien évidemment, largement le droit de ne pas partager cet avis.
Pourquoi ce petit préambule ?
Eh bien parce qu'en l'espace de 2 albums, cette belle certitude vient de se prendre une méchante claque. Très méchante. Aussi bien le Funkloric Trip des Cool Cavemen (chronique précédente, à lire ici) que ce Body Island des Futsu m'ont fait revoir cette opinion. Voici pourquoi.
Tout d'abord, Futsu: localisé sur Paris, le groupe se compose de musiciens issus de pays et d'horizons musicaux aussi différents les uns que les autres. Fondé en 2012 par l'auteur-compositeur-interprète-australien Mike Marques, très vite rejoint par Julien, Thomas, Melissa, Cécile et Dave, le groupe va multiplier les concerts entre Paris et Londres, puis, en 2014, lancer une campagne de financement participatif pour enregistrer leur premier album, ce Body Island sorti le 15 janvier dernier. Une tournée en France et en Europe est annoncée pour promouvoir l'objet.
Musicalement, on oscille entre la pop sautillante des années 60' et le rock indie d'aujourd'hui. Dans l'univers musical de Futsu, on retrouve la fougue des premiers Arcade Fire (Mechanical Bride), l'insouciance et la désinvolture des Talking Heads (Body Island Body Shapes, Mind Over Matter), le sens des harmonies vocales et des mélodies des New Pornographers (In Descending Circles, Summer Bones), et au niveau du chant, on pense souvent à Cold War Kids (Gift Horse). 
Les morceaux, tous signés Mike (texte et musique), sont condensés, aucun ne dépassant les 4 minutes; ce qui en fait un album court, peinant à atteindre les 40 minutes. Au départ tonique, frais et entraînant, le rythme se ralentit peu après la mi-parcours, à partir de Sand & Noise, pour finir par un Falling Up lent et lancinant. C'est dommage, dans le sens où le point fort de Futsu est justement le dynamisme, le pétillant et le peps qu'ils savent insuffler à leurs morceaux, et que cela transpire la sincérité et la foi. Comme quoi, oui, on peut être festif et sincère. En tout cas, Futsu en est un parfait exemple. Et à l'opposé, c'est lorsque le groupe s'essaie à l'émotion que ça fonctionne nettement moins bien: Sand & Noise et Falling Up, au regard des autres titres, sont tièdes et semblent "surjoués", à contre-courant. Comme s'ils ne faisaient pas partie de l'ADN du groupe, des titres contre nature en quelque sorte... Une baisse de régime qu'on se surprend à regretter, tant on avait jusque là fortement apprécié le rythme soutenu proposé dès l'entame, et qu'on avait plaisir à suivre. 
Musicalement riche et varié, agréable à l'écoute, on se laisse facilement entraîner par la douce insouciance de cet album, un peu comme, gamin, on se laissait tenter à sauter pieds joints dans les flaques d'eau. 

C'est pas tout, mais cet excès de joie de vivre m'a épuisé... allez vite, retourner aux fondamentaux: un petit Last Goodbye d'Anathema fera très bien l'affaire.



J-Yves

3/5: *****


Site web: futsu.fr





Body Island:
1. Body Island Body Shapes (3:32)
2. Mechanical Bride (3:22)
3. In Descending Circles (3:01)
4. Gift Horse (4:13)
5. Summer Bones (4:01)
6. Sand & Noise (3:53)
7. Mind Over Matter (3:29)
8. Shadowboxing (4:11)
9. She The Bodies (3:25)
10. Falling Up (4:03)


Futsu 
Mike Marques: chant, clavier, guitare acoustique
Julien De Rango: guitares
Thomas Robin: basse, accordéon, piano
Mélissa Tong Boumesbah: violon
Cécile Mirtin: chant
Dave Euphrasie: batterie



samedi 7 février 2015

Cool Cavemen - Funkloric Trip

Cool Cavemen - Funkloric Trip (11/2014)
Vous souvenez-vous de la dernière fois où vous vous êtes retrouvé complètement ahuri, scotché, hébété ?.. les yeux ronds grands ouverts comme une chouette, les sourcils au sommet du crâne et la bouche bée laissant filer un "Mais kesse-ke-cé que ce truuuuc ?!..". Un peu à l'image de ce cinéphile qui ne fréquente que des salles Art et Essai, ne regarde que des films iraniens, coréens ou ouzbeks et qui tombe malencontreusement sur un Ace Ventura ou un RRRrrr !... ou un abonné du Monde Diplomatique qui se retrouve avec l'anthologie des blagues de Toto ou un magazine de Death Metal dans les mains...
Personnellement, la dernière fois s'est produite il y a 3 semaines, juste après avoir branché le lecteur mp3 sur la chaîne hi-fi et lancé ce Funkloric Trip. Au bout de 10 minutes, ma femme a poussé un gros soupir. Au bout de 20 minutes, elle s'est barrée s'inscrire à un club de yoga transcendantal pratiquant la méditation par les pieds. Quelques instants après les flics sont venus m'embarquer suite à une plainte des voisins pour nuisance sonore, mentale et psychique. C'est con, je n'avais écouté que la moitié des 19 morceaux de l'album...
En rentrant du commissariat, je jurais (mais un peu tard) qu'on ne m'y reprendrais plus. Je décidais alors d'écouter la chose au casque, de façon à être tranquille. 
Et tranquille je fus.
Lorsque je repris connaissance, je m'éveillais dans l'air idéal, le paradis clair d'une chambre d'hôpital. L'infirmière était un ange et ses yeux étaient verts. Comme elle m'a sourit, attention : mais qu'est-ce que je fous là ?!.. On m'informa que je venais de passer 3 jours dans le service psychiatrique de la Timone, à Marseille, suite à une crise de delirium aiguë. Ah oui, quand même...
Je vous aurais donc averti: ce disque rend fou !

Les Cool Cavemen sont originaires de la Vallée de la Scarpe, dans le Nord-Pas-de-Calais (le 5-9, pour les wesh). En France, donc. Ils viennent de fêter leurs 10 ans d'ancienneté (3 albums et 3 EPs au compteur, plus une tripotée de concerts). S'ils avaient opté pour la langue maternelle, ils se nommeraient "Les Hommes des Cavernes Décontractés" ou encore "Les Troglodytes Détendus". Finalement, l'anglais, c'est pas mal...
Définir leur style de musique équivaut à battre le record du monde du saut à la perche avec une canne à pêche, ou montrer ses fesses à l'équipe des All Black pendant qu'ils font leur haka. C'est faisable, mais c'est pas simple.
Disons qu'il s'agit d'un mix entre rock, metal, fusion, jazz, funk. Et encore, je résume. Ça part dans tous les sens, c'est débridé et déjanté à souhait. Bref, c'est déconnant. Mais surtout, c'est complètement loufoque.
Comme l'écureuil de Tex Avery. Comme Roger Rabbit
Fou, mais dans le bon sens du terme. De cette folie qui fait du bien, qui régénère, qui donne la patate. Une folie communicative.
Cet album n'est pas un album de musique comme les autres. C'est une arme sonore de destruction massive. 
L'idée de ce concept-album étant d'emmener l'auditeur en voyage autour du monde en 19 étapes, pendant 80 minutes (oui, 1 heure 20 !!) on en prend plein les oreilles. Et c'est peu de le dire. Parce que les gars, non contents d'alterner riffs puissants punk-rock, percussions sud-américaines, banjo country, big-band de jazz ou flûte vietnamienne, alternent aussi des textes en français, anglais, italien et polonais !  
Mais, et c'est peut-être le plus important, derrière cette déconnade générale il y a une technique certaine et beaucoup de rigueur. Non les Cool Cavemen ne sont pas qu'une joyeuse bande de guignols. Ce sont avant tout de sacrés musiciens et leurs compositions, ultra variées (c'est peu de le dire) sont ultra chiadées et travaillées, avec de-ci de-là quelques refrains bien entraînants. Les oreilles progressives y trouveront leur compte. On est proche ici des délires du grand Zappa, l'esprit paillard purement français en plus (ah, ce Killian & Kevin, mortel !...). Beaucoup de travail aussi au niveau de la production, où un mur sonore d'une puissance significative vous enveloppe sans vous assommer. Là, ce sont les oreilles métalleuses qui prendront leur pied, car oui, les oreilles ont des pieds !
Enfin, non contents d'être dingues et talentueux, les Cool Cavemen sont aussi généreux: leurs albums sont téléchargeables gratuitement et légalement sur la plateforme jalendo, car le groupe se fait fort de défendre la culture du "libre". Ce qui ne les empêche pas de proposer ces mêmes albums à la vente, entre autre sur bandcamp.

Ces gars m'ont plu parce qu'ils m'ont fait marrer, m'ont filé la pêche, et parce que leur humour et leur dérision sont sincères et naturelles. Rien de chimique ou d'artificiel, que du naturel, et ça se sent (enfin, ça s'entend, surtout !). Mais aussi parce que ces excellents musiciens proposent des compos qui tiennent (largement) la route. En live, nul doute qu'ils doivent casser la baraque.

Je vous conseille fortement d'en prendre une dose, vous ne le regretterez pas. Surtout si l'infirmière a des yeux verts.



J-Yyyyyyyyyves


4/5: *****








Funkloric Trip

1. Intro (0:38)
2. Belgique mon Namurrr (3:48)
3. Nichrome (4:11)
4. Style 59 (6:04)
5. Smack Fast that Fat Snack (4:12)
6. Drunk Dream (4:13)
7. Killian & Kevin (3:25)
8. Mulherão (4:15)
9. Paname & Ricain (4:05)
10. Primitiv Man (3:47)
11. Buffalophil (5:36)
12. Secret Agents Can Surf (4:27)
13. Speedy Fonkales (3:11)
14. A380Kg (3:47)
15. Everybody Spank (3:30)
16. Mozart est là (4:17)
17. Slide to Hell (5:22)
18. Lost in Translation (4:42)
19. Polka Vodka (2:42)



Cool Cavemen
Vince: chanteur paradoxal
Steve Canett: guitariste akrobatique
Tomasito: saxophoniste percutant
Dam: guitareux stakhanoviste
Raph: bassiste biodégradable
Guiguit’: bassiste slapetant
Tomasson Jean-klouski: batteux infra-galactique